Genre : Doom / Gothic / Stoner
Pays : Italie
Label : Go Down Records
Date de sortie : 06.09.24
Au gré des années et des découvertes musicales, les Italiens se sont révélés être souvent auteurs de projets vraiment sympathiques, et souvent très qualitatifs, dans une multitude de genres. Autant de pépites tristement enfouies dans la masse, toujours plus grosse et faisant toujours la part belle aux formations anglo-saxonnes au détriment du reste. On doute malheureusement qu’A Forest Mighty Black inverse la tendance, surtout en prenant autant de temps entre leurs sorties (sept ans depuis leur précédent album, dix ans depuis leur premier EP…). Un vrai tort évidemment, tant ils parviennent à cocher beaucoup de très bonnes cases.
Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la musique du groupe. C’est groovy, c’est moody, c’est fuzzy ! Mais ce n’est pas si âpre ou macabre que la pochette ou le titre de l’album ne laisserait le suggérer… même si certains titres comme "Grave Digger" déploie des paroles plutôt sombres, offrant une poésie morose ne basculant jamais dans l’outrancier ou le glauque. Les riffs sont régulièrement acides, bardés d’effets, rappelant donc le fuzz rock. Les titres jouent à fond la carte de l’atmosphère, ressemblant le plus souvent à la bande-son d’un univers décharné, désincarné et déprimant. En atteste l’écrin noir que représente "Ocean Beats" par exemple. Le chant, même lorsqu’il décrit des scènes froides et funestes, ne se risque jamais aux hurlements, et préfère la douceur semblant résignée. En ce sens, les titres plus longs rappellent un peu le post-rock, la voix en plus. Les instruments sur "Ocean Beats" prennent toutefois une tournure plus noire et râpeuse en fin de parcours, comme pour illustrer la lente progression vers la décadence.
"The Gambler" et son duo de voix est un poil moins lugubre, et propose plutôt un titre planant et calme, avec juste ce qu’il faut de peps et de douceur, même avec une guitare saturée crachant ses poumons. Pour un résultat tout de même plus langoureux qu’abrasif. "Mantra Chant" est par contre plus énervée, l’un des seuls morceaux où la voix s’élève un peu pour accompagner des riffs toujours bien lourds et dégoulinants. Les effets se greffent aussi au chant cette fois, le rendant lointain et caverneux, mettant sur l’instru sur le devant de la scène. "The Night The Stars Went Off" est un autre spécimen intéressant, à la fois très beau et usant de quelques rythmiques orientales pour poser une ambiance encore différente, fleurant bon le voyage et l’introspection. Il fait pleinement usage de ses six minutes et demie, pour nous invitant vers une aventure spirituelle, minimaliste et reposante.
On vous laisse le plaisir de découvrir le reste. Mais partez sans crainte : le groupe n’a pas chômé depuis l’album précédent. On espère secrètement qu’il ne faudra pas sept années de plus pour avoir un troisième opus… Mais quoiqu’il en soit, ils viennent de sortir un petit bijou riche en ambiance, et facile d’accès malgré ses aspérités. Sonores plus que qualitatives, on précise !