Genre : Fuzz Garage
Pays : Italie
Label : Go Down Records
Date de sortie : 30.06.23
Dans ma quête de bizarreries sonores, il m’arrive souvent de me ruer sur les groupes aux genres les plus nébuleux. Peut-être que, comme moi, vous ne saviez pas vraiment ce que "fuzz rock" pouvait bien signifier… Alors que, comme moi, vous connaissez sûrement de nombreux exemples d’artistes œuvrant dans ce genre. La promo évoque "Arctic Monkeys", "The Black Keys", "Jack White"… Et les dix titres de ce premier opus, avec leur chant masqué d’effets, menant la danse sur chacun des morceaux… Mais leur guitare distordue, ces rythmes qui groovent… Oui assurément, même si vous êtes incapables de réellement définir le fuzz, vous savez ce qu’est le fuzz.
Le duo italien (et non pas français !) déboule d’un peu nulle part avec une esthétique léchée et étonnante, à la fois glamour et érotique, mais aussi flashy et étrange. Leurs atours combinent glam et BDSM, avec des oreilles de chat sur leurs cagoules pour compléter ces accoutrements bigarrés. Un choix qui peut paraître étonnant vu la musique qu’ils nous proposent. Tout est à rechercher dans les paroles, naturellement… avec des titres titillant notre prude imagination comme "Dance Into The Void", "Do You Mind" ou le plus équivoque "What A Pleasure !". L’ensemble de l’album a le pas lourd, un côté quelque peu minimaliste et une guitare tantôt abrasive ("Follow Me" et "Do You Mind"), tantôt plus doucereuse ("Unfair" ou "Shake It"). La batterie se contente le plus souvent de battre la mesure, de rajouter un peu de corps à l’ensemble. Citons néanmoins "Fortress Of Solitude" ou "Just A Monday" comme fleurons de ce premier jet, leur rythme entraînant nous décochant quelques hochements de tête mérités.
On pardonnera volontiers quelques écueils à un premier album, réalisé par un duo fantasque et original. Il nous faut néanmoins les souligner. Il faut bien le dire, malgré que cet opus ne compte "que" dix titres (dont plus de la moitié ne dépasse pas les trois minutes), la formule est un peu répétitive, ce qui est rendu d’autant plus évident que la musique reste plutôt épurée, effets mis à part. Cela termine inlassablement par une sorte de fusion arbitraire des pourtant multiples titres, semblant tous sortir d’un même moule. En réponse directe à ce constat : il aurait été agréable d’avoir un ou deux pétages de plomb, des titres vraiment nerveux poussant les effets au max et la cadence quelques crans au-dessus. "Just A Monday" est celle qui s’en rapproche le plus, mais elle reste bien pataude, manquant cruellement de quelques BPM pour nous asséner le coup de poing que l’on en vient presque à réclamer. Dommage.
Au final, on est presque triste d’épingler de la sorte le travail de nos deux Animaux Formidables. Ils possèdent des bases intéressantes, et un look qui fonctionne toujours, même si acoquiner BDSM et musique n’a plus rien de très transgressif. On attend juste un soupçon d’énergie en plus pour la suite, et pourquoi pas l’arrivée d’un troisième comparse pour étoffer leur panel de sonorités…