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Ale

ANVIL - One And Only


Genre : Heavy Metal

Pays : Canada

Label : AFM Records

Date de sortie : 28.06.2024

 

Anvil est un vrai cas d’étude. Ils sont canadiens d’une part, et à moins d’être un fan aguerri, il est probable que le nombre de groupes issus du Great White North connus du metalleux se limitent à eux, Voivod et Exciter. D’autre part, ils sont également de véritables pionniers, actifs depuis 1978 sans discontinuité. On ne parle pas ici du groupe des 80s reformé après une (voire deux… ou trois) décennie, motivé par on ne sait pas bien quoi, si ce n’est le parfum de la nostalgie. Anvil a toujours été là, fort de vingt albums depuis "Hard ‘n’ Heavy" en 1981, jusqu’à "One And Only", en 2024 donc. Et malgré tout, Anvil se montre plutôt discret lorsque la question des grands groupes de Heavy est posée sur la table. On citera volontiers Judas Priest, Black Sabbath et Iron Maiden. Saxon, Motörhead ou Accept. Mais Anvil ? Ils sont restés nébuleux, tout en inspirant d’autres groupes devenus plus connus, et tout en n’abandonnant jamais leurs instruments. Et s’il est peu probable que ce vingtième album change enfin la donne, il représente la parfaite illustration de leur ténacité. Qu’en dire ?

"Désolant", ce serait malheureusement le terme le plus approprié pour qualifier ce nouvel opus. Il n’est pas seulement ronflant et un poil cliché comme de nombreux albums modernes de groupes classiques. On pardonne volontiers quelques facilités ou convenances de la part d’un album sortant aussi tard dans la discographie et carrière d’un groupe actif depuis les quasis tout-débuts de son genre de prédilection. On excuse volontiers des chansons plus quelconques lorsque l’on dépasse la centaine de titres à son actif, pourvu qu’elles soient au moins fun, sincères et efficaces. Mais même ça, ce strict minimum qui sauve bien des albums de fin de carrière, Anvil a refusé de nous le donner. Les titres se ressemblent tous, et se classent en deux petites catégories : grosso modo la power ballad avec "Truth Is Dying" et "Heartbroken"… et le reste, avec des titres un peu plus péchus comme "Fight For Your Rights" ou "Dead Man Shoes" pour pimenter un peu cette sélection fade au possible. Les refrains ne sont pas "simples et efficaces", faciles à mémoriser et galvanisants. Ils sont presque honteusement fainéants, se limitant souvent non pas à un chorus, mais à trois ou quatre mots répétés jusqu’à plus soif. Et ne parlons même pas des textes eux-mêmes… Ils alternent entre poncifs vus et re-re-revus (la rage juvénile ou le rock et ses belles valeurs… on soupçonnerait presque "Rocking The World" d’être une parodie tant le titre est niais), et paroles pseudo-engagées inoffensives, collant à Anvil, bien malgré eux, la sale étiquette de boomers. On ne remerciera donc pas "Truth Is Dying" ni "Condemned Liberty".

Que s’est-il passé ? A en croire une récente interview, Lips (chanteur, guitariste et co-fondateur du groupe) ne trouve plus ni plaisir ni motivation à l’idée d’enregistrer de la nouvelle matière pour Anvil… Ce que l’on peut comprendre, compte tenu de l’histoire plus que rocailleuse de la formation, faite de beaucoup de moments durs, financièrement notamment. Mais aucune explication en coulisses ne peut justifier ce résultat d’un ennui mortel. Rien n’est tenté, rien ne sort du lot, rien ne tente d’une quelconque façon de sauver l’album. Qu’il s’agisse d’une petite prouesse sortie de nulle part, un titre OVNI ou même juste l’envie de s’amuser… Aucun fragment, même infime, ne ressort de ce « One And Only », dont on imagine qu’il pourrait bien être le dernier opus en date du trio. Cela n’aurait rien de surprenant, et en même temps, ce serait tellement dommage…

Pour vous nettoyer le palais, et surtout vous convaincre qu’il y a quand même quelques trucs cools chez Anvil, on vous invite à sauter sur les mythiques "Pound For Pound", "Metal On Metal" et "Forged In Fire". Il y a du très chouette dessus, de quoi vous permettre de retenir le groupe et de lui offrir le respect qu’il mérite. Ces albums ont quarante ans ou presque… Alors que "One And Only" vient de sortir, et je l’ai déjà oublié.



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