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Ale

BLACKNING - Awakening Rage

Dernière mise à jour : 2 août 2023


Genre : Thrash

Pays : Brésil

Label : Black Lion Records

Date de sortie : 28/07/23

Le thrash fait partie de ces genres ancestraux désormais presque immuables. J’ai déjà eu l’occasion de longuement m’étendre sur le Heavy à ce sujet, mais avec un genre vieux de quarante ans, il n’est pas étonnant de trouver un schéma similaire. Entre groupes mythiques toujours actifs et nouveaux venus prolongeant la (les ?) flamme, le thrasheux addict a largement de quoi avoir sa dose. Les quelques excentricités du genre, s’acoquinant parfois au black ou au death, puisant un maximum dans ses racines punks ou bien misant tout sur des bridges démentiels, semblent toutes avoir été tentées. Que reste-t-il donc aujourd’hui au thrash qui serait en mesure de surprendre ses auditeurs les plus fidèles ? Je n’en ai pas la réponse. Visiblement Blackning non plus. Mais si l’on peut s’assurer d’une chose, c’est que les Brésiliens maîtrisent à la perfection le metal bien vénère. « Awakening Rage » ? Tu penses ! Pas de ballades ou de titres mid-tempo ici : on embarque pour onze titres cataclysmiques, où la pause n’est pas permise.

"Violate" ouvre le bal avec des riffs à la puissance ascendante, sonnant comme des alarmes atomiques nous offrant une dernière chance de nous mettre à l’abri. Mais il est déjà trop tard : quinze secondes après arrive la première frappe aérienne. On retrouve alors une formule classique et bordélique, entre un chant enragé et éraillé et des instruments presque cacophoniques pour nous voir disparaître sous une avalanche de violence et de terreur. Sans surprises, les thématiques elles aussi suivent un cahier des charges exemplaire : la société pue la merde, les puissants nous mentent et nous sommes prisonniers de leur emprise… Mais l’heure de la vengeance a sonné. "Greed And Lies" et "Lies That Blind" annoncent la couleur dès leur titre, de même que "Lamb To The Slaughter" ou "Insanity In Power". Un peu facile ? Sans doute, et en même temps… Est-il si étonnant de voir un renouveau du thrash depuis le milieu des années 2010, après deux décennies de vaches maigres ?

Blackning n’est pas tant en pilote automatique qu’il s’inspire du meilleur, et on croit volontiers qu’ils en ont gros sur la patate. On pourrait reprocher un manque de versatilité, avec un petit morceau plus festif. Mais cela donne un concentré de rage pure, sublimée sur le magistral et généreux "Eye For An Eye", long de presque sept minutes et déployant toute l’énergie dévastatrice du quatuor, absent depuis 2016 si ce n’est pour un timide EP. Sans compter, bien sûr, le bridge fastueux que le titre nous confère. "Awakening Rage" est un peu avare en ponts vraiment riches et marquants, mais "Eye For An Eye" met tout le monde d’accord. Le pas de marche, plus lourd et lent, de "Insanity In Power", aussi. "Unnamed Reality" ose tremper un orteil dans l’originalité, avec une basse un peu plus marquée et un sample en entrée. Loin d’être une révolution bien sûr, mais ça fait plaisir d’avoir un peu de neuf. Citons enfin "Never To Be Free", véritable cascade de pétards qui occasionneront des côtes bien bleues en concert, à n’en pas douter.

Alors c’est vrai, la (plus si) nouvelle vague de groupes thrash n’a pas encore vraiment trouvé sa propre voie, ce qui semble assez ironique en tant qu’héritiers du punk… De récents mastodontes comme Havok, Lost Society, Power Trip, Hexecutor et j’en passe proposent des albums incroyables, énervés et techniques, dont on regrettera tout juste un petit manque de fraîcheur. Blackning semble du même tonneau. Mais tant qu’il y a moyen de foutre le souk et renverser la moitié de sa bière sur ses potes… On a de quoi être content, non ?


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