Genre : Cybergrind
Pays : Etats-Unis
Label : Prosthetic Records
Date de sortie : 15.09/.2023
Pour être franc, je ne savais pas trop ce qui pouvait se cacher derrière l’appellation « cybergrind ». Apprendre qu’il s’agit d’un dérivé de grindcore ne m’aidait pas vraiment plus. Ne connaissant pas non plus le groupe du jour, c’est avec humilité que j’admets avoir choisi cette chronique purement par curiosité. La première réaction en écoutant les quelques premiers titres était plutôt innocente, mais, je l’espère, pas insultante pour Blind Equation et les autres artistes du genre : "c’est vachement rétro", "on dirait de la musique de jeu vidéo", "ah tiens, le retour de la nintendocore ??". On se raccroche souvent à ce que l’on connaît sitôt que l’on navigue en mers inconnues, et en bon fan de Master Boot Records, le lien avec le gaming était aussi facile qu’évident. Ils doivent le savoir et l’assumer, en nommant un titre "Speedrunning Life".
Il y a pourtant plus à dire de ce “Death Awaits” qu’un simple lien avec le monde du jeu vidéo. Un côté foutraque et violent, criblé d’une voix hurlante et éraillée, s’adjoint à des mélodies pour la plupart nerveuses et foutraques. Si on parle de gaming, ôtez-vous l’idée de mélodies 16-bit incontournables et enchanteresses, on reste dans de la core ! C’est rapide et décadent, sans basculer dans la noise, mais tout de même avec son lot de beats stridents et stressants, et j’entends cela de la meilleure des façons (songez aux thèmes de vieux jeux qui vous mettent la pression lors de situations désastreuses !). Curieusement, cela mènera vers d’autres liens surprenants, sans doute hasardeux plus que volontaires. Ainsi, "The Last Glimpse Of Me" évoque bien sûr des écrans d’accueil ou des moments d’accalmie de vieux JRPG, mais aussi bizarrement la cover du thème de "Cannibal Holocaust" par l’artiste italien "Arottenbit". Probablement inconscient, probablement moi qui suis à côté de la plaque… Alors on soulignera juste qu’il s’agit d’un des plus beaux titres de l’album ! Sans devenir un long fleuve tranquille, car à nouveau déchiré par ce chant torturé, il reste une parenthèse plus douce, nostalgico-mélancolique à cet album court mais intense. D’autres liens se retrouvent dans certains extraits parlés (des samples ?) qui semblent provenir de titres plutôt connus, mais que l’on ne sait pas toujours clairement nommer. Cela rajoute du corps à l’œuvre, sublimée aussi par quelques mélodies vraiment sympas et mémorables, comme sur "Choke" et sa boucle simple et entêtante, basculant presque vers le breakcore ! "Killing Me" semble tout droit sortir d’un jeu de rythme japonais sadique. "Warmth" ne vole pas sa position d’avant-dernier titre, tant il semble indiquer l’ultime sprint vers le boss final.
Les productions 16 ou 8 bits à l’ancienne sont désormais légion avec le plein essor du jeu indépendant, mais si beaucoup finissent par être un peu quelconques… Blind Equation s’en sort avec soin, proposant pas mal de rythmiques vraiment chouettes, même si presque toujours effrénées. Une belle découverte, poussant l’envie de doucement quitter la breakcore pour votre serviteur… au profit du cybergrind, why not !