Genre : Hard Rock
Pays : Etats-Unis
Label : Frontiers Music
Date de sortie : 12.04.2024
Il est quelque peu émouvant de retrouver Blue Öyster Cult pour un baroud d’honneur, alors que tout semblait indiquer que les adieux avaient déjà eu lieu. Une ribambelle de ressorties et d’albums live pour faire monter la sauce juste avant la sortie de leur premier album en 20 ans. Ledit album, "The Symbol Remains", dont le titre semblait plus ou moins subtilement suggéré qu’il serait l’ultime cadeau du groupe. Sans compter sa sélection de morceaux, dont chacun faisait écho à un album différent dans le catalogue de BÖC, comme une sorte de best-of pourtant entièrement inédit. Et puis bien sûr la tournée liée à leurs 50 ans de carrière… Un accomplissement plutôt fameux dans la carrière de n’importe quel artiste. Il n’aurait donc été guère étonnant qu’ils raccrochent enfin leurs instruments pour goûter à un peu de repos, mais c’était sans compter sur ce dernier tour de piste, constitué partiellement de fonds de tiroir. Simple bonus ? Ou un ultime cadeau pour les fans ?
La réponse, comme souvent, se situe un peu dans l’entre-deux. Fonds de tiroirs obligent, de nombreux titres arborent une couleur très rétro, retrouvée notamment dans le mythique "Agents of Fortune", avec cette vibe mi-langoureuse, mi-fantastique, un poil surnaturelle. Cela se ressent parfaitement dans les titres "Cherry" ou … "So Supernatural", au moins ils ne s’en cachent pas ! Mais l’album manque toutefois d’un poil de folie, d’un peu d’audace ou simplement de fun… La carrière de BÖC en est pourtant truffée, d’"Astronomy" à "Buck’s Boogie" en passant par "Sinful Love" ou encore "Black Blade". Le dernier album avait aussi son lot de titres surprenants, détonants et même amusants parfois, avec en vrac : "Tainted Blood", "Box In My Head", "The Alchemist" ou "Train True" ... Ce "Ghost Stories" est plus sage, plus posé, plus uniforme. De la vaste palette du groupe, il en garde les thématiques et le groove. "Soul Jive" propose ainsi un pont plutôt sympa, mais un poil court, manquant un peu du clinquant typique du sieur Dharma. Idem pour "Gun", bien qu’un peu plus généreux. "Don’t Come Running To Me" est un peu plus musclé et punchy, bien qu’il manque tout de même de l’outrance jouissive de certains titres plus grandioses.
Il y a bien une ou deux chansons qui se démarquent tout de même. "Shot In The Dark" débute avec un petit piano, et un chant presque parlé, et le titre est bien dansant ! "The Only Thing" et son tempo tout doux passe presque pour une berceuse, et rappelle un peu "Florida Man" de l’album précédent, en se montrant plus sentimental qu’humoristique. "Money Machine" apporte un peu de fraîcheur bienvenue, avec ses paroles sous-forme de récit et sa morale espiègle.
"If I Fell" enfin, surprend aussi par son minimalisme, son calme. Quelques percussions étonnantes accompagnent une guitare timide, et un duo de voix très posé, presque timide. Une fin toute en légèreté, toute en modestie, qui parle d’amour, et dépasse à peine les deux minutes… Un point final pratiquement aux antipodes de ce que l’on imaginerait d’un groupe à la carrière si longue et aux titres si créatifs et explosifs. Un adieu simple, calme, humble.
En somme, si "The Symbol Remains" aurait pu faire un formidable dernier album, synthétisant toute l’essence des cinquante années d’expérience du groupe pour proposer un album très riche et varié, le groupe a décidé de réitérer avec un album plus convenu. Un poil dommage, il est vrai… Au sein de leur entière discographie, ce "Ghost Stories" est plutôt quelconque. Mais on ne crachera pas dans la soupe alors qu’on nous sert douze ultimes gourmandises tout de même bien fichues et chouettes à écouter. Peut-être bien que ce n’est qu’un bonus après le retour triomphant proposé sur le quatorzième album. Mais comment se montrer sévère alors que tout semblait pointer vers une fin glorieuse… et qu’ils ont quand même choisi de nous donner encore un peu de rab ? Adieu l’artiste !