Les jours se suivent et ne ressemblent pas. Après un samedi de festivité au Betiz Fest avec une affiche éclectique, le dimanche sera d’une tout autre couleur. Nous retrouvons au Splendid de Lille une affiche extrême composée de STORMRULER, Ingested, Dark Funeral et CANNIBAL CORPSE. Une salle complète sous un soleil de plomb, la soirée s’annonce des plus bouillantes.
Les hostilités s’ouvrent avec STORMRULER, un jeune groupe de Black Metal américain fondé en 2019. Ils reprennent tous les gimmicks du Black Metal classique visuellement avec leurs accessoires cloutés traditionnels. Musicalement, les sonorités sont typiques du genre avec une touche plus mélodique. Cet aspect est mis en avant sans dénouer avec le côté obscur. La prestation s’alterne entre des morceaux de leur premier album “Under The Burning Eclipse” (2021) et “Sacred Rites & Black Magic” (2022). En une demi-heure, STORMRULER livre une prestation courte, dynamique et de qualité. Une belle entrée en matière à réécouter sur album afin de se plonger davantage dans leur univers.
Si la soirée commence plutôt dans une douce napée sombre, le changement d’ambiance va être brutal. Les anglais d’Ingested ne font pas dans la dentelle et sont prêts à en découdre avec leur Slam Brutal Death/Deathcore. Jason Evans assure son rôle de frontman, il harangue la foule au rythme des riffs puissants, rapides et dévastateurs avec de nombreux breakdown. Les sept morceaux défilent à une vive allure dans une violence accablante. Dès le troisième morceau “Shadows In The Time” un wall of death de grande envergure (pour une petite salle) s’abat sur une foule en délire. Tandis que les pogos et circle pit ne s’arrêtent plus durant une quarantaine de minutes. Le set se compose tel un best-of des derniers albums du groupe, une sélection au petit oignon des moreaux les plus fracassants. Une véritable communion se crée entre le groupe et le public totalement surchauffé. La brutalité est le mot parfait pour résumer le set ravageur d’Ingested.
L’atmosphère va redescendre d’un cran mais l’obscurité sera toute aussi dense avec les maîtres du Black Metal : Dark Funeral. La scène se retrouve plongée dans la pénombre et les cinq membres entrent lentement afin d'accentuer ce soupçon de pesanteur qui nous envahie. La prestation dénote par son côté statique et se concentre sur le côté théâtral qui accompagne les sonorités plombantes. Le côté mélodique est asphyxié sous les méandres. Le jeu de lumière tantôt rouge et obscur, tantôt bleu et glacial accompagne cette ambiance si particulière. Le vocaliste Heljarmadr assure son rôle de frontman par la théâtralité de son jeu de scène parfois blasphématoire. En autre, il arpente la scène sur "Nail Them To The Cross" avec un cursif inversé. Le set arrive progressivement à sa fin et nous plonge dans un univers brumeux morceau par morceau. Dark Funeral livre une prestation sombre et glaciale. Une accalmie d’une cinquantaine de minutes qui ne va pas durer très longtemps…
La température monte d’un cran a l'instant précis ou le backdrop géant de CANNIBAL CORPSE en lettre de sang se dévoile. La brutalité du Death Metal des américains va ravager la salle du Splendid pleine à craquer. Durant quatre-vingt-dix minutes, une délicate poésie va s’abattre. Les premières notes de "Scourge of Iron" résonnent face à une foule en délire prêtent à en découdre. Dès les premiers morceaux la guerre est déclarée, ça slam dans tous les sens tandis que les pogos et les circles pit sont en profusion. Corpsegrinder headbanging frénétiquement et généreusement aux rythmes des sonorités dévastatrices. Il se montre aussi bavard et se permet de vanner avec le public sans couper la frénésie. Au contraire, ces petites de pause sont les bienvenus au lieu de ce carnage. Il est difficile de décrire la violence qui s’enchaîne brutalement avec des classiques comme “Fucked With a Knife”, “Kill Or Become”, “I Cum Blood”. Les morceaux s'abattent les uns après les autres pour se conclure sur l’enchaînement "Devoured by Vermin", "A Skull Full of Maggots", "Stripped, Raped and Strangled" et "Hammer Smashed Face". La prestation est une véritable boucherie par sa brutalité et sa puissance sonore. Il est 23h quand le chaos se mure dans le silence, le public reprend doucement ses esprits tout en sueur.
Une affiche extrême et sombre dans cette douce et chaude soirée de printemps marque les esprits par la violence qui en découle. Il est appréciable de voir en ce moment des tournées avec des plateaux de 3 voir 4 groupes (voir plus) afin de raviller les esprits avant la session des festivals !