Genre : Hard rock punky
Pays : Canada
Label : AFM records
Sortie : 15.09.2023
Chroniqueur : Steve Haggis
Onzième déjà pour l’éternellement juvénile power trio canadien, et ce n’est pas encore pour cette fois que l’expérimentation sera là. Tant dans les textes que dans la musique, le leader Danko le confesse lui-même : il fait ce qu’il sait faire… Et le fait-il bien ?
Ça commence très fort avec le mid tempo heavy et burné "Guess who’s back", qui replace le frontman dans son rôle de showman arrogant et gouailleur (né sous le signe du lion, assurément !), avec une certaine ironie aussi : le voilà déjà de retour après sa dernière livraison parue il y a pile deux ans. Ce premier titre, comme plus loin "Stiff competition" et "I like it", laisse entrevoir la direction d’abord imaginée par Danko pour tout l’album : un rock saccadé et aux vocaux presque rappés, dans la lignée des classiques "Cadillac" et "Lovercall", ou plus récemment "Ship of lies". Mais… non, le groupe s’est laissé porter par son inspiration sans calcul et l’album se révèle varié, explorant les différents terrains de jeu habituels du combo : hits évidents et efficaces ("Good time", digne successeur du réussi "My little RNR"), rock mélodique et lumineux empruntant des tournures à Thin Lizzy ("Get high", "Let’s make out"), speederies teigneuses qui transpirent et saignent ("What goes around", rejeton du génial "Had enough" de 2010, en moins marquant tout de même), paroles sous la ceinture entre drague virile et déclarations d’intention rock n’roll (avec beaucoup d’autodérision, comme toujours).
Aucune ballade n’est au programme, et un sentiment d’urgence se dégage de cette musique enflammée : le sommeil reste l’ennemi de Danko Jones ! Rayon nouveautés, on notera l’intervention du guitariste d’Exciter Daniel Dekay pour un solo électrisé sur le bien nommé titre éponyme, hymne à la saturation et la déflagration sonore… parce que c’est jamais trop fort ! Un solo qui contraste d’ailleurs avec ceux de Danko au long de l’album, très simples voire simplistes, qu’on aimerait souvent un peu plus bavards. Autre particularité cette fois, la présence de chœurs sur une bonne moitié des titres, dont le dernier "Shake your city", tendu et nerveux, qui nous achève avec ses voix de vikings, nous laissant couverts de bleus.
Une bonne cuvée que celle-ci donc, malgré une impression de déjà entendu, inévitable certainement pour un groupe aussi prolifique, d’autant que le line-up (complété par John Calabrese à la basse et Rich Knox à la batterie, impeccables tous deux) comme le producteur (Eric Ratz) n’ont pas changé depuis un bail. On en retiendra surtout la triplette de morceaux centrale : l’enchaînement "Stiff competition" (refrain entêtant et chœurs exhausteurs de goût) / "She’s my baby" (rock punk de chat sauvage avec une grosse dose de fun à propos du plaisir suprême d’avoir une nana d’enfer) / "Eye for an eye" (rockabilly hard lorgnant vers les Ramones voire Volbeat, avec un refrain hoquetant qu’on a hâte de gueuler en concert) est un délice d’intensité qui représente le meilleur de ce que le trio peut proposer après plus de vingt-cinq ans de carrière. Une valeur sûre !
PS : Amie lectrice, ami lecteur, les titres des dix albums précédents de Danko Jones se sont glissés dans cette chronique, sauras-tu les retrouver ?