Genre : Punk rock
Pays : France
Label : Kicking Music
Date de sortie : 08/12/23
L'un des avantages en chroniquant des albums pour un webzine (ou tout autre média), c’est d’avoir parfois une soudaine piqûre de rappel concernant des groupes pourtant aimés, mais parfois oubliés. C’était bien le cas de Dirty Fonzy, découvert sur le tard comme leurs compatriotes d’Uncommonmenfrommars… "Les plus américains des punks français". Le premier comme le second sont apparus alors que la scène punk frenchy originelle était alors bien morte, et que le pop-punk était durablement implanté et même totalement enraciné dans la pop-culture du tournant 90s/2000s. Et Dirty Fonzy, comme UMFM, ont décidé de lever leur gros doigt et de proposer autre chose, comme une sorte de fusion. Exit les textes en français et les revendications balancées avec la force d’une enclume, et bonjour à un punk certes plus "radiophonique", plus influencé par le pop-punk en pleine effervescence à l’époque… Mais tout en gardant une patte hargneuse, des titres qui donnent envie de sauter partout, et pas mal d’humour. Vingt ans après leurs débuts, et alors qu’ils doivent beaucoup à leurs aïeux (dont certains ont fait partie intégrante du groupe d’ailleurs…), ces derniers avaient fini par totalement les éclipser à mes yeux de jeune crêteux aux goûts de vieux. Mais pour cette fois : exit les Béru, les Ludwig et autres Sheriff... On retourne écouter Dirty Fonzy parce qu’on a grave du retard.
Le groupe n’a jamais chômé en vingt ans de carrière, et cette nouvelle mouture ressemblera un peu à une simple formalité pour un fan du groupe, ou un fan de punk à l’ancienne de manière plus globale. Je reprends ma critique des Idiots et on en reste là ? Non bien sûr… C’est vrai qu’il y a plus grand-chose à défendre face à une formule si connue et maîtrisée. On ressort la carte des clichés ? Il n’y a pas une mais DEUX chansons à boire, bien péchues et fendardes, en la présence de "Beervengers" et "Drink’em All". Il y a les chansons moroses et nostalgiques, qui regrettent l’insouciance et la simplicité du passé avec "Things We’ve Never Said" et "How Many Times". Les pétards qui nous attaquent par derrière comme "Casual Day" ou "Rollercoaster". Et quelques brûlots parfois surprenants avec "Running Out Of Time" et "My Words". Force du quatuor cependant : les titres sont rarement cantonnés à une émotion unique, comme souvent dans le punk (entre autres). "Beervengers" ne manque pas de faire sourire (kung fu fighting !), mais elle est volontiers dénonciatrice tout en gardant un côté fragile… ou qui ne hurle pas en tout cas. Ou bien encore "Mindless Game", qui traduit bien le stress de la vie autant que le besoin de se raccrocher aux petites choses, celles qui comptent vraiment… alors qu’on nous pousse sans cesse à se dépasser, et à trouver el famoso "sens de la vie". Et comme les meilleurs titres punks : plutôt que de se contenter de lister l’évidence et de se morfondre… Le groupe en profite pour nous asséner une belle leçon de vie, avec un petit sourire en coin. La vie est dure, la vie est nulle… Mais y’a toujours l’espoir que ça changera. Et c’est sans doute la plus grande force de cet opus : oui, il recycle abondamment ce qui fonctionne (et comment lui en vouloir ?), mais il garde à la fois ce côté espiègle qui nous prend toujours à revers, que ce soit pour une réf ou tournure de phrase hilarante, ou un soudain changement de tempo alors qu’on croyait être en plein pilotage automatique.
Est-ce que la fainéantise de cette critique doit vous rebuter, ou vous convaincre que ce nouvel opus s’autocite à l’outrance ? Pas du tout… Elle doit avant tout vous conforter dans l’idée que le punk n’est jamais aussi bon que lorsqu’il emprunte des chemins connus. Ironique pour un genre rattachée à une idéologie briseuse de codes ! Et pourtant ça donne des bonbons nostalgiques et puissants comme ce "Full Speed Ahead". Moins craspek et rugueux que les plus vieilles têtes encore vivantes de la scène, mais appartenant déjà au passé, le pop-punk de Dirty Fonzy est suffisamment abrasif pour ne pas paraître niais, et suffisamment sincère, candide et drôle pour ne pas chauffer les oreilles du plus boomer des punks… Une formidable façon de terminer l’année 2023 avec un peu de chaleur dans le cœur, ou de commencer 2024 avec un retour à l’adolescence réconfortant. Merci les gars !