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Image de Edz Norton

DRAGONFORCE - Warp Speed Warriors

Ale


Genre : Power Metal

Pays : Royaume-Uni

Label : Napalm Records

Date de sortie : 15.03.2024

 

Je l’avoue sans rougir : le power metal m’ennuie. Disons que j’apprécie toujours la grandeur épique et volontairement un poil kitsch du genre et ses nombreux artistes talentueux. J’apprécie leurs thématiques fantastiques nous éloignant de la noirceur et la misère de bien des sous-genres de notre metal adoré. Mais après de nombreux albums chroniqués pour de précédents médias… J’ai clairement eu ma dose. Comme le thrash : le genre est désormais bien vieux, et même un poil daté, et les codes si chers au power deviennent peu à peu des clichés. Comme à chaque fois : difficile de s’en plaindre de manière très objective… Après tout, si on enlève le chant clair, les ponts endiablés et la fantasy, on n’aurait plus vraiment du power ! Mais à titre personnel en tout cas : je suis passé au-dessus du genre.

Mais Dragonforce… C’est un peu spécial. Au même titre que des mastodontes comme Blind Guardian et Helloween, ils ont su s’extirper de la grande masse pour proposer quelque chose d’un poil différent, même si d’apparence, cela peut s’apparenter à du trivial. Leur place importante dans la culture geek par exemple, qu’ils embrassent pleinement puisqu’ils en font partie eux-mêmes. La grande sympathie de Herman Li sur ses fréquents streams sur Twitch aussi. Et naturellement : leur virtuosité légendaire avec leurs instruments, prenant pleinement le dessus sur les paroles. Dragonforce est juste incroyablement cool, et un plaisir de nerd assumé comme Power Glove. Que vaut alors ce nouvel opus, hurlant sa nostalgie 80s dans nos faces alors qu’on pensait l’avoir laissée dans les années 2010 ?

On notera d’emblée la grande générosité de la galette, offrant pas moins de CINQ titres bonus (sur quatorze titres au total… c’est soulignable !) Mais concentrons-nous d’abord sur les quelques neufs titres "classiques" de l’album. On débute les hostilités avec "Astro Warrior Anthem", une cartouche incroyable longue de presque sept minutes pour servir d’apéritif. On a les caractéristiques classiques : une intro qui prend son temps, un pont démentiel avec un curieux passage presque gothique, et des vocaux qui ne perdent pas une seule fois leur dimension lyrique. Pour le coup, on ne va pas se mentir, c’est un peu classique… Mais super généreux et bien foutu quand même ! Le titre fait aussi l’objet du premier bonus, ave Nita Strauss et Matthew K. Heafy… Pas vraiment indispensable à vrai dire, la différence n’était pas tant marquée.

"Power Of The Triforce" m’évoque de nombreux projets suédois (sans blague, vu la prolifération du power là-bas), et plus particulièrement des projets à la Majestica, anciennement ReinXeed… Mais le cœur du morceau, personne ne peut vous le cacher, c’est évidemment cet hommage parfait à la saga Zelda. Pas de simple reprise ici : mais une véritable ode à la série et ses éléments les plus iconiques (Hyrule, la master sword…). Le titre n’est sans doute pas aussi enchanteur que bien des sons de la série, mais il n’en perd nullement le côté grandiose ! A nouveau, on a droit à un bonus : une version instrumentale cette fois. Elle permet de mieux se rendre compte de l’usage de sonorités comme des chœurs ou des bruits semblant sortir d’une puce audio. Mais en substance, la voix confère tout de même une énorme part de puissance au titre…

"Kingdom Of Steel" parvient par contre à vraiment surprendre pour la première fois de l’album ! Le titre semble taillé pour le live, et se veut pratiquement cinématographique. Le refrain a lui seul porte toute la chanson… Et la rend même plutôt jolie ! Mais le plus choquant, c’est sans doute le tempo largement plus mesuré du morceau… Alors que l’on connaît volontiers Dragonforce pour la vélocité démesurée de leurs titres ! "Burning Heart" vient corriger ça, avec du gros blast beat et des chœurs d’église d’entrée de jeu. Il faudra attendre pas loin de trois minutes pour pouvoir à nouveau respirer… Ils en ont encore sous le capot après 25 ans de carrière ! On embarque ensuite pour un pont généreux, allant crescendo en lorgnant vers le mélodieux pour exploser dans une casquette de riffs aux allures 8-bit, comme seul Dragonforce a le secret. A nouveau une version bonus, avec Alissa White-Gluz… La différence est de fait plus marquée pour nos petites oreilles de mélomanes en mousse : on troque le chant clair pour du growl, mais sur certains passages uniquement. On qualifiera ce bonus de légèrement plus intéressant que l’original ne serait-ce que pour casser la monotonie, en alternant les styles de chants.

"Space Marine Corp" est un autre titre incroyable et généreux. Malgré son nom, il fleure presque les vacances… tant il est lumineux et flanque le smile ! Les "marines de l’espace" sont un archétype très courant de la SF, mais crier la gloire de l’Empereur ? Cela sonne très Warhammer quand même… Le titre est hilarant, et fait plein de références à divers films de guerre. Tandis que le refrain est diablement efficace… Vous le fredonnerez longtemps ! Sans doute pas le titre le plus incroyable, mémorable ou virtuose de Dragonforce… Et pourtant sûrement mon préféré de cette galette ! Après un court interlude (ou prélude plutôt…) pour reprendre un peu son souffle, on déboule sur "The Killer Queen", qui revient un peu aux bases avec un style assez similaire à ce qu’on connaît de Dragonforce depuis leur apparition LEGENDAIRE sur Guitar Hero (fallait que je case ça quelque part, comme tout le monde…). Là encore, on a un délire kitsch/épique du style de "film de série B qui se la donne à fond". Oh et, à ce que je sache… Pas une référence à Freddie Mercury ? Mais une belle prouesse au tempo vif… très vif. Et au pont juteux, très juteux (et éreintant !)

On arrive presque à la fin de ce qui ressemble à la plus longue chronique de ma courte carrière. Mais quelle fin… "Doomsday Party" aurait PU être un final incroyable, au tempo plus mesuré, presque mécanique. Et ça donne un effet plutôt sympa ! Le chant est du même tonneau, et forme là aussi un titre qui détonne sans doute déjà en live à l’heure où je vous parle. La version bonus avec Elize Ryd est un poil moins intéressante que le même exercice avec Alissa White-Gluz, mais ça reste chouette d’entendre le titre avec une voix féminine, bien que le timbre employé et ses variations restent somme toute similaires à l’originale. "Pixel Prison" débute dans le calme, pour rapidement s’embraser et partir tout feu-tout flamme vers une ultime salve de nitro, et des sonorités rétro décuplées au centuple pour un titre qui porte tout de même "Pixel" dans son nom ! Un nouvel hymne pour les gamers acharnés ou plus occasionnels, qui se sont tous déjà perdus dans une (ou plusieurs) prisons du genre, de longues heures durant…

On achève POUR DE VRAI l’album avec une reprise…de Taylor Swift. L’artiste était absolument partout l’année dernière, pour battre record après record. Ce n’était donc guère étonnant que des reprises allaient voir le jour. Mais c’est toujours amusant lorsqu’elles naissent au sein de genres très différents des origines… Dragonforce, sans grande surprise, se réapproprie totalement le tube. Et si les paroles ne laissent pas trop de doute quant à l’origine pop du titre, le résultat marche incroyablement BIEN. La vélocité, la luminosité, la grandeur du power offre un terrain de jeu idéal pour s’accaparer la pop sucrée qui abreuve nos radios. Et on espère presque secrètement que l’exercice sera retenté par d’autres formations power metal à l’avenir… Pour enfin conclure ce pavé toutefois, on se contentera d’être bref : carton plein pour Dragonforce, qui parvient encore et toujours à s’extirper de la grande masse de groupes pour proposer du power de grande qualité, et qui parvient à s’amuser sans en devenir insipide ou racoleur. Du grand art… à l’image de leur artwork ! 




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