Genre : Power Metal
Pays : Finlande
Label : Massacre Records
Date de sortie : 16/06/23
Frozen Land est un groupe de cœur, il a une importance très personnelle pour moi pour une raison subjective au possible. Il s’agit tout simplement du tout premier groupe que j’ai eu la chance de chroniquer fin 2018, alors que j’intégrais mon tout premier media. Un groupe alors inconnu, offrant un power metal somme toute classique, mais plus qu’honnête, un peu plus costaud qu’à l’accoutumée et tout simplement plutôt chouette, même si depuis lors mon appétence pour le genre s’est grandement amoindrie. Quelle joie alors de les voir de retour, donnant l’impression de revenir à mes racines, de voir comment le groupe à évoluer, mais aussi mon oreille, mon appréciation, mon style d’écriture… J’ai l’impression de retrouver de vieux amis alors que l’on ne se connaît pas beaucoup. Le titre de l’album laisse déjà songeur face au sens qu’il faut lui attribuer : la sortie des limbes maintenant que le covid est passé ? L’album qui devrait idéalement leur faire un nom ? Peut-être un message plus personnel sur les sentiments du groupe, sur ce qu’il se passait en coulisses… Voyons si l’on peut découvrir ça ensemble, mais surtout : si ce second jet, arrivant une demi-décennie après leur premier contact, a consolidé la formule.
Je dois admettre que la première moitié de l’opus m’a quelque peu inquiété. Elle est de bonne facture bien sûr, mais somme toute assez convenue pour le genre, plutôt passe-partout pour quiconque a un jour entendu du power dans sa vie. C’était déjà le cas sur leur première galette éponyme : des premiers titres sympas mais un peu quelconques, puis un ventre très solide avec le lourd et impactant "Underworld", le véloce "The Rising" et enfin l’épique et tonitruant "Unsung Heroes". Ici, Frozen Land nous refait le coup d’un départ safe, qui prend son temps de charmer les férus du genre avant de déployer quelques torpilles maîtrisées, sans s’enfoncer dans l’exotisme le plus étrange. Tout en proposant 2-3 trouvailles sympas pour diversifier l’ensemble. "Don’t Ever Leave Me" est une power ballade qui ne bouscule pas, mais parvient à s’insérer au moment parfum pour une pause bienvenue, et timidement ouvrir la porte vers du plus audacieux. Elle est peut-être un peu niaise, mais elle fonctionne. Elle est douce et touchante. "Out Of The Dark" remplace "Unsung Heroes" avec son coffre épique et son bridge précoce et généreux. "White Lightning" est le "The Rising" avec sa guitare et sa batterie enragées, puissantes et en sprint constant. Soulignons aussi "The Northern Star" et ses six minutes et demie… Là aussi, du costaud sans parcimonie, sans retenue, pour un titre que l’on aurait imaginé clôturer l’album, et qui au final se niche pile au milieu pour un récit épique où les instruments sont rois et se déploient sans ménagement, pour une chanson grandiloquente et puissante. "The Slayer" est peut-être le morceau le plus fou et excentrique de l’ensemble, avec ses touches électroniques flirtant avec l’industriel, sans toutefois partir dans les délires les plus bruts et minimalistes des débuts, et allant plutôt vers le "tanzmetal" moderne, tout en conservant l’aura épique si chère au groupe. On se tape même un bridge sortant clairement du power strict, pour un truc plus puissant et noir… Notre "Underworld" ? Pas tant… Il propose suffisamment de neuf pour tenir sur ses deux jambes !
Et devinez quoi ? "Senorita" est dans le même esprit, il va même plus loin ! Cette drôle d’association entre indus et latino m’étonne grandement, mais elle accouche souvent de titres au minimum amusant (si pas un peu machos, il faut bien l’admettre…) C’est clairement la "party track" de la galette, et elle est diablement efficace dans ce rôle. Ils ne s’en cachent absolument pas, avec ce refrain stupidement génial, usant d’un "spenglish" débile et prônant la fête la plus débridée. Absolument pas un classique en devenir, mais malheureusement (ou pas ?) le plus mémorable de tous. Est-ce qu’on sera surpris de le voir en single ? Pas trop… Les quatre titres précédents auraient été objectivement plus méritants. Mais mettre en avant cette explosion de fun volontairement pas finaude est somme toute logique, et mérité.
J’ose espérer que mon style d’écriture, mon bagage et mes connaissances ont évoluées depuis. Vous cependant, Frozen Land, vous n’avez pas changés d’un iota… Et c’est tant mieux ! La formule est la même, elle fonctionne toujours autant, et elle permet malgré tout d’y ajouter un poil plus d’audace et de délire. Un second album comme tous devraient sans doute l’être. On espère maintenant que le troisième ne mettra plus cinq ans à ressurgir. Mais si telle est la condition pour se taper du power si jouissif… On prendra notre mal en patience !