Pays : Royaume-Uni
Genre : Heavy Prog Rock
Label : Church Road Records
Date de sortie : 20.09.24
Un deuxième album, un chouïa plus court que le précédent, mais avec le même nombre de chansons… Cela promet un opus chirurgical, qui n’a pas de temps à perdre. On n’a pas besoin d’attendre pour s’en rendre compte : dès le premier titre (intitulé "Time To Waste"… promis ce n’était pas fait exprès !), on comprend la démarche du groupe, qui avance d’un pas lourd et décidé, qui se veut répétitif au point d’atteindre l’hypnose, et qui s’accapare de quelques petits effets parcimonieux qui ne servent pas de béquilles, mais bien de la petite touche de sel qui vient élever un titre, ici en l’occurrence plutôt simple et épuré, pour lui conférer un goût un peu spécial en fin de bouche, élevant le titre plus loin encore que par son refrain pourtant doux-amer et déjà bien plaisant.
Ces effets transforment presque la formation prog en projet post-rock par moments, lorgnant davantage vers les sonorités plus éthérées de ce genre un poil plus moderne que son cousin progressif, souvent plus cosmique et distordu. Le chant rajoute encore une couche mélancolique à l’ensemble, à la fois triste et paisible à la fois. C’est encore plus évident sur la plage tutélaire de l’album, d’une profonde et fragile douceur… s’emballant que lors de rares moments, criant une rage enfouie mais rapidement étouffée. Mais le groupe se réserve quelques chouettes passages instrumentaux aussi, comme sur le (court) pont de "Use On You" par exemple, ou le final de "Silhouettes", dont nous avons déjà bien parlé. Chant et instruments unissent leurs forces (et leur coffre) sur "Halcion", mais encore plus sur l’épopée "Eraser, Obscurer", où ces deux éléments sonnent tantôt comme les sirènes de l’apocalypse, tantôt comme une douce berceuse. Et c’est précisément dans ce jeu à double-face que le groupe excelle, alternant entre poésie dramatique et soudaines montées en puissance. Et c’est d’autant plus évident sur les deux derniers titres de la galette… parmi les plus longs aussi : "So You Say" et "What It’s Worth". Leurs constructions sont similaires : un début et une fin très posés, presque envoûtants… alors que le milieu alterne sans cesse entre pics de force, où la guitare et le chant s’affirment de façon franche, créant cette progression en dents de scie, nous prenant sans cesse à revers.
Malgré ses joutes d’humeurs savamment dosées, Giant Walker parvient à être un fleuve plus ou moins tranquille, et un album en mode "promenade" qui, sent être totalement reposant, parvient malgré tout à nous ensorceler et à nous captiver dans ses méandres, pour un opus qui se savoure d’une traite, sans bien comprendre où le temps a bien pu passer…