Genre : Thrash Metal
Pays : Pays-Bas
Label : Iron Shield Records
Date de sortie : 30.09.2023
Même en tant que gros thrasheux, l’offre est bien trop pléthorique que pour tout connaître. Mais il faut admettre que même si on prend le metal dans sa globalité : il n’y a guère que Cryptosis que je suis capable de citer comme référence néerlandaise. Une bien malheureuse lacune, qu’on va s’efforcer de corriger aujourd’hui avec le cinquième EP de Grindpad.
Ce qui marque d’emblée, c’est bien évidemment la pochette de la galette : on croirait voir un improbable mix entre Kill Bill et Sharknado, avec un soupçon de sauce Yakuza en plus (le titre du disque ne laissera aucun doute…). Le thrash, et le metal en général, ne sont jamais avares en références à la pop-culture… On se souvient du "Duke Nukem Theme" de Megadeth, ou de "I Am The Law" d’Anthrax, en hommage à Judge Dredd. Mais c’est toujours sympa de voir des artistes ne pas se prendre au sérieux, et assumer leurs références. Cette pochette est à l’image des autres artworks estampillés Grindpad : moche et outrancière… Et totalement dans la vibe série B (voire Z !) Un régal donc pour le fan de films fauchés aux idées saugrenues que j’incarne.
Mais on a suffisamment encensé la charte graphique du groupe, gorgée de soleils et de squales immenses. Musicalement, ça vaut quoi ? On résumera ça comme une cartouche d’énergie bien vénère qui s’étiole aussi vite qu’elle est arrivée. Le groupe est abonné aux EPs plus qu’aux albums, ce qui confère à leur discographie un côté tranchant et puissant, avec des œuvres qui déballent leurs tripes sans avoir le temps pour les fioritures. Ici, "A.M.D." ouvre le bal et ne perd pas son temps : "All Must Die" gueulent-ils après vingt secondes à peine. Sans surprise, c’est erratique et enragé d’entrée de jeu, avec tout de même un petit break en mode "guitare/tronçonneuse"… pas mal, pour un titre de deux minutes à peine ! "Santa Cruz" arrive ensuite, la suite de "Sharkbite" sorti cinq ans auparavant. Contrairement à son prédécesseur, ce titre est plus lourd et lent, et propose un pont étonnant… donnant l’impression de se catapulter sur les plages de la Californie pour aller faire du surf ! Une astuce aussi bête qu’efficace, qui rajoute une touche mémorable à un titre sympa sans plus. On poursuit avec la plage tutélaire, le "Yakuza Finger Collector Crew", qui débute avec une simple voix de documentaire pour nous rappeler de ce qu’est un yakuza, pour rapidement partir en vrille avec perte et fracas. Les paroles nous évoquent brièvement le code d’honneur de la mafia japonaise, et toute la symbolique d’un (ou plusieurs…) doigt coupé. Pourquoi pas ! Il ne fait rien de particulièrement créatif musicalement, mais rien que parce qu’il affiche plus clairement la virtuosité du groupe, il fait sacrément plaisir… avec toutes ses variations de rythmes !
Comme pour la pochette de l’album, il suffit de poser mon regard sur le titre de "AO Godverdomme" pour éclater de rire. Juron classique des classiques chez les néerlandophones, ce serait comme tombé sur un morceau baptisé "Bordel de merde" … plutôt adéquat pour du thrash donc ! Mais le titre est plus oubliable, en dehors de ce refrain hilarant. On saluera au moins sa vélocité ! Pour clôturer le bal, on a "Gung-Ho", là aussi un titre qui présage du lourd, puissant et effréné. Pourtant on débute par… une sorte de fanfare, presque moqueuse. Qui cède vite fait sa place à un sale breakdown qui doit plonger une foule dans la folie furieuse. Ils ont clairement gardé le meilleur pour la fin : absolument TOUS les instruments jouent à corps perdu, avec une vitesse hallucinante et une puissance qui l’est tout autant. C’est colossal, à en perdre les pédales, tant on se sent assaillis de toutes parts. Seul bémol : cette espèce de faux final que l’on aurait espéré vrai, tant les quinze secondes qui suivent n’apportent pas grand-chose…
Une bien longue chronique pour arriver au constat que je ne sais franchement pas dire si Grindpad est sérieux ou non. "Gung-Ho" et "Yakuza Finger Collector Crew" prouvent qu’ils ont du talent, et peuvent envoyer de sacrées torpilles dans nos oreilles. Mais les trois autres titres sont plus communs, plus quelconques. Leurs trois premiers EPs adoptent une imagerie plus contemplative, presque post-apocalyptiques, avec des titres plus sombres et nihilistes… Alors que depuis Sharkbite, ils semblent se complaire dans l’aspect cheap et outrancier, mais aussi en quelque sorte "cool", du gore extrême. Difficile de vous recommander sincèrement cet EP… On vous recommande surtout de jeter une oreille à Gung-Ho. Mais leur premier (et seul) album "Violence" mérite déjà un peu plus votre curiosité. Quant à nous, on espère qu’en plus de leur univers décalé, on aura davantage de titres survitaminés sur leur prochain disque. Godverdomme !