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Image de Edz Norton

Hellfest - Dimanche 18 Juin 2023

Si la fatigue se ressent pour cette quatrième et ultime journée, celle-ci ne sera pas de tout repos ! Les prestations de Pantera, Slipknot, Rise Of Northstar ou encore Testament nous attendent « sagement » pour clore en beauté cette seizième édition. Pourtant, les éléments semblent se déchaîner contre les dieux de la musique amplifiée : la météo se montre peu clémente en début de journée, ce qui aura pour conséquence de nous faire rater une fournée de concerts. Le milieu d’après-midi, lui, va se montrer ensoleillé et égayé par les prestations d’Halestorm, Hatebreed, Paleface et Mutoid Man.

Même si je rate la performance matinale de Doodseskader sur la Valley, un rapide regard se pose sur cette formation prometteuse. Nous retrouvons notamment Tim De Gieter, le bassiste d’Amenra et Sigfried Burroughs qui proposent un Post Metal aux multiples influences.

Pour la suite, et pour mon plus grand plaisir, l’invasion (de qualité) belge continue sur cette scène avec Wolvennest. Une ambiance sombre et introspective s’installe : la scène est simplement embellie de bougies, de crânes et le premier rang se retrouve embaumé par une odeur d’encens contribuant à accentuer l’atmosphère intimiste. Néanmoins, c’est lors de ce type de shows que je regrette la nouvelle configuration de la Valley en plein air… Effectivement, Wolvennest fait partie des groupes à voir dans l’obscurité afin d’en savourer chaque détail, car chacun d’entre eux agrémente le côté si mystique de leur univers. Mais concentrons-nous sur l’essentiel : leur mélange hypnotique entre Doom Metal et Rock psychédélique nous envoûte. La voix ensorcelante de Shazzula contribue à accompagner cette ambiance si particulière ; de plus, elle vient appuyer les sonorités avec un instrument mystérieux : le thérémine. Les morceaux comme “Ritual Lovers” ou encore “Void” résonnent avec fracas. C’est mélodieux et captivant à souhait ! La justesse et la technicité des compositions sont flagrantes et permettent de se laisser transporter aisément. Une osmose se crée, les musiciens et le public se laissent transcender et vivent chacune des tonalités. Durant une quarantaine de minutes, un soupçon de magie s’empare de la Valley, Wolvennest réussit à nous séduire et surtout nous envoûter.

Alors que dans le ciel, un voile de nuage sombre s’intensifie, les premières gouttes de pluie tombent à la fin de la prestation de Wolvennest. Le public ne se doute alors pas du déluge qui va s’abattre sur lui après trois jours de beau temps…

Quelques instants plus tard (pile au moment où l’orage frappe), Thundermother prend d’assaut la Main Stage 2 ! Cette coïncidence tellement parfaite me rappelle l’édition 2019 et le concert d’adieu de Slayer où les seules gouttes de pluie tombèrent durant l’iconique “Raining Blood”. Mais revenons au déluge actuel, car malgré des conditions éprouvantes, Thundermother va donner une prestation très solide devant un parterre de fans restreint mais prêt à en découdre et à braver la météo. Malheureusement, c’est trop pour moi, je décide de m’abriter et je rate donc les prestations d’H09909, The Menzingers et Hollywood Undead. En espérant que ce ne soit que partie remise pour des prochains concerts ou festivals.

Je reviens sur le site dans les alentours de quinze heures devant la Main Stage 2 pour la prestation que j’attendais avec grande impatience d’Halestorm. Effectivement, j’ai découvert le groupe il y a une dizaine d'années avec “The Strange Case Of” (2012) et je n’avais jamais eu l’occasion de les voir sur scène. Le moment est enfin venu et le groupe démarre très fort avec deux titres issus de cet album “I Miss The Misery” et “Love Bites (So Do I)”, mais quelle claque ! Si les intempéries semblent maintenant derrière nous, une nouvelle tornade va s’abattre sur scène, elle se nomme Lzzy Hale. La frontwoman nous impressionne par sa prestance, son énergie et sa virtuosité à balancer ses riffs tout en assurant une prestation vocale hargneuse. Elle nous gratifie notamment d’un passage a cappella bluffant sur le classique “I Get Off” qu’elle dédie à toutes les femmes présentes au Hellfest. La set-list est scindée en deux avec le traditionnel solo de batterie totalement déjanté par son petit frère Arejay Hale ! Il ne passe pas inaperçu avec son costume fuchsia, il nous fascine par son énergie et sa technicité. Il conclura son solo avec des baguettes géantes ! Déjanté mais complètement en rythme ! Dans ce trio virtuose, n’oublions pas le guitariste Joe Hottinger qui fête ce jour même ses vingt ans au sein de la formation. Revenons au cœur de la prestation d’une quarantaine de minutes qui passe à la vitesse de l’éclair avec les récents singles “Back From The Dead” et “The Steeple” concluant le set et se montrent des plus efficaces. La tempête Halestorm à tout retourné sur son passage ! Un moment plaisant de complicité et de démonstration technique qui se finit sous les acclamations. Cette prestation rejoint la liste de mes concerts marquants de cette édition !

Je tourne la tête pour poursuivre ce déversement d’énergie avec les américains de Hatebreed sur la Main Stage 1. Si j’ai réussi à me placer sur les côtés au premier rang, je pensais me retrouver totalement secouée au rythme des sonorités hargneuses de leur Hardcore, pourtant le public se montre relativement sage. Est-ce que la pluie, la fatigue ou un mélange des deux a réussi à nous abattre à ce point ? Pourtant, Hatebreed n’en démord pas et enchaîne durant quarante minutes ses parpaings les plus connus : “ Destroy Everything”, “Tear It Down”, “Live For This” ou encore “Looking Down the Barrel of Today” repris en chœur. Si le dernier album “Weight Of The False Self” sorti en 2022 orne la scène avec son immense backdrop, aucun de ses morceaux ne sera joué. Il est sûr qu'en trente ans de carrière les américains possèdent une discographie très riche et le set met à l’honneur les premières heures de la formation. Nous retrouvons des morceaux de “Satisfaction Is the Death of Desire” (1997) “Perseverance” (2002) ou encore “Supremacy” (2006) pour citer quelques exemples qui vont ravir les fans old school ! Jasta, fidèle à lui-même, motive la foule (plutôt timide) qui entamera quelques mosh-pits et circle pits. Clairement, Hatebreed a plus sa place sur la Warzone où, j’en suis persuadée, le public aurait tout retourné sur son passage (même les pavés des premiers rangs). La prestation se conclut sur le morceau fédérateur “I Will Be Heard” repris une nouvelle fois en chœur. Malgré une ambiance dans la fosse plus tempérée face à la vigueur de leur Hardcore, Hatebreed est venu en découdre et a réussi à nous percuter avec leur set puissant et incisif.

Après cette prestation musclée, je prends du recul pour regarder par curiosité la prestation d’Electric Callboy sur la Main Stage 2. Pour l’anecdote, mon premier concert des allemands remonte il y a cinq ans sur la même scène à onze heures du matin, à l’époque où ils s’appelaient encore Eskimo Callboy. Ils jouaient devant un public restreint et c’est d’ailleurs durant ce concert que j’ai tenté mes premiers crowd surfings. Cependant, nous retrouvons un point en commun entre la prestation d’aujourd’hui et celle de 2018 : la bonne humeur déconcertante ! Effectivement, depuis 2020 la notoriété d’Electric Callboy a décollé aux rythmes des hits comme “Hypa Hypa”, “Hurrikan” ou encore “We Got The Moves”. Le voyage est notamment immédiat avec le hit “Tekkno Train”, en espérant que les ceintures soient bien accrochées car ça va secouer ! Le groupe et le public sont totalement déjantés et la “party” est entamée avec des mosh-pits et des slams qui vont bon train. Leur mélange de Metalcore avec des influences électros et trance/dance des années 90 voire 2000 est particulier mais très efficace. Mais je préfère écourter ce moment, je suis venue regarder par curiosité afin de constater ce que donnait ce concert à la sauce 2023. Assurément, Electric Callboy semble davantage “mature” et assumé dans sa démarche devant un public complètement électrique.

Je me dirige donc à la Warzone pour continuer dans le genre musclé. Si la Suisse est un pays réputé pour son calme et son pacifisme, Paleface est tout le contraire. La formation propose un Deathcore et Hardcore qui déclenchera un véritable chaos dans le pit ! Ici, la foule ne se laisse pas abattre et se défoule au travers des rythmiques brutales et sombres. Au programme, des sonorités lourdes, des breakdowns et surtout de nombreuses mandales. Le set met à l’honneur leur second album “Fear & Dagger” sorti en 2022 avec sept morceaux sur onze joués. Mais Paleface laisse place aussi à la nouveauté et présente ses récents singles “Best Before: Death” et “Please End Me” tout aussi percutant. Les quarante-cinq minutes de set abattent tout sur leur passage ! Il est toujours agréable de profiter de groupes aussi frappants sur la Warzone, Paleface rejoint mon lot de belles découvertes de cette édition 2023.

Changement d’horizon sur la Valley avec les américains de Mutoid Man, pour une démonstration de talent brute de décoffrage. Le trio est mené par Stephen Brodsky (Cave In) et rejoint par Ben Koller (Converge) et Jeff Matz (High On Fire). Son dernier album “War Moans”, sorti en 2017, fut à titre personnel un véritable coup de cœur. Effectivement, la formation est signée sur Sargent House ce qui laisse présager incontestablement un contenu de qualité ! Pour mon plus grand plaisir, Mutoid Man est revenu à l’horizon il y a quelques mois en annonçant un nouvel album “Mutants” sorti en juillet et une tournée européenne à la rentrée. Mais pour l’instant, nous avons le privilège de les voir au Hellfest pour leur unique date en festival dans nos contrées. Il faut croire que les étoiles, ou plutôt les plannings chargés des trois musiciens se sont alignés pour proposer cette prestation exclusive. Pour leur premier passage à Clisson, ce beau casting va déployer des sonorités frénétiques avec une multitude d’influences entre Stoner, Punk, Post Hardcore, Heavy, Rock Progressif … Musicalement, Mutoid Man possède un bagage musical chargé et va proposer le meilleur de son talent tout en s’amusant. Les guitares sont lourdes, la batterie est matraquée, le chant vacille entre des envolées lyriques et des tonalités plus lourdes. Le set s’ouvre avec la nouveauté “Call Of The Void” qui se révèle très efficace et va emporter la foule. Les morceaux sont addictifs, nous pouvons citer les impulsions punks sur “Micro Aggression”, des rythmiques heavy sur “Bridgeburner”, la lourdeur de “Kiss Of Death” qui contraste avec la légèreté de “Bandages”. Les morceaux s’enchaînent en quarante-cinq minutes, Mutoid Man nous propose un condensé de leur talent avec quinze morceaux ! Nous retrouvons aussi deux reprises avec “21st Century Schizoid Man” (King Crimson) et “Don't Let Me Be Misunderstood” (The Animals) dans une version plus Doom. Le trio est venu pour s’amuser et cela se ressent dans cet enthousiasme communicatif partagé entre eux et avec le public. Mutoid Man a réussi sa démonstration de talent tout en souplesse et a conquis le public de la Valley friand de ce genre de musique et projet.

La soirée va s’achever entre la Main Stage 1 et 2 avec les prestations explosives de Pantera et de Slipknot qui vont nous promettre un final de qualité ! Phil Anselmo est un habitué du Hellfest, chaque année, quasiment, il est venu jouer avec ses différents groupes Down, Phil Anselmo & the Illegals, ou encore Scour. Mais, nous n’avons jamais eu l’occasion de le voir avec Pantera jusqu’à présent. En 2022, la planète Metal est secouée avec l’annonce de la réformation du groupe culte et connaissant l’affection de Phil pour le festival, inévitablement, Pantera est venu faire trembler les terres de Clisson. Ce Pantera (2.0) est composé de Phil Anselmo et Rex Brown et accompagnés par Zakk Wylde et Charlie Benante en remplaçants des regrettés Dimebag Darrell et Vinnie Paul. Une formation hommage remodelée qui ne cessera d’honorer ses membres disparus (en particulier Vinnie dont l’annonce du décès avait eu lieu alors que se déroulait l’édition 2018 du Hellfest).

Revenons à la prestation qui nous plonge directement au cœur des grandes heures de Pantera dans les années quatre-vingt-dix avec la diffusion d’une introduction émouvante. Celle-ci se compose de vidéos en tournée et en backstage avec un regard particulier sur Dimebag Darrell et Vinnie Paul. Vous l’aurez compris, si cette tournée est un cadeau pour les aficionados, elle est surtout un événement à la mémoire des deux musiciens. Durant une heure et demie, les morceaux s’enchaînent et nous écrasent par leur temporalité lourde et groovy : “I’m Broken”, “5 Minutes Alone”, “This Love” ou encore “Mouth For War” … La machine est lancée et elle est bien huilée, Phil se montre sous un bon jour, il est très en forme vocalement et nous fracasse par son agressivité. Le tout est appuyé par une rythmique apportée par des musiciens bourrés de talent. Le jeu de batterie de Charlie Benante est précis et cadré, Zakk Wylde dégage des riffs puissants et techniques tandis que Rex Brown apporte encore plus de lourdeur à la basse. Le final résonne avec les ultimes classiques “Walk” (sur lequel des roadies viennent appuyer les chœurs) et enfin “Cowboys From Hell” qui terrassera tout sur son passage. La prestation se déroule sans encombre avec authenticité devant un public ravi d’avoir vécu (ou revécu) un tel événement !

Il est temps de tourner sa tête vers la Main Stage 1 pour l’ultime concert de cette édition … Le gang de l’Iowa franchit la scène et l’effervescence est palpable, à grands coups de fracas et de percussions, Slipknot va enchaîner une prestation des plus percutantes. L’entrée sur l’introduction “Prelude 3.0” suivie de “The Blister Exists” va totalement ravager la scène mais aussi la fosse. Le public est complètement en délire, ça headbangue, ça danse, ça chante en chœur dans les premiers rangs et au-delà, il est difficile de contenir toute cette énergie. Après une fin d’après-midi relativement tranquille, ça fait plaisir de retrouver cette effervescence ! Il faut avouer que la setlist est d’une rage et folie sans pitié : “Liberate”, “Eyeless”, “Wait And Bleed”... Assurément, le premier album éponyme qui fêtera ses vingt-cinq bougies l’année prochaine est mis à l’honneur pour notre plus grand bonheur, tandis que les classiques plus récents comme “Unsainted”, “Psychosocial”, “Devil In I” ou encore “The Dying Song (Time to Sing)” s’invitent au bal tout aussi en furie. Même si la prestation se retrouve amputé du Clown qui a dû rentrer pour des raisons familiales et avec un nouveau membre mystère en remplacement de Craig Jones, la frénésie est toujours aussi percutante. Tortilla Man est totalement déchaîné et escalade le décor en frappant sur ses tambours, soutenant le batteur Jay Weinberg. La voix de Corey Taylor résonne avec fracas avec une puissance et justesse imparables autant avec ses screams que ses envolées lyriques. Si les morceaux s’enchaînent dans une furie sans quartier, “Snuff” s’annonce comme l’exception. Cette trêve se révèle comme un grand moment d’émotion. Il est temps de ranger ses poings et sortir les mouchoirs pour profiter de cette accalmie de courte durée, alors que la suite se prépare sans prévenir et va nous écraser avec les incontournables “People = Shit”, “Surfacing”, “Duality” ou encore “Spit It Out” sur lesquels le public va sauter en rythme et tout en continuant à être déchaîné dans cette véritable boucherie. Visuellement, Slipknot est réputé pour sa scénographie monstrueuse entre les jeux de lumières, les lancements de flammes et les vidéos qui accompagnent chacun des morceaux. Le tout reposant sur une structure industrielle totalement bluffante sur laquelle les musiciens occupent l’espace avec un dynamisme effréné ! Si mon premier concert de Slipknot remonte au Knotfest en 2019 à Clisson, je garde un meilleur souvenir de cette soirée. Effectivement, cette performance est une véritable boucherie avec une set-list composée des titres les plus ravageurs. La furieuse folie de Slipknot s’est ressentie et a fait trembler tout Clisson pour le dernier concert de cette édition.

Cette seizième édition du Hellfest se conclut avec le feu d’artifice traditionnel accompagné de musique comme AC/DC et Rammstein, des indices pour l’année prochaine ? Toujours plus grand et toujours plus dantesque, le Hellfest répond à toutes nos attentes et nous fait vibrer durant quatre jours au travers de sonorités éclectiques. On se retrouve l’année prochaine pour la dix-septième édition qui aura lieu du 27 au 30 juin 2024 !

En remerciant le Hellfest pour son organisation, l’équipe presse pour l'accréditation, Rémi pour les relectures et Tom VM pour les photos.

Découvrez dans les prochains jours le premier hors série de Cult Of Metal, dédié au Hellfest !

Retrouvez l'ensemble de la galerie photo ici :
















































































































































































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