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Hellfest - Jour 4 - Dimanche 30 Juin


© Nicko Guihal

Nous arrivons (déjà !) à la quatrième et ultime étape de cette dix-septième édition. Après une courte nuit et des articulations totalement en vrac, j’attaque tant bien que mal  les concerts. Au programme des groupes davantage accessibles avec, entre autres : Simple Plan, Frank Carter & Rattlesnakes, Corey Taylor, The Offspring et Foo Fighters qui vont rythmer et égayer cette journée sous un soleil de plomb (soleil enfin de retour) !

Les festivités commencent à onze heure sous la Altar avec les nantais de Sang Froid. La formation a attiré tous les regards (ou plutôt les oreilles) à la sortie de leur premier album “All Nighter” l’année dernière. Au-delà d’un line up alléchant (composé de deux Regarde les Hommes Tomber : TC au chant et JSS à la guitare, mais aussi de Ben Notox de The Veil aux claviers), ce sont leurs sonorités qui les démarquent. L’ensemble forme un subtile mélange aux confins de ma Cold Wave et du roc Goth Rock. Le tout résonnant aussi ensorcelant que doux et rythmique. C’est prenant et fédérateur, on s'imprègne aisément dans cette ambiance autant dansante qu’hypnotique. Ironiquement la froideur de leur Cold Wave va réchauffer le cœur du public venu en masse à cette heure matinale et surtout le dernier jour  ! Carton plein pour Sang Froid qui conclut sa prestation sous un flot d'applaudissements.

Je prends un virage extrême à la Valley avec le Death/ Post Hardcore des anglais d’Heriot. Leurs sonorités (résolument agressives) sont plutôt adaptées à la scène voisine (la Warzone), mais nous allons pas nous laisser décontenancer de cette incartade. Au travers de cette violence transparaissent des notes tantôt Black metal, Post Metal ou encore sludge. Chacune d’elles apportant de multiples nuances à l’ensemble sonore formant la musique d’Heriot. Le bal est mené par la chanteuse et guitariste Debbie Gough dont la hargne vocale sans précédent est contrastée par des passages mélodieux. Le petit détail (qui a ou non son importance) :  ses mèches vertes  flottantes au vent s'assemblent parfaitement avec sa Jackson de la même couleur. Pour revenir au cœur de la prestation, si la soliste tente de lancer un circle pit dès le second morceau, la sauce à dû mal prendre. Il faudra attendre quelques titres de plus pour faire réellement partir la machine mais surtout pour que le public de valley s'acclimate à cette violence. Mais Heriot va frapper la foule et taper dans le dur ! Scéniquement c’est puissant, énergique et dévastateur ! Leur premier passage en France a vivement marqué les esprits et le groupe grandit d’étape en étape. J’ai hâte de découvrir leur nouvel album “Devoured by the Mouth of Hell” (dont des extraits ont été joués aujourd’hui en live) qui sortira le 27 septembre via Century Media. 

Sur mon chemin pour remonter vers les Main Stage, je constate qu'il n'y pas grande foule au Sanctuary comparé aux files d’attentes interminables à en donner le tournis présentes depuis jeudi. Je profite donc de cette occasion pour enfin me procurer le fameux sésame (aka un t-shirt avec la programmation) sans trop d'encombres. 

Après cette parenthèse, j’arrive sur la Mainstage alors que le set de High On Fire est déjà bien entamé face à un public encore très disparate. Les gaillards balancent un Stoner bien gras à l’heure du repas (décidément après Gozu qui a joué vendredi à une heure similaire, le Stoner est un genre qui ouvre l’appétit ou un style qui se déguste à l’apéro). Les influences heavy et sludge se mêlent à la voix rocailleuse de Matt Pike pour un rendu lourd et dynamique. Le temps de déguster deux/trois morceaux dont l'infaillible "Snakes for the Divine"” et il est déjà l’heure pour moi de retourner à la Valley me positionner pour une performance que je ne voulais pas rater.

Dans les prestations immanquables de cette édition, les néerlandais de Dool avaient une place de choix dans ma liste. Leur musique est une véritable énigme voguant entre le Dark Rock occulte et le Post Metal (sans rentrer dans les détails de toute la finesse des influences présentes). L'ensemble est très atmosphérique et donne de la profondeur à chacune de leur mélodie, quelle soit émotionnelle ou rageuse. Dans cette équation, la voix énigmatique et sombre de leur chanteur adrogygne Raven Von Dorst ajoute toute sa singularité. Les morceaux s'harmonisent parfaitement entre des passages copieux (“Self Dissect”, “Hermagorgon”), d’autres plus solaire (“House Of A Thousand Dreams”) voire dynamique (“Evil You”). L’ensemble des titres cités appartiennent à leur nouvel album, “The Shape of Fluidity”, qui ,sorti en avril, se voit mis naturellement en avant avec cinq titres (sur sept joués). Dans les deux exceptions, nous retrouvons la magnifique reprise “Love Like Blood” (Killing Joke) remaniée dans une sauce plus occulte ainsi que le morceau final “Oweynagat” dans un registre plus progressif et envoûtant qui s’envole, notamment, avec sa nappe d’émotion finale. Dool a éveillé et ensorcelé la Valley avec ses sonorités atypiques. Si vous souhaitez vivre (ou revivre) l’expérience, les neerlandais partageront un plateau avec Hangman's Chair au mois d’octobre avec quelques dates en France. Il n’y a aucun doute que leurs deux univers vont se compléter parfaitement par la mélancolie qui s’en échappe ! 

Je m’avance quelque mètre plus loin à la Warzone pour découvrir le groupe de Hardcore/Punk à la sauce 80’s : SCOWL. Si je me laisse tenter par une envie de découverte, leur musique ne parvient pas à mes oreilles en ce qui me concerne (les goûts et les couleurs sont propres à chacun). Même si leur frontwoman Kat Moss attire tous les regards autant par son look, ses cheveux bleu et vert fluo (décidément avec Heriot il y a matière à parler de teinture) et son énergie implacable. Mais son chant crié me semble un poil too much à mon goût et je préfère partir m’abriter sous les tentes alors que le soleil est plus que menaçant. 

Après une pause casse-croûte à l’ombre avec le Black Metal brut et intense de Thron en fond sonore, les choses sérieuses reprennent juste à côté sous la Altar. Ici le bal des imprévus à encore frappé la veille du festival avec l’annulation de Caliban. Mais heureusement que… Karras remplace, Karras répare ! Plus sérieusement, heureusement que le Metal extrême est varié dans l’hexagone est permet de trouver en urgence des groupes de qualité. Karras se compose de musiciens réputés avec : Diego JANSON (Sickbag, Demosys) au chant et à la basse, Yann HEURTAUX (Mass Hysteria, pour son second concert en moins de 24 heure !) à la guitare et Etienne SARTHOU (AqME) à la batterie. Leur Death Old School vogue entre le Thrash et le Grind, un cocktail intense. Les morceaux déboulent les uns après les autres dans une frénésie sauvage : "The Ouija", "The Hermit's Anger", "My Aim is Violence" pour en citer quelques-uns. Même si un souci technique (rapidement résolu) intervient telle une trêve dans ce flot de violence. Au total, une vingtaine titres mêlant leurs deux albums “None More Heretic” (2020) et le récent “We Poison Their Young” (2023) s’enchaînent devant un public bien déchaîné. Le tout toujours dans cet univers influencé par L’Exorciste. Je décide d’écourter ce moment (ayant déjà vu la formation quelques semaines plus tôt au Betiz’Fest). Nul doute toutefois : à Clisson comme à Cambrai, chacune de leur prestation est un véritable ravage ! 

Je retourne sur les Main Stages pour un changement radical d’ambiance. La prestation de Simple Plan est déjà entamée sous une bouffée d’air frais et de bonne humeur alors que le soleil brûle toujours plus. Leur Pop Punk avec ses morceaux mythiques comme “Welcome To My Life”, “Summer Paradise” (avec son lâché de ballon), “Jet Lag”, “I’m Just Kids” (avec un clin d'oeil au t-shirt du frontman écrit “I’m Just An Adult” et dans le dos ‘And life is a nightmare”) nous replonge dans notre adolescence. Sans oublier l’armée de Scooby Doo qui déboule sur scène durant "What’s New Scooby Doo ?” et le mash-up de covers, entre "All Star", "Sk8ter Boy" et "Mr.Brightside" (Smash Mouth + Avril Lavigne + Killers). Les mélodies sont addictives et s’enchaînent avec une vitesse déconcertante face à un public déjà en nombre pour un début d’après-midi ! L’ambiance est bonne enfant : ça mosh et chante en cœur sous les vagues de slameurs qui ne s’arrêtent plus. Le frontman Pierre Bouvier communique naturellement en français et ajoute une touche sympathique supplémentaire dans cette ensemble. Simple Plan s’en est donné à cœur de jouer une condensé de tubes qui ont marqué toute une génération devant un public nombreux et plus que comblé en ce début d’après-midi ! © Florentine Pautet

La légèreté continue sur les Main stages avec les sonorités envoûtantes de Blue Pills ( remplaçant de Heart qui a dû annuler pour des raisons de santé). Si le groupe suédois (formé en 2011) est bien plus récent que Heart, des similitudes se retrouvent dans leur musique avec des sonorités de Blues Rock Psychédélique à la sauce des années 70’s ultra dynamique et groovy. La frontman Elin Larsson mène la danse et rayonne toute vêtue de bleu dans sa robe longue mais c’est surtout sa puissance vocale et son énergie qui nous transcendent. Le titre d’ouverture ultra groovy “Proud Woman” plante le décor et sera suivi de nouveaux morceaux issus de l’album “Birthday” (sorti début août). Les quarante minutes défilent rapidement sous une flopée de notes légères et pourtant hyper dynamiques. Blues Pills séduit aisément un public qui pour la plupart est venu se poser et n’a finalement pas résisté à l'envie de danser.  


 © David Gallard

L'après-midi se poursuit toujours (et encore) sur les Main Stages même si j’ai longuement hésité à changer de crémerie entre la brutalité de Shadow Of Intent et le Rock Alternatif de Therapy ? sur les autres scènes. Mon choix s’est tourné vers la Main Stage 2 avec l’énergie déconcertante de Frank Carter et de ses serpents à sonnettes. Après son passage remarqué en 2022 (qui avait plus que secoué la foule), la formation anglaise est venue défendre son nouvel album “Dark Rainbow”, un disque plus accessible mais pas dénué d’énergie ! Ce nouveau prétendant est venu se mélanger aux souvenirs plus punk et énervés de ses débuts (“Crowbar, “I Hate You”) et ses récentes sorties plus à fleur de peau mais tout aussi percutantes (“My Town”, “Wild Flowers”). Si le set commence sagement avec “Can I Take You Home”, il vaut mieux ne pas se fier aux apparences. Dès le second titre (“Self Love”) plus dynamique, Frank Carter s’empresse d’aller prendre son premier bain de foule et il ne cessera pas de faire des allers retours et d’enchaîner des moments forts ! Ce qui s’illustre par le traditionnel mosh-pit réservé aux femmes sur “Wild Flowers” ou encore un gigantesque circle pit durant “The Drugs” guidé par le frontman au centre du pit. Telle une pile électrique, Frank Carter révèle ses prouesses vocales à chanter dans toute les conditions autant sur scène (tout naturellement), qu’en équilibre porté par la foule ou avec une marée humaine autour de lui. Ici l’expérience est totalement différente que sur album car le public est invité à être au centre de la prestation (sans compter les slams, circle pit et slam à n’en plus finir) ! Si certains boudent ces interventions plus que trop nombreuses qui peuvent couper l'adrénaline de chaque morceau, de mon côté je retiens un très bon souvenir de ce moment ! Frank Carter et ses serpents à sonnettes ont de nouveau retourné la Main Stage avec une rage et un dynamisme infaillible.


Les moments forts s'enchaînent sur les Main Stages, c’est au tour de Corey Taylor de livrer une performance forte en émotions. Après plusieurs annulations suite à des soucis de santé physique et mentale, c’est rassurant de voir l’incontournable frontman monter sur scène avec un grand sourire et une soif énergie. Il aborde d’ailleurs un t-shirt rose dédié à Bowie qui s’associe avec son bronzage rouge écrevisse. Durant une heure, Corey va brasser le meilleur de sa discographie : de son nouvel opus solo : “CMF 2” ("Beyond", "We Are Rest", "Post Traumatic Blues"), à Stone Sour ("Song #3" , "Through Glass") sans bien sûr oublier Slipknot ("Snuff", "Before I Forget", Duality")!  Multicasquette à l’image de cette prestation haute en couleur qui vogue entre différentes nuances : de la rage, de la sensibilité et même une pointe d’humour avec le court mais efficace “Sponge Bob Square Pants” repris en chœur par le public ! Celle-ci tranchera nettement avec le côté à fleur de peau de “Snuff” suivi de “Home” que Corey dédie à sa femme et tout ce qu’elle lui a apporté. Spontanément, le public s'acclimate en passant d’un wall of death, aux mosh-pits et même un “mosh de slows". Les morceaux défilent jusqu’au final avec la brutalité sur “Duality” . Car oui, on a presque oublié le temps d’un instant que sous le masque se cache un personnage drôle et attachant. Corey Taylor et ses musiciens nous apportent un moment de légèreté et de générosité. Un parfait timing en cette fin d'après-midi ensoleillé avant d'entamer les plats de résistance ! © Florentine Pautet

Si cette prestation s’est passée sans aucune encombre, je me permets de faire une petite parenthèse sur l’affluence présente en ce dimanche plus que dense. Je regardais donc le concert de Corey Taylor (joué sur la Mainstage 2) de l’autre côté (sur le parterre de la Main Stage 1) pour me laisser un vaste champ de vision et éviter un bain de foule. Mais je n’avais pas anticipé le monde qui débarquait pour la suite des festivités avec Queens Of Stone Age. Je préfère donc remonter avant la fin du set (3 voir 4 morceaux avant) pour éviter de me retrouver bloquée. Mauvaise stratégie ! J’ai dû attendre un bon moment avant de me débloquer un chemin vers d'autres scènes. Si cette soirée s’annonce prometteuse par ses têtes d’affiches : The Offspring et Foo Fighters, elle va aussi battre des records d’affluence. Je préfère donc revoir mes plans et me retrancher vers les autres scènes ayant déjà eu l'opportunité de voir ces têtes d’affiches.

Si Queens Of Stone Age est le premier gros morceau de la soirée, je regarde ça plutôt par curiosité au loin et je l’avoue, je n’ai pas accroché. Peut-être que ce n'était pas le bon jour ? Ni le bon créneau ? Mais c’est surtout la fatigue qui parle en me concernant. En tout cas, le frontman Josh Homme ne semblait pas non plus dans son assiette même si ceci est dû à d’autres soucis. La formation va d’ailleurs par la suite annuler tous ses concerts afin qu’il puisse se concentrer sur sa santé et se soigner. Mais le public (plus que nombreux) a eu l'occasion de voir Queens Of Stone Age une dernière fois avant un bon moment.

Pour ma part, n’ayant pas accroché, je prends de l’avance afin de me placer sous la Temple pour la suite de la soirée avec les suédois de Tiamat. L’ensemble se révèle mystique et prenant, assurément cette découverte va captiver mon attention ! Leur Doom Metal est rempli d’intensité et vogue vers des nuances sombres entre le Gothique et Death Metal. Cette mélancolie est appuyée par le chant grave et ténébreux du charismatique Johan Edlund. Leur sonorité me fait penser à l'atmosphère des premiers albums de Moonspell ou Anathema mais tout en gardant leur authenticité !  Si cette pointe de nostalgie flotte c’est sûrement dû à l'interprétation de leurs albums cultes : “Clouds” (1992) et Wildhoney” (1994) qui a dû ravir les fans de la première heure. 

J’écourte ce moment pour jeter un coup d'œil au loin face à la marée humaine qui profite de la prestation haute en couleur de The Offspring. Deux ans après leur dernier passage, les californiens sont venus animer une nouvelle mega teuf sur la Main Stage ! Je tombe à pic alors que les tubes cultes s’enchaînent : “Why Don’t You Get A Job ?” (et son lancé de ballon), “Pretty Fly (for a White Guy), “The Kids Aren’t Alright”, “You’re Gonna Go Far Kid” et “Self Esteem” pour conclure. Le public semble déchaîné, ça chante en chœur (même au loin) alors qu’une armée de slameurs ne s’arrête plus (décidément, c’est une question d’habitude aujourd’hui) ! The Offspring continue à apporter cette dose de légèreté sur les Main Stage avec ses morceaux plus que nostalgiques. 



Par la suite, je divague sur le festival en écoutant au loin Foo Fighters et I Am Morbid. Je garde mon énergie pour le dernier concert de cette édition (pour ma part) avec Dimmu Borgir que je revois enfin après leur dernier passage en 2018 (qui fut d’ailleurs ma toute première édition du Hellfest). 

Les norvégiens célèbrent leur trente ans avec une set-list aux petits oignons qui va parcourir leur huit albums. Le décor est planté avec leur backdrop qui met à l’honneur leur tout premier album “For All Tid” sorti en 1995. Cependant la Temple va être très vite blindée et, me retrouvant à l’extérieur, je ne profite pas des conditions optimales pour écouter leur Black Metal tout aussi occulte que culte. Je me contente plutôt des jeux de lumières, du son et de l'esthétique de la formation que des sonorités. J'écoute ce moment et je prends l'avance pour sortir du site afin de trouver un point de vue pour regarder le feux d’artifice. Même si ce dernier n’aura jamais lieu et va surprendre les festivaliers qui s'attendaient à un dernier rebondissement pour conclure ces quatres jours de marathon. Mais au vu des commentaires plus que positifs sur la prestation de Foo Fighters, n’était-ce pas eux la dernière étincelle de cette édition ?

Si cette dernière journée se conclut en demi-teinte en raison de la fatigue et des affluences records. Le Hellfest réussi comme à son habitude à nous émerveiller pendant quatre jours avec une affiche des plus éclectique en soulignant que cette édition marque davantage cette ouverture musicale avec des têtes d’affiches comme Shaka Ponk, The Offspring ou encore The Prodigy. D’ailleurs l’ensemble des pass 4 jours se sont vendus à une vitesse record en 90 minutes ! Les paris sont lancés pour l’affiche de l’année prochaine !

 En remerciant toute l’organisation du Hellfest pour cette édition ! On se revoit l’année prochaine ? 

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