Nous attaquons la troisième (et avant-dernière) journée sur les terres Clissonnaises. C’est fou comme le temps passe vite sous le rythme endiablé des décibels. À mes yeux, ce samedi s’annonce comme le jour le plus prometteur du week-end ! La programmation réunit des groupes très dynamiques et d’autres qui me tiennent particulièrement à cœur : Within Temptation, Iron Maiden, Powerwolf, Beast In Black ou encore Evergrey. Mais aussi, et comme d’habitude au Hellfest, tout un lot de découvertes qui sauront me surprendre comme Bloodywood, The Dali Thundering Concept ou Kalandra.
La matinée commence justement très fort sur les Main Stages ! Le public est venu nombreux pour accueillir le phénomène Bloodywood. Vous n’êtes sûrement pas passés à côté de ce groupe qui défraye la chronique depuis la sortie de son premier album “Rakshak” en 2022. Sous ce nom explicite se dévoile un audacieux mélange de sonorités traditionnelles indiennes (apporté grâce à un Dohol) et d’influences entre le Metalcore, le Nu Metal et le Folk Metal. Revenons au vif de la prestation : Bloodywood est accueilli par d'énormes acclamations qui ne finissent pas. La demi-heure passe à vive allure et ils vont enchaîner leurs hits les plus efficaces : “Aaj”, “Gaddaar” ou encore “Machi Bhasad (Expect a Riot)”. Leur crossover amène un moment d’exotisme et de brutalité qui a facilement tout retourné sur son passage. Un set qui a assurément conquis le public. Bloodywood conclut sa prestation à nouveau sous les ovations. Un très bel accueil. Il est certain que nous allons revoir le groupe très prochainement plus haut sur l’affiche !
Je n’ai pas le temps de souffler et je file à la scène Altar devant la prestation foudroyante de The Dali Thundering Concept. La foule est venue supporter la formation parisienne pour son premier passage à Clisson. La technicité de leur Djent va résonner avec brutalité mais aussi avec une touche progressive venue tempérer leur frénésie. Les morceaux s’enchaînent, pour le show d’aujourd’hui, ils seront en majorité issus de leur dernier album “All Mighty Men - Drifting Through a Prosthetic Era” sorti en 2022. Petite surprise, nous avons le droit à une exclusivité jamais joué auparavant et surtout jamais sorti car le groupe a perdu la postproduction dudit morceau. Tandis qu’un wall of death timide démarre avec un faux départ devant un chanteur amusé. Tout un programme ! La spontanéité et l'habileté des musiciens ont conquis le public. Une découverte très sympathique mais le meilleur pour ce jour est encore à venir…
Le Hellfest c’est aussi de belles surprises ! Habituellement, je respecte scrupuleusement mon Running Order bien préparé en amont en écoutant l'intégralité de l'affiche. Mon prochain concert devait être FEVER333 sur la Main Stage 2 mais l’imprévu va me rattraper… Presque malgré moi, je me laisse transporter quelques mètres plus loin, sous la Temple, comme attirée par le chant des sirènes de Kalandra et quelle révélation ! Le titre d’ouverture “Borders” me cloue littéralement sur place, je suis totalement saisie par la pureté et la sensibilité de la voix de Katrine. La formation norvégienne nous fait voyager dans un tourbillon d'émotions avec la mélancolie de son folk nordique acidulé de sonorités de Pop légère et de Rock. Si le groupe a dévoilé plusieurs EP depuis sa formation en 2012, c’est son premier album “The Line” sorti en 2020 qui occupera l’ensemble de la setlist. Kalandra est une belle et inattendue escapade. Mais après une longue hésitation, je décide d’écourter ce moment hors du temps pour voir (comme prévu initialement) Fever333.
Effectivement, plusieurs interrogations se posent autour de la formation américaine… Revenons en 2019 où leur prestation sur les Main Stages fut une véritable révélation pour moi (et plus d’un en général). Leur Rapcore perché à fait trembler toute la scène avec leur énergie survitaminée. FEVER333 se voit attribuer la même scène et le même créneau quatre ans plus tard. Il est vrai, à l’exception de leur EP “WRONG GENERATION” sorti en 2020, l’activité du groupe est relativement calme. Pour poser le contexte, cette production fut dévoilée dans un sentiment d’urgence afin de s’exprimer sur les violences policières qui ont malheureusement bousculé l’Amérique avec l’assassinat de George Floyd. Depuis cette sortie, le groupe se fait discret. Mais au début de l’année nous apprenons que Jason Aalon reste le seul maître à bord et un nouveau line up se reforme avec Thomas Pridgen (The Mars Volta, Trash Talk, The Memorials) à la batterie, April Kae (Imanigold) à la basse et Brandon Davis (Lions Lions) à la guitare.
L’interrogation se pose afin de savoir si le groupe n’a rien perdu de son énergie et efficacité bouillonnante. La réponse est mitigée même si la prestation est propre, cadrée avec des morceaux efficaces comme “One Of Us” et “Burn It” issu de leur premier album “STRENGTH IN NUMB333RS” sorti en 2019 (et l’un de mes coups de cœur). Une pointe de nouveauté se joue avec “Swing” qui reste sympa mais il manque une étincelle d’énergie… La reprise de “Song 2” (Blur) est une bonne surprise et relance la dose d’adrénaline. Sur scène, comme à son habitude, Jason court partout, escalade tout ce qui bouge, il empile notamment des enceintes pour monter dessus. Il est impressionnant et on ne l’arrête plus ! Le reste de la formation se fait timide à l’exception d'April Kae qui se fait remarquer plus par son attitude et son physique que par son jeu à la basse, cela en devient presque dérangeant… La prestation se conclut en jouant à un petit jeu “où est passé Jason ?". Il escalade la crash barrière et s’enfuit en courant en haut de la régie pour une dernière dose de furie sur le morceau “Hunting Season”. La prestation de FEVER333 est de qualité et apporte une bouffée d’adrénaline même si leur précédent passage m’avait davantage marquée. Mais, ici, je ne retrouve pas la sensation et la claque vécues il y a quatre ans.
Après la débauche d’énergie, il est temps de se poser un peu devant la Main Stage 1 pour assister à la prestation intense en émotion d’Evergrey. Le timbre chaud de Tom Englund va nous réchauffer davantage sous ce soleil rayonnant. Leur Heavy Progressif a une douce saveur de technicité et de sensibilité qui nous emporte dans un voyage tumultueux. Les suédois sont très actifs et la setlist se compose principalement de leurs trois derniers albums (sortis successivement de 2019 à 2022) : “ A Heartless Portrait (The Orphean Testament)” (2022), “Escape of the Phoenix” (2021) et “The Atlantic” (2019). Personnellement, je suis légèrement frustrée qu’aucun titre de mon album favori, “The Storm Within” (2016), ne soit joué. Cependant, mon plaisir n’est toutefois pas boudé, ayant eu l’occasion de les voir à plusieurs reprises sur la tournée d’appui à cette sortie. Revenons au cœur de la prestation, qui s’ouvre en beauté avec “Set Us” et directement l’intensité tape de plein fouet. Les synthétiseurs illuminent des morceaux comme “Where August Mourn” ou encore “Call Out The Dark” avec des refrains poignants et accrocheurs, tandis que la technicité ressort sur des morceaux plus lourds comme “Eternal Nocturnal” et “Weightless” qui seront repris en chœur. L’ensemble est bien rodé, c’est précis, propre mais surtout rempli de sincérité. La voix de Tom Englund apporte ce soupçon de mélancolie qui écrase encore plus le désarroi des compositions. La conclusion résonne avec le désormais classique “King of Errors” (l’unique titre issu de “Hymns for the Broken” sorti en 2014). Les quarante-cinq minutes sont passées à vive allure mais la magie des compositions d’Evergrey a eu le temps d'opérer et a conquis le public.
Le bal des découvertes continue sous la Temple avec les britanniques de Svalbard. La formation ne m’est pas totalement inconnue. Pourtant, si mon algorithme Spotify a tenté à plusieurs reprises de me les faire découvrir, j'avoue que je n'ai pas pris la peine de m’aventurer davantage dans leur discographie. Leur passage au Hellfest est donc l’occasion parfaite pour les écouter ! Le quatuor propose une musique entre Post Metal, Post Hardcore et Black Metal. En somme un mélange à la fois hargneux et mélodique. Les influences semblent très diversifiées et les frontières sont très minces, difficile donc de leur poser une véritable étiquette mais, ne le cachons pas, c’est certainement ce qui rend le tout mystérieux et captivant. La formation est menée par la charismatique frontwoman Serena Cherry alternant growls, scream et chant clair et qui assure également le rôle de guitariste. Au-delà de la musique, c’est l’authenticité des musiciens qui est frappante, ils jouent manifestement avec une passion et énergie débordante. Serena n’hésitera pas à nous parler de sujets sensibles comme la dépression ou le suicide. Trop familiers de ce genre de sujets, ce sont d’ailleurs les musiciens eux-mêmes qui sont les acteurs principaux des textes de leurs compositions telles que “Open Wound”. Ils profitent de ce passage au Hellfest pour dévoiler leur nouveau single en exclusivité “Faking It” (qui sera d’ailleurs tout aussi intense que le reste du set). Moment plus que marquant : avant de jouer le dernier morceau, Serena au bord des larmes remercie le public et déclare qu’il s’agit du plus beau jour de sa vie. L’émotion est vive autant sur scène que dans le public. Il est certain, Svalbard a marqué les esprits et conquis nos cœurs par leur sincérité et brutalité. Leur premier passage ici est une grande réussite ! Sur ce, j'ai une discographie à écouter en attendant la sortie de leur quatrième album ” The Weight Of The Mask” prévue le 6 octobre.
Seize heures : c’est l’heure du goûter mais surtout celle de festivités endiablées sur la Main Stage 2 avec Beast In Black ! C’est déjà mon troisième concert (ou plutôt ma troisième fiesta) avec les finlandais et je sais déjà qu’un grand moment nous attend. Au menu, des guitares flashies, des sonorités épiques de synthé, des tenues et des solos typiques du heavy des années 80 et surtout du kitsch. Mais je vous rassure : oui, n’en déplaise à ce que nos yeux et nos oreilles veulent nous faire croire, nous sommes toujours en 2023. Les finlandais vont électriser la foule durant quarante-cinq minutes avec leur savoureux mélange de Power Metal et Heavy Metal aux sonorités et refrains addictifs. Assurément, Rob Halford et Judas Priest semblent être une grande source d’inspiration pour le quatuor, ne serait-ce que pour l’attitude scénique si fidèle au Metal God. Le chant de Yannis Papadopoulos m’impressionne toujours autant par sa propreté et sa capacité à atteindre sans aucun effort les aigus. En grande forme, il court partout sur scène sans perdre son souffle et partage cette énergie avec une foule en délire. Celle-ci danse frénétiquement, les slameurs ne s'arrêtent pas et un circle pit ou plutôt une chenille(pit) se forme sur “Blood Of A Lion”. Sous ce soleil de plomb nous n’avons pas le temps de souffler une seule seconde, une pluie de mélodies de claviers s’abat avec les morceaux kitchissimes comme “Sweet True Lies”, “Die By The Blade” ou encore “One Night In Tokyo”. Tandis que la virtuosité et la technicité des riffs frétillent avec “From Hell With Love” et “End Of The World” qui conclura le set en beauté. La Main Stage s’est enflammée, l’ambiance fut folle ! La première prestation de Beast In Black sur les terres de Clisson marque les esprits par cette ardeur dévorante. Les lances à incendies sont sorties devant les crash barrières pour arroser un public totalement en ébullition.
Alors que le soleil cogne toujours aussi fort, la machine de guerre Arch Enemy débarque avec fracas sur la Main Stage 2. Si les suédois sont des habitués des longues tournées dignes des plus grands marathons, leur dernier passage à Clisson remonte déjà à 2018 pour la promotion de “Will To Power”. C’est un plaisir de les retrouver cinq ans plus tard avec des nouvelles compositions issues de “Deceivers”, leur dernier né discographique qui a vu le jour en 2022. Cette nouvelle production est fidèlement mise en avant avec cinq morceaux (sur onze formant l’album) joués dans le set. Nous pouvons citer “Deceiver, Deceiver", "House Of Mirrors" ou encore "Handshake With Hell" qui pourra surprendre (ou faire grincer les dents) avec sa flopée de chant clair. Il est certain que l'arrivée d’Alissa White-Gluz au sein de la formation en 2014 lui a apporté un certain renouveau : son Death Mélodique est devenu de plus en plus accessible sans toutefois perdre les démonstrations de virtuosité de ses musiciens. Effectivement, Michael Amott et Jeff Loomis accompagnent cette hargne avec une fine précision dans leur jeu de gratte. Revenons à Alissa qui fait le show à elle seule. Il faut dire qu’il est impossible de la louper puisqu’elle trône au milieu de la scène toute de bleu vêtue dans sa combinaison intégrale. La frontwoman occupe l’espace, bouge et saute dans tous les sens et harangue une foule totalement électrique. Indiscutablement, les nouveaux singles issus de “Deceiver” sont déjà devenus des classiques pour une nouvelle génération de fans. Je regrette toutefois l’absence d’"anciens" classiques comme “No Gods, No Masters”, “Ravenous”, “Under Black Flags We March” ou encore “We Will Rise”… Pour réconforter les "vieux" fans, nous retrouvons deux morceaux de leur album culte “Doomsday Machine” (2005). Évidemment, il est difficile en quarante-cinq minutes de prestation de compiler trente ans de carrière et douze albums. Le choix est donc justifiable de se concentrer sur la nouvelle "ère" du groupe qui comprend, mine de rien, déjà trois albums à son actif (“War Eternal”, “Will To Power” et “Deceivers”). Le second point que nous pouvons reprocher, et qui est un défaut assez récurrent des shows d’Arch Enemy, est ce manque de spontanéité. Tout est millimétré et se répète inlassablement d’un concert à un autre, d’une date à une autre et d’une ville à l’autre. Personnellement, c’est déjà mon huitième concert d’Arch Enemy et j’ai une fois de plus le sentiment de voir la même prestation, les mêmes gestes, les mêmes interactions et discours exactement aux mêmes moments du set. En soi nous passons un très bon moment, c’est cadré et soigné mais avec cette sensation de déjà-vu qui nous gâche cet effet de “waouh” devant des musiciens pourtant si talentueux.
Après la bête aux cheveux bleus, c’est au tour des loups germains d’enflammer la scène avec leur grande messe du Heavy Metal. Powerwolf sont réputés pour leurs prestations implacables et impeccables et, encore une fois, ils vont nous en mettre plein les yeux et les oreilles. Scéniquement, c’est impressionnant, entre les flammes et les décors qui défilent avec des œuvres représentant fidèlement l’univers de leurs morceaux. Nous pouvons citer l’artiste Zsofia Dankova qui élabore leurs visuels depuis 2017 pour la qualité et la précision de son travail. Revenons au cœur de la prestation : grand habitué des festivals d’été et avec Attila Dorn en maître de cérémonie, Powerwolf nous tient en haleine et n’hésite pas à s’adresser en français pour rythmer un peu plus la célébration. La setlist est parfaitement adaptée pour un concert “best-of” et les classiques vont nous faire danser, chanter, sauter et mosher. Nous pouvons citer “Amen & Attack”, “Armata Strigoi”, “Demons Are A Girl's Best Friend” ou encore “We Drink Your Blood”. Il est certain que les refrains de Powerwolf sont percutants et sont irrésistibles pour nous faire chanter en cœur, qu’on les connaisse ou non. Le moment fort du set est l’interprétation de “Bête Du Gévaudan” chanté en français, s’il vous plaît ! Assurément, Powerwolf a tissé un lien fort avec son public français qui lui réserve toujours un grand accueil. Cette cohésion s’est déjà fortement ressentie ici même durant le Knotfest en 2019. Même si nous pouvons faire le même reproche qu’à Arch Enemy (à savoir celui de prestations bien trop souvent similaires d’une date à une autre), ici, on ressent davantage le plaisir de jouer et de partager un grand moment de communion ! Powerwolf confirme son statut de tête d’affiche et a chauffé un public déjà bouillant sous cette chaleur intenable. Maintenant, place à ceux que beaucoup de monde attend et qui ont fait rêver de nombreux metalheads.
Au vu des nombreux t-shirts à l’effigie de la mascotte Eddie The Head, cela ne laisse pas de doute quant au fait que la tête d’affiche de la soirée est grandement attendue ! Et ce, même si je suis surprise de voir tant de monde déguerpir après le concert de Powerwolf, laissant un vaste espace vide au niveau de la Main Stage 2. Mais voyons le positif : cela me permet de regarder le concert assise pour en savourer les détails et me reposer après cette journée chaude et dense. Par ailleurs, j’imagine que la foule s’est concentrée devant la Main Stage 1 où la magie va opérer ou s’est massée sur les autres scènes où d’autres formations étaient attendues de pied ferme. Effectivement, au vu des échos de la Temple et de l’Altar, celles-ci ont rencontré un véritable succès rendant l'accès quasiment impossible aux prestations de Lorna Shore puis de The Hù plus tard dans la soirée. Même si ces têtes d’affiches en devenir sont intéressantes, je n’ai pas hésité une seule seconde à choisir Iron Maiden dans mon programme ! Si mon dernier concert du groupe remonte à 2018 sur les terres de Clisson, il fut gâché par un son quasiment inaudible… Mon premier et véritable concert, quant à lui, remonte à 2014 et avait eu lieu bien plus au Nord au Main Square Festival (avec Ghost et Alice in Chains notamment). C’est donc un véritable plaisir de les revoir enfin !
Vers 21 heures, les premières notes du traditionnel “Doctor Doctor” résonnent, suivies de l’introduction de “Blade Runner” et le tic-tac d’une horloge qui va nous plonger pendant deux heures dans un voyage dans le temps et dans la discographie de Maiden. Cette tournée spéciale nommée ”The Future Past Tour” associe la promotion de leur dernier album “Senjutsu” (2021), les trente-cinq ans de l’album culte “Somewhere in Time” (1986) et quelques rares classiques tirés d’autres albums et triés sur le volet. Un pari risqué certes, mais que vaut cette expérience en festival ?
C’est “Caught Somewhere In Time” qui ouvre le bal en grande pompe. Première surprise puisque, avant cette tournée, ce morceau n’avait pas été joué depuis 1987. Ce qui va émoustiller de nombreux fans ! Sur scène, le dynamisme est présent même si les musiciens semblent être davantage concentrés sur leurs parties (certainement dû à la technicité particulière des titres de cet album !). Les trois guitaristes Adrian Smith, Dave Murray et Jannick Gers se partagent des riffs accrocheurs repris en chœur et d’autres plus minutieux. Le tout s’associe en cohésion avec la section rythmique de Steve Harris à la basse et Nicko McBrain à la batterie (même si ce dernier se montre plus fébrile). C’est sûr, des morceaux d’une dizaine de minutes comme “Death Of The Celts” ou encore “Hell On Earth” issus du dernier album demandent plus d’attention. Bruce est en grande forme et va se montrer comme d’habitude très bavard dans un français approximatif (même si parfois, nous le perdons dans ses explications). Presque déguisé en Doc de Retour vers le Futur, il nous parle autant de voyage dans le temps que de Louis de Funès.
Revenons au cœur de la prestation : si les morceaux du dernier album semblent davantage techniques, les singles “The Writing On The Wall” et “Days Of Future Past” apportent plus de légèreté. Le set s’imbrique parfaitement telle une histoire avec quinze morceaux divisés en trois parts égales entre “Senjutsu”, “Somewhere In Time” et les incontournables. C’est avec plaisir que nous retrouvons des classiques de la première heure comme “Iron Maiden” et “The Prisoner” ou encore “Can I Play With Madness”. Si pour la majorité, le point culminant de la soirée est l’interprétation de “Fear Of The Dark” (qui réveillera enfin la foule après plus d’une heure de prestation), pour les fins connaisseurs c’est évidemment l’interprétation de "Alexander the Great" le moment le plus attendu ! Ce morceau n’a jamais été joué en trente-cinq ans, cette tournée est l'opportunité idéale pour enfin entendre ce chef-d'œuvre. Une interprétation dense d’une dizaine de minutes et la foule aguerrie est conquise.
Pendant le rappel, et de façon assez regrettable, une partie du public commence à rebrousser chemin en pensant que le concert est fini… Dommage alors que l’apocalyptique “Hell On Earth” avec ses effets pyrotechniques (les seuls de toute la prestation) sonnent un encore cataclysmique. Ce sont les redoutables et efficaces classiques “The Trooper” et “Wasted Years” qui concluent ce voyage dans le temps avec une pointe de nostalgie. Même si nous pouvons reprocher que certains morceaux manquent à l’appel comme “The Number Of The Beast”, “2 Minutes To Midnight”, “The Evil That Men Do” ou encore” Run To The Hills”, Iron Maiden ose briser la routine et réussit son pari osé avec une prestation soignée dans les moindres détails. Soulignons l'apparition de plusieurs Eddie sur scène ou encore les lancers de missiles de Bruce et le soin apporté aux illustrations qui changent à chaque morceau. Le tout permet d’ailleurs de rythmer la cadence d’un concert réservé aux initiés et qui ne cesse de surprendre le public.
Pour répondre enfin à la question d’introduction : que vaut ce pari risqué en festival ? La réponse est plutôt mitigée. Si assurément, une communion se crée essentiellement avec les premiers rangs et les fans plus fidèles, le public moins connaisseur aura plus de difficulté à entrer dans ce voyage temporel loin des classiques habituels. Et certains ne se privent d’ailleurs pas pour râler au sujet de ces absences. Mais grand bien leur fasse : nous ne pouvons bien sûr pas dédaigner la qualité et la propreté de la prestation qui nous en mit plein les yeux ! Iron Maiden joue et vit sa musique en live au travers des rythmiques de leurs sonorités Heavy Metal. D’ailleurs, cela mérite un grand respect pour livrer à leur âge une prestation aussi dynamique et technique ! Ayant eu l’occasion de revoir le groupe en salle quelques semaines plus tard, je peux confirmer que ce “The Future Past Tour” a eu davantage d’impact et encore plus de saveurs. La foule était électrique et fredonnait en chœur chaque morceau. Si cette date au Hellfest est la seule en France, espérons que Iron Maiden honorera cette tournée exceptionnelle en salle l’année prochaine. Histoire de revivre cette expérience dans de nouvelles conditions et surtout de rêver une nouvelle fois..
La soirée continue sur la Main Stage 2 avec une prestation riche en émotion. Il m’est difficile d’évoquer Within Temptation sans y lier le côté personnel. Je les écoute depuis une dizaine d'années, telle une histoire d’amour et de passion avec des hauts et bas. Effectivement, leurs dernières sorties ont pris un virage orienté Metal Moderne, s’éloignant de leur Metal Symphonique. Si dans un premier temps, j'étais très frileuse à la sortie de “Resist” en 2019 qui marque nettement ce changement, leur prestation au Hellfest la même année a réussi à me convaincre. Les néerlandais avaient bénéficié d’un créneau plus court en début de soirée et d’une ambiance bon enfant entre des légers mosh pit, circle pit et même un wall of death.
Ce soir l’ambiance est plus intimiste. Et pour cause : une grande partie du public a déserté pour voir les prestations de Clutch et Meshuggah. Au moins cela nous donne l’avantage de bien nous placer sans nous faire bousculer afin de profiter des moindres détails de la prestation et de sa configuration soignée. Une sculpture de visage robotique gigantesque décore la scène. Celle-ci s’articule, s’illumine et se déplie au rythme du show, le tout étant accompagné par un écran vidéo qui accompagne chaque morceau avec pour mot d’ordre des extraits diffusés : la thématique futuriste. Pour compléter le tout, au milieu de la scène nous retrouvons une estrade sur laquelle Sharon Den Adel se positionne la majorité du temps pour haranguer la foule.
Revenons au cœur de la prestation : l’introduction avec le discours de Winston Churchill fait retentir les premières notes épiques de “Our Solemn Hour” (2007) qui ravira les fans plus pointus ! La setlist est agencée aux petits oignons avec les morceaux les plus efficaces et connus comme “Paradise (What Abous Us ?)”, “The Reckoning” ou encore “Faster”.. Sans oublier les nouveautés avec le très récent single “Wireless” qui se révèle très efficace et dynamique tout comme” Entertain You” et “Don’t Pray For Me” sortis l’année dernière. Inévitablement, ces morceaux marquant davantage la transition vers un Metal Moderne et la surprise de la soirée va confirmer mes propos. Within Temptation nous fait une belle surprise et dévoile pour la toute première fois le single “Bleed Out” avec ses tonalités Djent. Ceci permet d’ailleurs de mettre en avant les tonalités de Martijn Spierenburg aux claviers parfois oublié et noyé dans cette production très moderne. Pour autant, les morceaux de la première heure ne sont pas oubliés, “Angels”, “Stand My Ground” et “What Have You Done” s’intègrent parfaitement et font résonner la nostalgie pour de nombreux fans. La prestation est rythmée par la rayonnante et charismatique Sharon qui déborde d’énergie et n’hésite pas à communiquer avec une grande sincérité avec le public. Elle dédie “Raise Your Banner” à l’Ukraine dont elle n’hésitera pas à brandir le drapeau. Effectivement, elle semble très touchée par les événements qui frappent notre monde et en parlera durant la soirée à plusieurs reprises en introduction à des morceaux comme “Wireless” et “Don’t Pray For Me” qui évoquent ces sujets.
Tandis que le très pêchu “Supernova” prend une nouvelle dimension plus émotionnelle, elle le dédie à son père décédé et espère qu’on puisse se connecter à ce morceau. La prestation touche bientôt à sa fin avec le majestueux “Stairway To The Skies” qui permet de mettre davantage en avant la virtuosité des guitaristes Rudd Jolie et Stefan Helleblad. Après une heure et demie de prestation haute en couleur, en émotion et en effets pyrotechniques, les notes de “Mother Earth” vont faire chanter la foule en chœur. Ce morceau sorti il y a plus de vingt ans rappelle les origines et les grandes heures de la formation. Car oui, Within Temptation puise ses origines dans le Metal Symphonique mais a réussi à s’adapter et à se renouveler au fil du temps et ne pas tomber dans les clichés du genre.
Pour conclure, la prestation soignée dans les moindres détails comblera une foule nostalgique mais aussi de fans plus curieux et de nouveaux. Je regrette juste l’absence (encore une fois) d’”Ice Queen” sur le set, qui est à mes yeux le meilleur morceau de clôture. Mais Within Temptation m’a conquise à nouveau et j’attends avec hâte le nouvel album prévu pour la fin de l’année ou début 2024. Les paris sont lancés !
Si cette soirée aurait pu se conclure sur cette belle note, je décide de regarder la prestation de Carpenter Brut qui m’avait laissé un très bon souvenir en festival en 2019. Si toutes les cases sont cochées entre un synthwave sombre et des effets lumineux grandioses à faire fuir un épileptique, je reste pourtant de marbre… surtout quand un guest au chant débarque sur scène sur “The Widow Maker”. Le côté intimiste de Carpenter Brut et de ses extraits vidéos de films gore, rétro ou encore des paroles des morceaux pour transformer le pit en karaoké géant semble être révolu. Et ce revirement de décors et de shows pour cette tournée a de quoi déstabiliser. Pour ma part, si j’accepte certains changements, cette transition ne passe pas pour le moment. Je lui préférais le côté bien plus transcendant et bien moins jetset de mes souvenirs . Je décide de conclure là cette journée dense.
Un troisième jour marqué par de nombreuses prestations hautes en couleur et surtout une chaleur écrasante. Mais demain, les caprices de la météo vont nous montrer un nouveau visage…
Retrouvez très prochainement le premier hors série Cult Of Metal dédié au Hellfest
Retrouvez l'ensemble de la galerie photo ici :