Genre : Desert Rock
Pays : Etats-Unis
Label : Magnetic Eye Records
Date de sortie : 31.05.2024
Je vais finir par croire que ce n’est pas spécialement Magnetic Eye qui a du flair pour signer des talents, mais simplement que les genres dont ils sont coutumiers ne proposent que du très lourd. Sujet du jour : High Desert Queen et leur deuxième album. Une petite surprise si, comme moi, vous trouvez leur nom si bateau que vous auriez jurés qu’ils étaient soit plus vieux, soit qu’il existe un ou plusieurs homonymes. Mais qu’importe si, comme de nombreux genres, certains codes se mutent en clichés. Quand la recette est bonne, on la mange avec plaisir. Et c’est justement ce que propose le quatuor américain.
Les ingrédients habituels sont au rendez-vous : un gros travail sur les ambiances, deux titres magistraux qui font pleinement usage de leur longueur pour nous faire planer et bouleverser nos sens en partant dans tous les sens, des effets à gogo pour façonner des titres presque hors-du-temps… Tout est 100% pur jus, et très maitrisé. Je pense que mon goût pour les titres bien longs n’est plus à démontrer, et ce n’est donc pas une surprise si les deux coups de cœur de cet album coup de cœur sont "Head Honcho" et "Solar Rain". Le premier traîne d’un pas lent, et beugle son refrain simpliste dans le lointain, avec grande puissance. Les instruments sont tantôt hypnotiques, tantôt endiablés et mélodieux, et se permet une longue pause de trois minutes sur sa deuxième moitié, où le chant devient presque parlé et le titre groove sévère… Mais pas autant que sur "Tuesday Night Blues", où seul le final s’emballe dans une cavalcade sonore, alors que le reste du morceau est épuré et moody, instaurant une ambiance calme et lancinante. Le deuxième titre généreux, "Solar Rain", est plus atmosphérique encore, presque cosmique… avant de s’emballer pendant près de six minutes dans un capharnaüm torturé, où la guitare déploie sa virtuosité et son coffre, tandis que le chant devient hurlant. Difficile de résumer un titre aussi riche et mutagène, qui semble conté une aventure à lui tout seul. Mais c’est une pépite.
Le reste de l’album se défend impeccablement aussi bien sûr. "Palm Reader" lorgne du côté de l’hard rock pour proposer un tube plus dansant, faisant rouler des épaules et tapoter du pied. "Death Perception" est doux-amer, laissant pleinement la place à une deuxième voix, féminine, celle d’Emma Näslund, tant lors de passages plus minimalistes où sa voix plus douce (et même un poil trop discrète…) vient contrebalancer le chant plus agressif et fort de Ryan Garney. Le titre est lui aussi une réussite, allant crescendo et jouant avec les tempos, offrant comme il se doit une place de choix, une place de roi, à la guitare, qui offre tout ce qu’elle a dans le ventre.
Comme souvent pour notre genre préféré et ses très nombreux sous-genres, les groupes récents rendent plutôt hommage aux codes plutôt qu’ils ne cherchent à les briser. Mais ce n’est un problème que pour les personnes avides de nouveautés… comme moi donc. Les autres, plutôt gourmands de toujours avoir plus à se mettre sous la dent peuvent se jeter sur High Desert Queen sans crainte… Le quatuor texan assure grave, et nous attendons de pied ferme la suite !