Genre : Sludge/Hardcore
Pays : Suède
Label : Prosthetic Records
Date de sortie : 05.04.2024
Horndal m’a surpris très agréablement avec ce nouvel opus, le troisième à leur actif, et notamment parce qu’il délivre nettement plus que ce qu’il ne semblait y paraître. Déjà, soulignons le fait que le groupe se prénomme ainsi pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de leur village natal… Et dans le cas de la Suède, ça donne un nom qui claque ! Mais surtout, le groupe va nettement plus loin que ce que le mix "sludge/hardcore" pourrait supposer. "Calling : Labor" est ainsi bien plus lumineux qu’on aurait pu le croire, presque étincelant même, malgré la voix caverneuse et bien énervée qui vient ponctué le titre, de même que les percussions sous-forme pratiquement de tambours de guerre ! "Exiled" parait presque sortir d’un album de death rock, avec son atmosphère angoissante et ses instruments hypnotiques et saturés. "Fuck The Scabs" est le titre le plus ouvertement Hardcore de la galette, et se veut aussi cradingue que féroce, jusqu’à partir dans la plus folle cacophonie. "Famine" part sur un curieux groove, là aussi tout aussi captivant et mystique. Tandis que le leitmotiv de "Blacklisted" est aussi farouche qu’envoûtant… Un bon résumé de l’œuvre du groupe finalement !
Comme souvent dans mon cas personnel, le titre le plus long représente véritablement le coup de grâce d’un album. C’est également le cas de "The Shining Specter" et ses six minutes et quelques. Il parait désolé et mortifère, traînant sa carcasse d’un pas oppressant, malgré une guitare lointaine presque triste. Le titre se permet, bien naturellement, de varier les plaisirs et de jouer avec ses atmosphères tantôt mélancoliques, tantôt militaires. "Evictions" est une vraie sulfateuse, une pure machine de mort, où la gratte frappe sans concession, et s’emballe dans un tourbillon infernal… pour finir sur une simple guitare sèche, sans fioritures, sans voix, sans rien d’autre que ce final minimaliste et doux. N’importe… "Orange Legacy" vient nous coller un uppercut juste après ! Là aussi, l’un des titres les plus costauds de l’album avec "Fuck The Scabs", avec des relents presque black finalement, avec sa grandeur étouffante, caverneuse et âpre ! Le titre est sombre et violent pour nos sens, tout en brillant précisément par ce capharnaüm auditif et outrancier. Son final repart vers de l’hypnose à même de créer le malaise, tout en surprenant par ses sonorités presque mystiques là encore. "Creature Cages" revient (un peu) vers la lumière, et le chant devient presque fantomatique et monstrueux. Les riffs sont quant à eux, sont très distants, comme effacés par les sables du temps, et nous emmènent vers l’intemporel, vers le mystérieux et l’inquiétant. Jusqu’à ce que tout s’emballe et s’embrase dans un ultime râle qui s’achève presque aussi vite qu’il a débuté, faisant la boucle avec le titre d’ouverture, dénommé lui aussi "Head Hammer Man" …
Vous l’aurez compris, c’est un sans-faute pour Horndal, que ressort des abysses pour délivrer une cartouche maîtrisée qui se permet de jongler un peu avec ses ambiances pour ne jamais lasser, et surtout nous offrir le luxe de se faire bombarder l’audition autant que de se poser et de profiter de sa grande virtuosité.