Genre: Electro-indus
Pays : France
Label : Wire Control
Date de sortie : 19.01.2024
Priest sortait "Body Machine" en 2022, Horskh ouvre 2024 avec « Body »… Impossible de ne pas y voir d’évidents hommages aux pionniers du genre, même si le trio français explore bien plus de terrains que la seule EBM. Et ça fait rudement plaisir, 2023 ayant été un cru plutôt pauvre pour ce genre de musiques sombres, mais punchy… Il y a bien eu le dernier né de Minuit Machine, toujours en France, pour gratter cette démangeaison. Et "Hyena" de KMFDM avait quelques beaux restes. Mais dans l’ensemble : mes contacts avec le(s) genre(s) l’année dernière n’ont pas été des plus mémorables. Surtout côté allemand : les différentes formations empilant les projets désespérément convenus.
On revient donc vers l’hexagone, dont la scène est plus mutique sans doute, mais follement intéressante. On parle de projets parfois anciens et à la discographie spectaculaire, comme Les Tétines Noires, Die Form ou Punish Yourself. D’autres plus récents et confidentiels, comme Schultz. Et Horskh fera invariablement penser à cette masse de talents, à la fois abrasifs et originaux. Mais contrairement à la scène allemande, copiant allègrement le travail de ses glorieux ancêtres au point de devenir insipide (coucou Schattenmann et Stalhmann…), Horskh a plus d’un tour dans son sac pour s’imposer comme une référence moderne de premier ordre, une décennie presque tout juste après son premier EP.
Mon seul contact avec le groupe se résumait pourtant au seul titre "Trying More", issu de leur précédent album "Wire". Le hasard de l’algorithme Spotify m’a propulsé vers ce morceau effréné, explosif et puissant… sans toutefois que je ne trouve le temps de me pencher davantage sur le travail du trio. C’est donc presque à l’aveugle que je découvre "Body", et l’expérience n’en est que meilleure encore. On démarre avec "Tension", un "Nirvana sauce industrielle" pour reprendre les mots du groupe. On retrouve l’énergie fracassante de "Trying More", des paroles éthérées et envoûtantes en plus. Deux petites minutes à peine, pas assez pour se rendre bien compte de la torpille qu’on vient de nous envoyer en pleine poire. Mais ça annonce la couleur… le meilleur est à venir !
"Do It" rappelle davantage cette EBM mentionnée plus haut, et évoque un peu les débuts d’Oomph ! par la même occasion. Le chant alterne à nouveau entre une douceur caverneuse et lointaine… et un refrain simpliste au possible, mais enragé ! On est sur une mélodie plutôt simple, mais diablement accrocheuse et éraillée. Et déjà un point fort de l’album selon moi ! Mais "Body" n’en est pas avare, loin de là. En vérité : tout le ventre de l’album enchaîne pépite sur pépite. Citons aussi, en vrac : "Interface" et sa voix robotique, autant que son rythme lourd et martial, pour un texte lorgnant du côté de la science-fiction… mise en garde comprise ! Et pour ne rien gâcher : le refrain autant que la mélodie sont là aussi sacrément efficaces et prenants… logique pour critiquer notre rapport à la technologie, non ?
"Body Building" est une autre cartouche remarquable. On est TOTALEMENT dans l’EBM, et le titre me rappelle "Hell Awaits" de Priest, pour citer un autre exemple récent digne d’attention. Un rythme mécanique, déchiré par un refrain toujours aussi simple et ravageur. Comme quoi gueuler le titre du morceau suffit parfois à le rendre immanquable ! "XlungX" n’est plus seulement énergique et véloce : il est carrément supersonique ! Il alterne entre éléments plus calmes, où la voix est de nouveau lointaine, presque douce… et passages distordus allant à 200 à l’heure. "Turbine ON" en est presque son opposé polaire : le titre traîne le pas, mais il gagne au centuple en force d’impact. Le trio le vend comme l’un des titres les plus puissants de son histoire… Et on serait bien bête de les contredire !
J’évoquais le ventre de l’album, dont nous venons de parler, comme pièce maîtresse de la galette. Mais les derniers titres ne sont pas à jeter non plus. "Useless Animal" est brut et froid, aux allures de machine. Un rythme aux allures simples offre un morceau très costaud et brutal. "Laying Down In The Mud" rappelle "Tension" est se veut plus accessible, plus "rock", bien qu’il ne fasse aucune concession sur la puissance. Tandis que "It Spreads", qui vient clore l’album, rappelle le travail d’ambiance de Zynthetic sur la bande-son des deux Killing Floor. Une fin instrumentale qui donne un petit goût de reviens-y, comme un teaser de choses à venir… Un nouveau cataclysme industriel, on l’espère ! Tout comme j’espère pouvoir alpaguer Horskh dans une salle chaude de ma région très bientôt. Une pépite immanquable de ce début d’année !