© : Thomas Fournier
Le trio français Horshk ouvre l’année 2024 en grandes pompes pour les fans d’indus, avec un nouvel opus faisant la part belle à l’EBM, mais aussi au grunge, pour un résultat (d)étonnant. Une tournée au travers de la France, mais comptant aussi deux dates en Belgique, vient de débuter. Et pour évoquer ces curieuses inspirations autant que leur évolution depuis leur premier EP, remontant une décennie en arrière, on a eu la chance de décrocher quelques mots à Bastien Hennaut, chanteur-compositeur guitariste du projet.
Cult of Metal : Tout d'abord félicitations pour ce nouvel album les gars ! J'ai eu l'occasion de vous découvrir avec "Wire", et son titre "Trying More" pour être plus précis... Un peu moins de trois ans après, qu'est-ce que "Body" fait de différent que son prédécesseur ? Quel était le (ou les) mot d'ordre pour ce nouvel opus ?
Bastien Hennaut : Merci beaucoup ! Cet album, BODY, est dans la continuité de WIRE. Le morceau “Trying More”, en effet, était un point de départ pour ce nouvel album. On a cherché à avoir quelque chose à la fois très agressif et mélodique avec des influences électro, métal, et grunge.
On célèbre aussi le dixième anniversaire de votre EP "Dawn" cette année. Comment percevez-vous ce premier jet aujourd’hui ? Est-ce que votre musique, ou même votre propre conception de la scène ou de votre art ont changé en une décennie ? Le premier EP, Dawn, a posé les bases de HORSKH. Il y a certains morceaux qu’on joue encore en live d’ailleurs. On a aujourd’hui ramené une identité plus Rock, c’est peut-être déjà une grosse différence avec ce qu’on faisait avant. De plus, on est énormément appris pendant ces 10 ans, et je pense que ça se ressent beaucoup dans les albums et dans les live.
Lorsqu'on évoque l'indus et ses déclinaisons, on pense souvent à l'Allemagne ou aux Etats-Unis… Moins à la France ! Est-ce qu'il y a une place pour un projet comme Horskh dans l'Hexagone ? Quand on regarde nos statistiques Spotify, nous sommes écoutés quatre fois plus aux États-Unis qu’en France, et on est aussi énormément écoutés en Allemagne. Malgré tout, je pense qu’il y a une place pour HORSKH en France, puisque les gens viennent nous voir à nos concerts, achètent nos albums, notre merchandising, et nous écoutent sur les plateformes de streaming.
Je pense forcément à des pionniers, tout aussi confidentiels que géniaux, comme Die Form, Les Tétines Noires ou encore Punish Yourself... Je sais que vous avez tourné avec Perturbator ou Carpenter Brut, mais avez-vous des liens avec les artistes indus ou assimilés de France ? Les groupes que tu cites nous ont forcément influencés d’une manière ou d’une autre, et on a pu jouer avec Perturbator ou même Carpenter Brut dans des super salles comme le zénith de Paris. Et oui on a des liens avec cette scène et notamment le groupe Shaarghot, avec qui on a fait quelques dates, et avec qui on s’entend très bien.
Ok, dernière question sur le sujet ! Mais avez-vous des artistes (du genre ou non!) avec qui vous aimeriez collaborer? Des projets qui vous inspirent ? Il y a toutes sortes d’artistes avec qui on aimerait collaborer ! Je pourrais citer Health, Ghostemane, Poppy, Deathbyromy, Brooke Candy, Ten56, David Lynch, Bring me the Horizon etc.
Quid de la Belgique? Notre scène est sans doute plus nébuleuse encore... Mais impossible de ne pas songer aux quarante ans de carrière de Front 242 ! Surtout avec un titre comme "Body Building" ;-) ... Comment est le public belge ? Oui, le titre “Body Building” est directement lié à la scène EBM et donc à un groupe comme Front 242. Si mes souvenirs sont bons, les dates qu’on va faire en Belgique sont les premières de HORSKH dans ce pays !
Venons-en un peu à l'album lui-même ! A la lecture de la promo, et surtout des explications rattachées aux différents singles, on comprend que les paroles ne sont pas qu'un élément musical en plus. Comme un bon récit de science-fiction : y'a du sens derrière, de la mise en garde même... en atteste "Interface" ! Vous êtes plutôt technophiles ou technophobes ? Un peu des deux ? Par rapport au morceau “Interface”, c’est une constatation d’éléments qui peuvent être étranges ou faire peur. Toutefois il y a quelque chose de poétique là-dedans puisque le narrateur est un robot. La technologie est à la fois fascinante et effrayante.
Ces quatre singles (NDLR : le cinquième single « Do It » est sorti entre temps) offrent en plus le luxe d'être très différents l'un de l'autre. Était-ce une façon de montrer la pluralité de ce nouvel opus ? S'agit-il de titres plus accessibles, ou simplement ceux que vous jugez meilleurs ? Quels étaient vos critères de sélection pour ces quatre titres ? Ces titres étaient pour moi, ceux qui montraient le mieux la personnalité de ce nouvel album.
Je me questionne sur ces choix, non pas qu'ils soient douteux ! Mais surtout parce que je ressens aisément une poignée d'autres pépites : "Do It" et son refrain accrocheur ou la tornade "XlungX", explosive à souhait ! Pouvez-vous nous en dire plus sur ces titres ? “DO IT” est le single lié à la sortie de l’album. Nous avons d’ailleurs fait un clip qui correspond à ce morceau et que vous pouvez voir sur les réseaux. Je suis très content de ce titre car il y a une particularité : nous avons commencé à le composer à trois dans un local de répète. En effet, les autres morceaux de Horskh sont à 95 % en Home studio. Donc, pour ce titre, nous avions envie d’ajouter cette vibration grunge issue d’un local de répète.“XlungX”, d’une volonté de faire un morceau à la fois très agressif et très mélodique. Cette rythmique rapide était l’idée de base de ce morceau, mais je voulais y apporter un son et des textures mystérieuse et entraînante.
Je pense aussi à "It Spreads", qui boucle l'album, et qui me surprend par son caractère plus ambiant et instrumental... Est-ce que d'autres titres de ce genre pourraient voir le jour à l’avenir ? Sur un album entier par exemple ? On a déjà fait des titres comme "It Spreads" dans les albums précédents, qui étaient plus ambiants et instrumentaux. Peut-être que d’autres verront le jour à l’avenir…
Impossible d'achever ce tour d'horizon de vos titres sans évoquer "Turbine ON", que vous vendez presque comme un hymne ! Vous évoquez l'idée de continuer à avancer, malgré le chaos environnant... Un titre positif à la sauce Horskh finalement ! Non ? Oui en effet “Turbine ON” est un morceau qui est très positif finalement. L’idée est d’avancer, d’aller de l’avant dans un contexte qui peut parfois être déroutant.
Je me trompe peut-être, mais à part dans le titre "Body Building", je n'ai pas l'impression que l'album évoque particulièrement le corps ou la biologie... en tout cas pas comme fil rouge ! Dès lors, pourquoi baptiser votre dernier né "Body” ? Un hommage à l'EBM dans son ensemble ? Ou cela sonnait simplement bien ? Si, le concept de corps est présent dans tout l’album de manière plus ou moins explicite. Le corps en évolution, en transformation, en mutation ou en lutte avec son environnement. Ce corps est à la fois le mien, celui du groupe Horskh, celui du spectateur, celui du monde dans son ensemble. Et le terme body est aussi un hommage à l’ EBM qui nous à marqué et influencé dès la genèse de HORSKH.
Abordons un peu le clip de "Interface" : ce qui me marque, c'est à la fois ce costume excentrique (mais très classe !), autant que l'omniprésence d'écrans, à l'affichage "glitché"... en adéquation avec le texte, donc ! Quelques mots sur ce clip ? Sa genèse, son style... Pour le clip de “Interface”, je voulais quelque chose de très indus et futuriste. L’idée était d’avoir quelque chose de sombre et brillant à la fois et d’utiliser ces écrans de manière omniprésente. De plus, il y a eu un gros travail de recherche sur les costumes, et sur le diadème que je porte, qui est en fait comme une sorte de bijoux réalisé en 3D. Vu que le narrateur est un robot dans ce titre, je voulais quelque chose qui se détache de l’humain, et qui est surprenant. On a fait appel à Brice Hincker pour filmer et à Guillaume Roux pour la 3D. Je me suis occupé de la direction artistique globale.
Profitons-en pour parler aussi du clip de "Tension". Il paraît plus classique, mais il donne très envie si vos concerts ressemblent même rien qu'un peu à cela ! Il y a moyen de nous en dire plus ? A quoi peut s'attendre le fan qui vient vous voir en live ? L’idée du clip de “Tension” était d’alterner les passages live agressifs, dans une cave, et des passages plus oniriques, influencés par l’univers de David Lynch. Par rapport à nos lives, on peut s’attendre à avoir un show complet car on travaille chaque détail. Et nous voulons transmettre énormément d’énergie.
Cela ne se base pas sur grand-chose si ce n'est leurs titres respectifs... Mais existe-t-il un lien entre "Mud in my wheels" et "Laying down in mud" ? Le second est plus véloce, mais les deux sont abrasifs, enragés et puissants ! Il n’y a pas de lien direct entre ces deux titres, mais l’image de la boue est intéressante dans l’univers de Horskh. À chaque fois que j’imagine la boue autour de l’univers de Horskh, je pense au live de Nine Inch Nails très connu ou les membres du groupe qui s’étaient roulés dans la boue avant de monter sur scène!
Avant de vous laisser, pouvez-vous nous parler un peu de vos projets à court-terme, alors que la sortie de l'album est tout juste passée ? Une tournée ? Un peu de repos ? Déjà des idées pour un futur opus… ? Une tournée est prévue avec une vingtaine de dates et d’autres qui sont en train de se caler, pas mal de choses à gérer du côté communication et du merchandising. Vous pouvez d’ailleurs voir toutes les dates à venir sur nos réseaux, et aussi trouver nos albums en CD et vinyle. Et des T-shirts, Sweat, jogging, banane, etc sur horskh.com