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Interview avec Liv Sin


 © Dean G

 

Après cinq albums en treize ans d'existence, le groupe suédois Sister Sin annonçait la fin du projet en 2015, peu après que j’avais encore eu le plaisir d’assister à un show fantastique au Summer Breeze, un festival au nord de la Bavière. Un an plus tard, la power woman Liv Jagrell poursuit sa carrière de chanteuse en fondant un nouveau groupe aux riffs plus durs et au chant plus varié. Nous n'avons pas manqué l'occasion de parler à tous les membres du groupe Liv Sin juste après leur concert à la Rockhal d'Esch-sur-Alzette (Luxembourg) où ils ont ouvert la soirée pour leurs compatriotes de Deathstars.

Dean : Bienvenue dans mon pays d’origine ! Liv, tu m'as dit un jour que tu ne faisais que transiter par ce pays dans le passé, alors demain, pendant ton jour de congé, j'espère que tu trouveras aussi du temps pour le visiter ?

 Liv Jagrell : Non, nous ne pouvons pas car nous voyageons à Calais ce soir pour nous rendre au Royaume-Uni.

 N’est-il pas dommage que les groupes ne visitent quasiment que les salles lorsqu’ils sont en tournée ?

 Un membre du groupe : Nous essayons de sortir le plus possible mais nous ne voyons surtout que la ville.

 Êtes-vous toujours sous endorphines positives après ce spectacle ou êtes-vous en mode relaxation maintenant ?

 LJ : Je suis probablement plus d’humeur positive maintenant.

 MdG : Je suis fatigué…

 MdG : Moi c’est le contraire, j’ai beaucoup d’énergie !

 Eh bien, Liv, les tournées ne semblent pas vraiment épuisantes pour toi puisque j'ai vu sur Instagram que tu faisais du sport ces derniers jours !

 LJ : Oui, nous l’avons aussi fait aujourd’hui mais je ne l’ai pas posté.

 MdG : Nous avons utilisé l'autre salle comme piste de course ! (rires)

 LJ : Je pense qu’il est important de rester en forme.

 Travailles-tu toujours comme entraîneur personnel ?

 LJ : Je l’ai fait mais je ne le fais plus.

 Alors, quel est ton travail principal maintenant ?

 LJ : Je travaille dans une clinique vétérinaire.

 De nombreux groupes d'ouverture sont principalement animés par la passion et ne jouent pas pour gagner de l'argent...

 LJ : Sans passion, nous ne serions pas là aujourd’hui car cette tournée ne nous rapporte pas d’argent.

 MdG : Il y a aussi beaucoup de travail en amont, il faut travailler dur.

 Ton groupe a dû traverser des moments financiers difficiles, vous avez donc fait appel aux fans pour qu'ils vous soutiennent. Comment ça se passe depuis ?

 LJ : Nous avons tout essayé pour rassembler un peu d'argent et ne pas trop en perdre. Mais nous savions qu’une tournée de soutien comme celle-ci coûterait de l’argent mais d’un autre côté, c’est de la promotion pour nous. Les temps étaient également durs pour nous car nous ne pouvions pas jouer pendant les restrictions de Covid, nous ne pouvions donc pas économiser d’argent et avons dû repartir de zéro.

 MdG : Nous avons dû rendre intéressant la participation des fans pour ce soutien financier. Nous ne pouvions pas dire : "s’il vous plaît, aidez-nous !" et rester assis là, nous devions être créatifs et redonner quelque chose en retour.

 Au moins, vous n’avez pas besoin de faire recours au "pay to play"  !

 LJ : Non, je pense que je ne ferais jamais ça !

 MdG : Je viens de Londres où de nombreux groupes se donnent à cela - c'est la raison pour laquelle j'ai même pensé à arrêter de faire de la musique ! Il y avait un gars qui était beaucoup dans les médias. Il a embauché des musiciens de session a payé un énorme nombre de followers sur les réseaux sociaux. Ses publications donnaient donc l'impression qu'il avait 200 000 abonnés et qu'il avait réservé d'immenses salles au Royaume-Uni et en Europe, mais il jouait juste devant deux personnes ! Ainsi, avec les réseaux sociaux et de l'argent, vous pouvez pousser votre carrière ! Vous pouvez acheter des likes, mais vous avez besoin de vraies personnes pour apprécier ce que vous faites. Vous obtenez simplement de véritables fans en jouant des concerts. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de vrais amis dans le monde numérique, mais c’est un peu plus difficile d’aller en Amérique et d’y jouer. Néanmoins, je pense que les États-Unis seraient un pays approprié pour votre genre de musique.

 LJ : Je le pense aussi mais ça coûte tellement d'argent d'y aller !

 MdG : Il y a beaucoup de logistique et chaque État est comme un pays, donc les distances sont énormes et on ne peut tout simplement pas jouer dans l’ensemble des États-Unis quand on n’est que dix jours en tournée.

 Je suis plutôt dans les genres extrêmes du Metal, donc la principale raison pour laquelle j'ai demandé cette interview était mes excellents souvenirs de 2015 lorsque j'ai vu Sister Sin jouer une performance remarquable au Summer Breeze Open Air !

 LJ : Ouais, c’était un de nos derniers concerts avec Sister Sin !

 Après une pause, vous avez relancé le groupe avec de nouveaux musiciens sous le nom de Liv Sin. Pourquoi n’avez-vous pas conservé le nom initial du groupe ?

 LJ : Avec les nouveaux gars, c'est un groupe totalement nouveau et Dave (Dave Sundberg, batteur, ndlr) continuait toujours comme Sister Sin, donc je ne pouvais pas prendre ce nom. Je voulais aussi faire de la musique plus heavy au lieu du Rock’n’Roll old school que nous faisions. Notre musique est plus metal maintenant, donc ça aurait été bizarre de conserver ce nom. Nous formions un bon groupe ensemble mais c’était le groupe de Dave dès le début. C'est lui qui l’a fondé, c'était sa vision et j'étais juste le chanteur de ce groupe. Maintenant, je suis dans Liv Sin que j'ai commencé avec ma propre vision. Même si j'aimais être dans Sister Sin, ce n'était pas tout à fait ma musique. Je suis plutôt metal et maintenant je peux faire ce que je veux avec ma voix !

 Et les autres ?

 MdG : J’ai joué à peu près de tout sauf de la musique classique ! Je gagne ma vie en tant que professeur de guitare et j'ai commencé à jouer de la guitare avec Nirvana comme musique préférée. Après cela, je suis passé à des trucs plus progressifs et à des shredders des années 80 comme Van Halen. J'ai toujours joué dans des groupes de Rock Progressif et mon groupe préféré est Opeth. D’ailleurs, Skinny de Deathstars est un ami de longue date de Mika d’Opeth (Mikael Åkerfeldt, guitare et chant, ndlr), donc quand il parlait de Mika, je me disais : "Oh mon dieu, c’est mon héros !" (rires).

MdG : Mon passé avec le Black Metal est derrière moi, Je suis plus dans le Heavy Metal et en général des trucs plus oldschool, mais pas les plus récents.

 Venons-en à votre nouvel album. Son titre, KaliYuga, fait référence à la quatrième ère hindoue pleine de conflits et de péchés. Faites-vous référence à notre monde actuel ou à vos propres expériences ?

 LJ : Au monde actuel. C’est encore pire avec tout le chaos qui règne dans le monde.

 Quel est selon vous le plus grand péché de notre société ou de l’humanité en général ?

 LJ : Les guerres ! Je suis pacifiste.

 MdG : Toucher la batterie de Per ! (des rires).

 MdG : Je suis aussi pacifiste, je suis d’accord avec toi. Il manque beaucoup d’humanité en ce moment.

 MdG : Il y a plus de "moi" que de "nous". C’est juste noir ou blanc mais pour moi ça doit être gris.

 Je pense cependant que dans le microcosme du Metal, il existe un fort sentiment d’unité. Même si on écoute peut-être des genres totalement différents, on n’est pas divisé en différents camps.

 MdG : Pour une raison quelconque, la situation s'est en fait améliorée. Parce que quand on était jeunes, c'était comme : "J'écoute Metallica et toi Guns N' Roses, donc on n'est pas amis !" (rires). Aujourd'hui, nous pouvons sortir ensemble.

 Je pense que KaliYuga va plus loin que les anciens albums de Sister Sin. Par exemple, le morceau "King of Fools" comprend des lignes de rock classique tandis que "The Process" est basé sur du riffing moderne. Alors seriez-vous d’accord avec mon appréciation selon laquelle KaliYuga conserve une âme Heavy Metal qui s'est développée avec des éléments modernes ?

 LJ : Ouais, absolument, c'était notre objectif. Nous nous considérons comme un groupe de Metal moderne mais nous avons évidemment des racines dans le Heavy Metal classique, je pense donc qu'on peut tout ressentir. "King of Fool" est plus oldschool. Nous avons écrit l’album pendant la pandémie donc nous avons eu tout le temps d’expérimenter et d’essayer différentes inspirations car nous n’avions pas de deadline précise. C'était donc une bonne chose. Je suis fière de cet album, c’est exactement comme ça que nous voulons sonner !

Ce son a-t-il été influencé par Tue Madsen qui a réalisé le mixage et le mastering ? Je me souviens que Tomas Lindberg d’At The Gates m'avait dit que Madsen avait aussi une forte influence sur leur son.

 LJ : D’abord, quelqu’un d’autre a essayé de le mixer mais nous n’avons pas aimé le résultat. Nous avons ensuite envoyé le tout à Tue et il a fait exactement ce que nous voulions, il a fait un excellent travail !

 Mdg : Oui, c'était un moment "wow "pour nous quand nous l'avons entendu pour la première fois !

 Pouvez-vous m'en raconter plus sur la réalisation de l'album ?

 MdG : Patrick (Patrick Ankemark, guitare, ndlr) est venu avec une sorte de riff et nous y avons fait quelques variations. Après ça, nous avons essayé de le jouer ensemble.

 LJ : Comme nous avions beaucoup de temps, nous avons beaucoup jammé sur ce disque. Nous avons pu essayer beaucoup de choses, de la batterie, du chant, etc.

 MdG : J'adore les synthétiseurs mais Liv les déteste, elle ne veut pas que notre musique sonne comme du metal symphonique.

 Avez-vous pensé à réaliser la production tout seul ?

 MdG : En fait, j'ai déjà produit des albums, mais je dirais que j'étais plutôt une sorte de coaching. Quand nous sommes allés en studio avec Mike (Mike Wead de King Diamond, ndlr), il nous a dit qu’il ne se considérait pas comme le producteur de l’album mais plutôt comme celui qui enregistre.

 LJ : Nous avons dû décider comment cela devait sonner et c'était quelque chose de nouveau pour nous. Cela m’a fait essayer beaucoup plus de nouvelles choses, ce qui était génial !

 MdG : Si vous êtes dans un studio à écouter pendant une dizaine d’heures le même morceau, vous arrivez à un point où vous ne savez toujours pas si c’est une bonne piste. Donc, en ce moment, c’est agréable d’avoir quelqu’un pour vous dire que vous pouvez garder les choses telles quelles.

 Liv, tu as partagé la scène avec des groupes fameux comme Slayer, King Diamond, Doro, Arch Enemy ou Motörhead. Quels sont tes meilleurs souvenirs des deux dernières décennies ?

 LJ : Eh bien, j'en ai quelques-uns mais je pense toujours au concert de Sister Sin à Moscou. Le public russe est vraiment génial ! Nous n’avons pas joué de grands concerts en dehors de la Suède, mais lorsque nous avons joué au club Volta, une salle pouvant accueillir 1 200 personnes, nous avons d’abord pensé que ce club était trop grand pour nous. Nous avons même eu une salle de presse et des journalistes sont venus toute la journée. Les fans étaient dans l’hôtel le soir et le lendemain matin ils étaient toujours là, c’était une sensation très bizarre ! Quand nous avons joué le spectacle, 800 ou 900 personnes sont venues, donc c'était un public énorme pour nous ! Pour moi, c'est l'un des meilleurs souvenirs que j'ai gardé. J'ai eu des ours en peluche et plein d'autres choses. Avec Liv Sin, nous avons joué à Tokyo et c'était aussi l'un de nos meilleurs souvenirs. Nous avons joué en tant que premier groupe ce soir-là, donc normalement le public est plus restreint. Mais à Tokyo c’est l’inverse ! La plupart des gens sont venus pour le groupe d'ouverture, il y avait plein de monde !

 Peut-être parce qu’ils doivent travailler tôt le lendemain ?

 LJ : Oui ! (rires) Donc le dernier groupe avait une foule plus petite. Mais évidemment, j’ai beaucoup de bons souvenirs car j’ai fait de la musique pendant de nombreuses années.

 Je pense que beaucoup de musiciens auraient été heureux de rencontrer Lemmy Kilmister.

 LJ : Oh ouais, c'était aussi incroyable. Malheureusement, il n’était pas en bonne forme à l’époque, mais c’était formidable d’avoir l’opportunité de le soutenir.

 Merci pour votre temps et bon voyage au Royaume-Uni !

 LJ et les autres : Merci !



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