Crédit : William Lacalmontie
Embers est un projet singulier proposant un Rock aux multiples facettes. Le duo nous présente en mars dernier son premier EP éponyme prometteur. Au travers de cet entretien, Tibo (guitaire, basse) nous partage les détails sur la production, leur concept artistique et les projets à venir :
Pour commencer, peux-tu me présenter EMBERS ? Comment le projet est né ? Embers est un duo composé de Julien au chant et à la batterie et de moi-même Tibo à la guitare et à la basse. Le projet est né dans les alentours de 2020 avec une envie de continuer à composer de la musique comme nous le faisons Julien et moi depuis notre adolescence. Mais ici, nous voulions le faire à la maison, à notre rythme, sans agenda… C’est aussi une envie de Julien de chanter en voix claire comme il avait commencé à le faire par petites touches dans d’autres projets.
Que signifie le nom « Embers » ? Embers signifie "braises" en anglais, c'est l’idée de ce qui reste après que le feu a brûlé. C’est quelque chose qui peut s’éteindre si on le laisse mourir ou se raviver grâce à un nouveau souffle si on en prend la peine. Nous sommes quarantenaires tous les deux, nous avons déjà vécu beaucoup de premières passions, de premières expériences musicales ou tout simplement humaines. Nous avons donc déjà brûlé le feu et la fougue de nos jeunes années. C’est l’idée qu’il faut souffler sur les braises pour ne pas laisser mourir ses rêves ou ses passions.
Vous venez tous les deux de différents horizons avec des groupes aux univers et styles assez sombres. Comment avez-vous défini le genre de Embers vers ce rock très ambiant ? En réalité lorsque nous avons commencé nous ne savions pas vraiment où nous allions et ni comment cela allait sonner précisément. Nous ne voulions pas nous restreindre ou composer en respectant certaines “figures imposées" par rapport à un style affiché. C’est pourquoi nous nous présentons simplement comme "Rock" au sens large. Ce qui ressort au final c’est un peu le mix de tout ce que nous écoutons depuis notre adolescence.
Comment s’est déroulée la composition de cet EP éponyme et votre collaboration avec Francis Caste pour la production ? Comme, je l'ai évoqué, ça s'est fait tranquillement à la maison sur une période assez longue. D'abord quelques riffs dont certains que j'avais en tête depuis longtemps, puis nous y avons travaillé plus sérieusement. Je composais et j'enregistrais les guitares et la basse sur ordinateur. Ensuite, j'envoyais ça à Julien avec une ligne de chant et un texte, puis il composait et posait sa voix. Nous avons plusieurs chansons de prêtes mais pour des raisons de temps et financière nous en avons sélectionnées un nombre plus restreint.
Francis a joué un rôle très important dans l’élaboration de l’identité sonore du projet, car, nous n’avions pas vraiment d’idée précise de la façon dont nous voulions sonner. Jusqu’ici mes précédents projets musicaux ne m’avaient amené qu’à enregistrer des guitares saturées. C’était donc nouveau pour moi d’enregistrer avec des sons clairs et des effets. Il nous a également aidés à améliorer certaines lignes de basse et des plans de batterie.
La pochette est assez simple et mystérieuse. Pouvez-vous m’en dire plus sur le sujet ? Comme pour le son, nous n’avions pas d’idées ou de vision strictement définies de l’artwork. Nous avons donc laissé le talent de DEHN SORA nous guider. Il s’est chargé du logo, du clip de "Babayaga" et du viualiser de "Kopayaka" ainsi que de la pochette. Comme, nous ne pensions pas sortir l’EP en physique, nous n’avons pas vraiment réfléchi à une pochette au sens strict du terme mais plus à un visuel qui pouvait accompagner cette sortie sur les plateformes. En l’occurrence ça reprend l’idée des braises, des cendres, de quelque chose qui se délite, se consume…
Pouvons-nous affirmer qu’Embers mêle sa musique avec un concept artistique fort ? J’imagine que votre collaboration avec Dehn Sora a permis de construire cette imagerie ? C’est entièrement grâce à cette collaboration que nous avons pu construire ce concept artistique. Nous avions bien sûr des envies et des idées dans le sens où nous voulions que l’univers visuel se colle à la musique et aux textes. Cependant, nous ne savions pas précisément comment mettre cela en œuvre concrètement. Nous voulions proposer un « produit fini » le plus complet et travaillé possible. Vincent (Dehn Sora) a su rapidement trouver ce que nous souhaitions sans que nous sachions nous-mêmes clairement l’exprimer.
Pouvez-vous m’en dire davantage sur les paroles ? J’ai l’impression qu’il y a concept autour de la nostalgie et que celui-ci est très présent. Je crois que c’est un trait de notre personnalité qui ressort naturellement plus qu’un concept réellement affirmé. Même si c’est vrai que dans le nom même du groupe il y a cette idée et ce sentiment. Les braises représentent ce qui reste une fois que le feu des premières passions a brûlé. C’est certainement dû à notre âge, là où nous en sommes aujourd’hui dans nos vies en tant qu’individus… Nous ne sommes plus des adolescents mais sans pour autant nous sentir complètement adultes bien que nous ayons chacun des enfants.
Que signifie le nom du morceau "Kopayako" ? Kopayako c’est un souvenir de l’école primaire. C’est le nom que portait le tirage au sort que nous utilisons quand nous voulions par exemple désigner le gardien de but lors d’une partie au foot. Nous mettions en cercle le bras tendu devant soi et celui qui le baissait alors que les autres le levaient était désigné. C’est une manière de dire que c’est la masse qui décide sur l’individu et c’est la majorité qui a forcément raison indépendamment de la pertinence du choix en lui-même. Pour être accepté dans le groupe il faut surtout faire comme tout le monde.
Pouvez-vous m’en dire davantage sur la production de la vidéo « Babayaga » ? L’œuvre est produite par Dehn Sora. La chanson évoque un parent qui, en s'occupant de son enfant en le rassurant, se détourne de ses propres anxiétés. Nous avons suggéré à Vincent que nous voulions mettre en scène des peurs enfantines. Il a tout de suite cerné ce que nous avions en tête et l'a mis en forme. La version actuelle du clip est quasiment la première version de ce qu’il nous a proposés.
Quels sont les plans après la sortie de cet album ? Une tournée est prévue ? Avez-vous songé à pousser et travailler votre concept artistique pour le live ? Pour le moment l’idée est de promouvoir et faire découvrir l’EP à un maximum d’oreilles sur les plateformes digitales. Nous aimerions faire du live si nous avons un jour la chance de le faire dans de bonnes conditions en proposant quelque chose de complet et d’abouti. Si nous faisons du live un jour c’est qu’il y aura une vraie demande et que nous aurons les moyens et la possibilité de proposer une scénographie travaillée en termes de lumière, de décors … Nous aimerions amener sur scène l’univers et l’esthétique visuelle en plus de la musique « seule ». Dans un premier temps, nous espérons surtout pouvoir enregistrer un album complet d’ici la fin de l’année. En tout cas les morceaux sont prêts.
Pour finir, je vous laisse le mot de la fin : Merci encore Cult Of Metal pour cette interview et la chronique de notre EP et continuez à soufflez sur les braises pour qu’elles ne s’éteignent pas !