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Alice

Interview avec Tristan et Arthur d'Azelma


© Léa Tavolaro

 

Le quatuor niçois Azelma sortira son tout premier EP “Swallowed By My Own Sins” le 04 Novembre. Cet opus se compose de six morceaux dans la veine d’un Death Metal Technique puissant. Au travers de cet entretien réalisé en juin Arthur Valerioti (Basse) et Tristan Raverdino (Chant) partagent avec nous la genèse d’Azelma ainsi que les détails de la création sonore et visuelle de ce premier effort.

Pour commencer pouvez-vous me parler de la création d’Azelma ? 

Tristan : Azelma, ça commence par une bande de potes. Nous nous sommes rencontrés en 2019 dans notre ville, à Nice, chez un disquaire Metal : Hit Import. Une amitié très fraternelle et fusionnelle s’est créée, nous ne nous sommes plus quittés, nous avons grandi ensemble et surtout nous sommes tous de grands passionnés de musique. Certains de la bande avaient déjà un groupe que j’adorais. Moi, j’étais un peu plus jeune, et c’était vraiment sympa de pouvoir traîner avec eux. Nous nous sommes vraiment développés tous ensemble et sommes devenus quasiment des frères. Au bout d’un moment, nous nous sommes dit : “Faisons les choses ensemble !” . On m’a fait intégrer le projet, et nous avons commencé à travailler dans l’ombre pour faire naître ce “bébé” qu’est Azelma.

Arthur : C’est le début d’une histoire, nous nous sommes retrouvés tous les quatre avec Maelan, le batteur et Romain le guitariste. Dès le début, nous voulions faire les choses bien et nous donner à 100 % dans le projet. Encore aujourd’hui, nous consacrons nos vies à Azelma. C’est un second métier : nous nous investissons six, voire sept jours par semaine. Nous répétons, nous imaginons, nous réfléchissons, nous nous écoutons tous les jours... C’est une chance de pouvoir nous donner à fond dans ce projet ! En 2023, nous avons enregistré chez Sébastien Camhi, puis le mix a été réalisé par Gautier Serre (Igorrr) et le mastering par Thibault Chaumont. Nous avons sorti notre premier clip et single “Prométhée”, nous sommes vraiment reconnaissants des retours et de la vie que nous partageons tous les quatre.

Tristan : C’est intéressant ce que tu viens de dire, car Azelma, dans nos vies, c’est comparable au casino : nous retirons toutes nos économies, nous hypothéquons la maison, nous misons tout sur le vert et là, la roue est en train de tourner. Nous fonçons tout droit, peut-être dans le mur, mais ça nous importe peu car Azelma, c’est nous et nous ne nous voyons pas vivre et exister sans ça.

Arthur : Pour nous, artistiquement, c’est galvanisant, et nous sommes vraiment très heureux de faire cette musique tous ensemble.

Tristan : La démarche est très personnelle, et même si cela ne fonctionne pas, dans tous les cas, nous resterons tous les quatre dans une chambre à écrire de la musique six jours sur sept.

Arthur : Nous savons objectivement que ça nous plaît !

C’est très ambitieux, mais les débuts sont déjà prometteurs, donc ça va suivre ! En plus, vous avez été enregistrés et produits par des personnes influentes dans la scène metal française, Comment avez-vous tissé les liens ?

Arthur : Au tout début du projet, durant le processus de création, avant qu’il soit rendu public, j’ai contacté JB Le Bail (ex-Svart Crown, Igorrr) pour demander quelques conseils. Il nous a managés et guidés, puis il nous a donné le contact de Gautier Serre. Nous avons donc fait le choix d’investir dans ce mixage. Même si nous avons eu un peu peur au début car c’était un véritable investissement, nous nous sommes dit que si nous voulions nous donner à fond, c’était aussi de cette manière. Le projet a plu à JB et à Gautier et ils nous ont donné la chance de faire leur première partie. Ensuite, tout s’est enchaîné assez naturellement et peut-être que nous intéressons certaines personnes influentes et nous en sommes très reconnaissants.

Tristan : C’était très intéressant, cette mise de base, car nous ne voulions pas que ce premier EP soit une excuse pour le sortir le plus vite possible et avoir de la musique sur les plateformes rapidement. Nous souhaitons quelque chose qui représente une œuvre à part entière. Nous ne voulions pas que cet EP soit une démo, mais plutôt une carte de visite et le début de notre œuvre. JB nous a justement mis en contact avec Gautier, qui a eu un gros coup de cœur pour nos démos et qui nous a proposé de travailler avec nous pour le mixage. Pour l’enregistrement, il nous a redirigés vers Sébastien Camhi, c’est le gars le plus professionnel et le plus doué que nous ayons dans la région.

Arthur : C’est un véritable technicien, ingénieur du son, mais c’est surtout un musicien à la base, donc il a cette oreille musicale. Il est batteur, il est donc très pointilleux là-dessus, et c’est hyper enrichissant de travailler avec des personnes aussi exigeantes car nous nous entendons bien.

J’imagine aussi que pour vous, c’est une véritable expérience en tant que” jeunes musiciens”, si je peux me le permettre. Je ne sais pas depuis combien de temps vous travaillez la voix et les instruments, mais ça doit être très enrichissant pour vous améliorer pour la suite ?

Arthur : Ça nous donne envie de nous investir encore plus. Déjà, de base, nous avons cette chance de pouvoir donner beaucoup de temps à notre musique et à nos instruments, cela nous donne encore plus envie de progresser rapidement, et ça nous tire vers le haut. C’est très stimulant !

En tout cas, cela se ressent que votre son est déjà très technique. Du coup, le projet a été rendu public en 2023, mais ça fait combien de temps que vous travaillez dans l’ombre ?

Arthur : Ça mature depuis un an et demi, voire deux ans. Nous nous voyons tous les jours pour composer.

Tristan : Nous avons avancé dans l’ombre sans aucune reconnaissance, car nous n’existons pas et même nous n’étions même pas Azelma. Quand nous avons compris que, sans même exister, nous pouvions tenir ce rythme-là, nous nous sommes dit que nous avions beaucoup de chance de nous trouver et rien ne pouvait nous arrêter.

Arthur : Nous ne faisons pas ça pour les conséquences à la fin, mais parce qu’il y a un besoin. C’est galvanisant de travailler avec eux, je suis très heureux, et je pense que c’est partagé par tous les quatre.

Au-delà de la musique, l'image visuelle véhiculée est tout aussi importante. Le nom Azelma est assez mystérieux, pouvez-vous m’en dire davantage sur le sujet ?

Tristan : Le nom Azelma est venu de manière totalement naturelle, comme si c’était un don divin. Nous cherchions un nom, quelque chose qui allait nous représenter pendant très longtemps. Un jour, après des mois de recherche, Arthur me propose le nom Azelma. Avant même qu’il ait eu le temps de me l’expliquer et de le justifier, cela a résonné en moi. J’ai su à ce moment que nous allions nous appeler ainsi, et nous avons tous vibré avec ce nom. Mais pourquoi ce choix ? Azelma est un personnage de Victor Hugo dans Les Misérables, et si nous étions un courant littéraire, ce serait le romantisme. Il est vrai que la littérature française en général est magnifique et nous inspire énormément, et cela a tout de suite résonné en nous. Mais pourquoi choisir un nom féminin ? La thématique que nous abordons, c’est la vie, la mort, et tout ce qui se trouve entre les deux, car c’est avant tout une grande fête. Nous partons du postulat que l'existence est une absurdité absolument effarante, mais qu'il faut la célébrer, car nous sommes tous sur ce petit bout de caillou qui file à toute vitesse dans l’espace. Nous sommes là pour une durée extrêmement courte, donc il faut en profiter au maximum, vivre intensément, sans avoir peur ni se sentir en cage.Nous avons choisi un nom féminin, car la Femme est la figure la plus importante sur cette planète. En tant qu’humains, c’est grâce à elle que nous sommes en vie. Le jour où nous arrivons sur Terre, c’est parce que la Femme nous a fait le cadeau de la vie, mais elle nous condamne aussi à la mort. Cela justifie la beauté de l’existence, qui mérite d’être vécue.

Arthur : C’est ça ! Nous cherchions vraiment un nom qui nous définisse par la passion de notre musique, mais aussi par sa violence. Nous voulions quelque chose de français, car nous avons un très beau pays, un patrimoine riche, et une belle littérature. Nous voulions un thème aussi passionné que violent.

C’est très philosophique et recherché ! J’imagine que cette thématique se retrouve aussi dans les paroles : des auteurs comme Victor Hugo vous ont-ils influencés dans l’écriture ? 

Tristan : Oui, beaucoup, parce que c’est notre terreau littéraire. Après, j’ai un style d’écriture qui varie ; pour l’instant, c’est plus de la narration à la Lovecraft que du très poétique, mais ça va vraiment dépendre des textes. Je ne prétends pas être un auteur, loin de là, mais je suis avant tout un arrangeur d'idées. Nous parlons et composons de la musique, chacun propose des idées, et nous nous écoutons. Nous avons beaucoup de choses à dire et nous sommes avant tout une entité. Azelma, c’est quelque chose qui nous dépasse, c'est difficile à expliquer, mais c’est quelque chose de transcendant. Moi, je me contente de prendre les idées et de les transformer en mots qui entrent dans des cases.

Dans l’écriture, rencontres-tu des barrières avec la langue ? Tu écris directement en anglais ou tu traduis du français vers l'anglais ? Dans ce cas, j’imagine que cela apporte tout son charme dans la traduction.

Tristan : Je joue beaucoup avec les langues. J’écris en anglais parce que, comme tu l’as dit, ce serait dénaturé de prendre du français et de l’adapter, mais j’intègre tout de même des éléments dans notre langue natale. Par exemple, dans "Perception Fatale", le refrain est en français, et dans "Prométhée", on retrouve cette phrase : “Nous apportons le feu”. Je veux que l’on soit identifiés et que l’on soit identifiables. Nous ne voulons pas la jouer à l’américaine car cela ne nous correspond pas. Nous sommes français et nous voulons représenter cela.

Arthur : Nous avons choisi l’anglais car cela reste la langue universelle dans le Metal, cependant nous ne voulons pas renier notre culture.

Tristan : Nous sommes fiers de ces langues et nous voulons les utiliser pour nous adresser au plus grand nombre d’auditeurs possible. Mais cela reste un exercice difficile. Par exemple, dans "Perception Fatale", j’ai écrit le refrain uniquement avec des mots transparents, que même un anglophone peut comprendre.

C’est effectivement un exercice compliqué ! 

Tristan : Oui, c’est long ! (rire)

En parlant de “Prométhée”, c’est votre tout premier single ! Pouvez-vous m’en dire plus sur ce morceau et comment il a été accueilli ?

Tristan : Nous avons choisi “Prométhée” pour cette première mise en lumière parce que nous savions que c’était le titre le plus accessible. Nous voulions vraiment permettre aux auditeurs d’entrer dans notre univers à travers lui. Ce morceau aborde des thèmes comme la jeunesse, l’humanité, le fardeau de la conscience, ainsi que tout l’esprit de rébellion qui peut en découler. Il reflète aussi nos modes de vie et notre histoire personnelle. Nous sommes super contents de l’accueil, notamment de la part de nos pairs, dont les avis comptent énormément pour nous, car ils comprennent ce qu’est l’aventure musicale. Ensuite, d’un point de vue objectif, nous avons obtenu d’excellentes statistiques pour un premier single, surtout pour un groupe qui a débuté il y a moins d’un an. Ce matin nous étions à 36 000 vues (ndlr le 29 juin et aujourd’hui et le 2 octobre, nous sommes à 43 000.) donc, nous sommes vraiment ravis !

C’est un très bon départ ! En plus, vous avez lancé une campagne de crowdfunding il y a quelques mois. J’imagine que ce single a donné un coup de boost pour atteindre vos objectifs ?

Arthur : Oui, la campagne a été lancée à peu près en même temps que la sortie de “Prométhée”.

Tristan : Exactement, et nous avons réussi à lever pas mal de fonds, ce qui va beaucoup nous aider pour la suite.

Parlons maintenant de votre identité visuelle, notamment avec la pochette de l’album, qui est tout aussi mystérieuse. Que représente-t-elle ?

Tristan : Elle représente la personnification d’Azelma. Nous voulions une esthétique très soignée, élégante, proche de la peinture italienne. Nous sommes profondément inspirés par des œuvres comme celles du Caravage, et nous voulions vraiment exprimer à travers cette pochette la passion que nous avons pour notre musique, à la fois dans sa violence et sa beauté. Ce qui est assez amusant, c’est que nous avions déjà un modèle pour cette photo, mais notre photographe a fait des essais sur elle, et nous avons été bluffés par le résultat. Nous lui avons alors demandé si elle voulait devenir notre “icône” sur cet EP.

Arthur : Si elle voulait être Azelma, tout simplement. Nous avons été tellement touchés par son autoportrait, et nous avons tous eu la même réaction en voyant les tests : c’était elle, sans aucun doute ! La photographe s’appelle Léa Tavolaro, c’est une fille hyper talentueuse. Elle est notre photographe live et s’occupe aussi de nos photos promotionnelles. Elle a vraiment son propre style, ce qui est très intéressant. Elle a sa façon de fonctionner et cela nous a tout de suite plu. Il n’y a pas eu besoin de trop de compromis.

Tristan : En effet, il n’y a pas eu besoin de faire de compromis parce que nous étions sur la même longueur d’onde, c’est une véritable artiste.

Vous partez vraiment sur de bonnes bases, tant pour la production sonore que pour la réalisation visuelle !

Tristan : Oui ! Il y a une véritable recherche graphique, et des symboliques cachées sur la pochette.

Arthur : Il y a beaucoup de références et de connotations à la nature morte.

Tristan : Même la composition triangulaire, je trouve ça hyper esthétique. Ça permet de créer une lisibilité très agréable, c'est épuré tout en jouant avec le clair-obscur. Et bientôt, on dévoilera aussi le dos de la pochette, qui contient également beaucoup d'objets et de petites symboliques cachées.

Arthur : C'est un vrai parti pris, car du Death Technique avec cette pochette, ça peut surprendre...

Tristan : Mais c'est exactement ce que nous voulons représenter, et oui, tout est réfléchi. Nous ne voulons pas nous enfermer dans un style. Nous faisons ce que nous aimons, et nous voulons montrer que notre art nous galvanise, y compris à travers la pochette.

Oui, ça peut surprendre, mais je comprends totalement ce parti pris. Quand je cherche mes sorties du vendredi à écouter, je me laisse souvent guider par les pochettes plutôt que par le style musical. Pour revenir à votre actualité, vous avez assuré la première partie d'Igorrr et vous venez de jouer au Off du Leclerc à Clisson, ce qui est déjà un bon début. Quelles sont les prochaines dates ?

Tristan : Nous allons être en tête d'affiche sur plusieurs festivals. On commence avec le Metalifest à Lyon au Rockneat, organisé par Metal Live, ça va être une super date (ndlr : l'événement a eu lieu le 21 septembre). Ensuite, nous allons faire notre release party le 5 octobre avec Klone à Cannes. Puis, nous arriverons à notre plus grosse date de l'année, je pense : le 9 novembre avec Landmvrks et ten56. Nous jouerons avec eux dans le cadre du Distortion Festival, ça va être incroyable, d'autant plus que nous aurons notre propre scénographie.

Donc, vous avez travaillé sur quelque chose pour enrichir le live ?

Tristan : Exactement, car nous sommes un groupe fait pour le live.

Pensez-vous que nous avons fait le tour de l’univers d’Azelma, ou avez-vous quelque chose à ajouter pour donner envie de vous découvrir et de vous écouter ?

Tristan : J'espère que cette interview vous aura donné envie de nous écouter et de nous voir en live. Mais aussi de vous galvaniser, d'avoir envie de visiter des musées, d'écouter encore plus de musique, et de trouver une passion dans la vie.

Arthur : J’aimerais ajouter que notre musique est chargée d’émotions. Elle s’adresse aux personnes sensibles, et si vous en faites partie, cela devrait vous plaire normalement.



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