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Interview Tom Abrigan - Sunbeam Overdrive


© Elusive Daeva Artworx

 

Le quatuor marseillais derrière Sunbeam Overdrive est encore tout jeune et plutôt discret, mais il mérite déjà amplement votre curiosité. Avec son metal progressif, planant et abrasif, ils déploient une série d’épopées jouant avec les rythmes et les ambiances pour un résultat déjà très alléchant pour la suite. Retour sur ce premier opus en compagnie de Tom Abrigan, guitariste et l’une des voix derrière le projet.

Cult of Metal : Félicitations pour ce premier opus les gars ! Tout dans cet album m’a fait voyagé, de votre pochette aux morceaux, y compris dès le tout premier "Ascending" qui semble débuter par des sonorités orientales (mes excuses si je me plante totalement !). Était-ce le mot d’ordre de votre opus ? Aux titres de chansons souvent énigmatiques et étonnants ? Tom : Merci beaucoup pour ton retour positif !! Alors effectivement, le but était que ce disque apparaisse comme un voyage. En tout cas, nous, nous avions envie d’y relater notre propre voyage. Mais on pensait pas forcément que ce serait si identifiable. Car il faut bien préciser qu’il y a 2 lectures possibles de ce disque. La première, basique, est celle d’une personne qui va simplement écouter de la musique, un système harmonique, une signature rythmique, un texte, un son etc….. On l’écouterait comme un disque de rock qui plaît ou ne plaît pas. S'il nous plaît, on chanterait peut-être des refrains et on passerait un bon moment à écouter de la musique en somme. Et on n’avait pas spécialement pour objectif d’aller plus loin que ça. Après, il y a cette fameuse seconde lecture. Celle qui est beaucoup plus profonde et personnelle. Avant toute autre chose, c’était notre manière à nous d’écouter ce disque. Quand il a fallu le décrire aux agences de communication, on l’a décrit comme ça. Mais au fond, on aurait très bien compris et accepté que les gens ne l’entendent pas en tant que tel. En définitive, on est très agréablement surpris parce que cette seconde lecture qui nous est donc très personnelle, est celle perçue par les gens en général.

Difficile de ne pas revenir d’emblée sur "Out Of Plato’s Cave" en parlant de titres faisant travailler notre imagination ! Il est généreux, puissant, et abrasif sans oublier d’être mélodieux. Cela semblait une évidence pour vous d’en faire un single ? C’est l’un des titres dont vous êtes le plus fier, ou plutôt une belle porte d’entrée vers votre univers ? La proposition d’en faire un single est venue de notre manager (rires). Ça n'a pas véritablement été une évidence qu’il soit présenté aux gens en premier, surtout qu’il a une vraie connotation djent. Même si cette couleur fait partie de notre musique, elle n’est pas autant représentée au travers de l’album que dans ce morceau.Je sais que c’est le morceau préféré de Karim (chant). Pour ma part, justement, ce disque est une histoire donc je ne parviens pas à en tirer une préférence. Tout fonctionne avec tout. Tu sais, c’est comme si je devais dire que dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, je préfère le Retour Du Roi. Mais c’est une histoire ! Le dernier film n'existe pas sans les précédents. Pour moi, c’est pareil avec "Diama".

Je note aussi que votre musique est finalement assez bavarde ! Même si vous n’êtes pas rangés dans le post-rock/post-metal, j’en ai ressenti quelques influences (sans doute subjectives) qui m’ont frappées puisque ces genres sont souvent instrumentaux. Comment concocter un texte prégnant et puissant lorsque les instruments ont déjà une place si importante ? Il est important pour nous que la musique se suffise à elle-même. Mais avant tout, il doit y avoir ce rôle tenu de chaque instrument, de chaque élément de la musique. Donc le chant aura toujours une place dans n’importe quelle partition. Et d’ailleurs, il y a une anecdote pour ça. Quand j’ai composé "Diamond Shape", j’ai posé les instru et articulé le chant dans les couplets en sachant très bien ce qui allait se passer par la suite. J’ai montré tout ça à Karim et il n’y avait pas encore de chant sur la partie centrale du morceau, le pont. Et il me disait que de toute façon il n’y aurait pas de chant sur cette partie puisque c’était déjà riche. Et je lui ai répondu que si. Puis quand il a entendu les lignes de chant sur ce pont , il m’a dit :”Ah bah …. OUAIS!! Carrément ! Évidemment qu’il faut toujours mesurer, équilibrer, doser… Mais dans l’ensemble, je citerais justement mon bon vieux Karim lors d’une soirée où nous mangions tous les 2 : "Il n’y a jamais trop de fucking sauce dans un plat."

"Slave To The Void" était une nouvelle surprise. Encore un titre mystérieux, pour un résultat très mastoc et impactant… jusqu’à repartir vers quelque chose de plus planant et éthéré pour le pont et le final… D’où mon impression de "post-rock" ! Et c’est sans parler de quelques touches plus djent… Que pouvez-vous nous raconter sur ce morceau ? "Slave To The Void", c'était LE morceau pour faire parler les années 90’s. Ça commence tout de suite parce qu’on avait la volonté que le chant démarre dès la première note. Puis on s’est de suite mis dans les harmonies un peu particulières de l’époque avec les lignes à la Mike Patton. Ça en fait un début de morceau assez riche et par conséquent, après il y a la remise à l’équilibre. D’où le fait que la fin du morceau soit plus épurée, plus aérienne. Je ne te dirais pas que tout fonctionne de manière aussi mathématique. C’est une sensation. “Ça va… On a assez parlé. Voyageons un peu”.

De votre côté, avez-vous des titres dont vous êtes particulièrement fiers ? L’un ou l’autre morceau que vous aimeriez mettre en avant, ou bien qui est particulièrement plaisant à jouer ? Je sais que Karim aime beaucoup "Out Of Plato’s Cave", Bruno, c’est plutôt "Slave To The Void". Laurent m’avait parlé de "Shen" récemment. J’avoue que, pour ma part, je soulignerais aussi "Shen". Ce morceau représente beaucoup de choses qui font partie de moi et même que je n’exprime pas régulièrement au travers de l’album.

Je reviens sur quelques titres qui m’ont fait plaisir : "Crimson Stains" semble le morceau le plus enragé de la galette ! Avec un chant hurlé, presque growlé même ! Vous le considérez comme le titre pour "tout casser" ? Votre "titre à moshpit" ? Pour le coup, exit le côté planant ! C’est de la pure agression !

J’avais personnellement envie d’un truc un peu plus punk. Tu sais, j’adore le morceau “Rusty Cage” de Soundgarden. J’étais parti dans ce délire là. Forcément, c’est devenu autre chose au fur et à mesure que le morceau avance parce que je ne supporte pas l’idée de rester sur une seule ligne.Mais oui, "Crimson", c’est le défouloir. On le joue en dernier en live, histoire de faire les gamins avant de terminer la soirée (rires).

Navré de dire cela d’une cover, mais "Hard Sun" est peut-être ma préférée de l’album… Une magnifique façon de le finir en tout cas ! On y retrouve les relents "grungy" de l’originale, avec ce chant lointain, presque parlé, et possède un côté "poésie douce-amère" que j’adore ! Pourquoi avoir choisi ce morceau en particulier ? Comment vous l’êtes-vous réapproprié ? On a absolument aucun problème avec le fait que Hard Sun soit le morceau préféré de certaines personnes ! L’original de Gordo Peterson est déjà un bijou, Eddie Vedder en a fait quelque chose de tout aussi extraordinaire quand il l’a repris pour la BO d’Into The Wild. DIAMA a été composé à une période vraiment particulière de nos vies. Notamment pour Karim et moi. On était en plein bouleversement, en période de COVID en plus. Se téléscopaient beaucoup de sentiments et d’émotions. C’était positif autant que ce que c’était de la souffrance. Le film Into The Wild représentait bien ce qu’on ressentait à ce moment. La perte de repère, le besoin d’aventure, de liberté. Et c’est d’ailleurs lors d’une randonnée en solo que m’est venue l’idée de cette reprise. Je l’ai soumis et ça a tout de suite été accepté. Le morceau a été produit en quelques jours. J’ai jamais eu autant de facilité à retranscrire en musique ce que je ressentais. Karim est venu chanter ça comme ça. Sans réfléchir, avec ses émotions, ses joies, ses souffrances. Ça a marché tout de suite. On avait notre fin d’album.

OK, dernière question relative aux morceaux… Le titre bonus "Fainted Core" se démarque parce qu’elle n’a nullement l’air d’un bonus ! Ce n’est pas "juste" une version acoustique d’une chanson de l’album, mais une vraie onzième chanson, aux airs d’épilogue, de "vraie fin après la fin". J’imagine que son statut est dû à sa présence sur votre précédent EP… Mais elle ne jure nullement. Pensez-vous sortir d’autres titres acoustiques à l’avenir ? "Fainted Core" dans sa version acoustique date de 2021. En fait, effectivement, c’était un morceau électrique qui faisait partie du premier EP. A la sortie du confinement, on voulait juste faire une petite vidéo filmée au téléphone sur laquelle Karim et moi arrangerions Fainted Core en acoustique. Finalement, l’idée a mûri et on s’est dit qu’on allait en faire une version avec tout le monde et on en ferait un vrai clip avec le travail de Geoffrey MindRider. C’est la manière dont on s’est présenté au public à l’époque et ça a été super bien reçu. On avait même peur que les gens croient qu’on était un groupe de folk rock (rires). L'expérience était plus que plaisante et effectivement, il est très probable que nous écrivions de nouveaux morceaux acoustiques.

Pour faire la transition, je veux revenir sur ces contrastes entre titres plus mélodieux et oniriques comme "Shen" ou "Hard Sun", et les gros pétards que sont "Deaf and Blind" ou "Crimson Stains", même si l’on retrouve souvent un peu des deux au gré des titres. Cela contribue à donner un côté "fil rouge" à l’album, comme un récit fait de périples et de moments de quiétude. Comment envisagez-vous "l’équilibre" d’un album ? Est-ce que le processus créatif à été très smooth ou bien au contraire, avez-vous dû retravailler ou supprimer des titres pour atteindre cet habile mélange ? L’équilibre, chez nous, chez moi, c’est une religion. Dans un son, dans un riff, dans un couplet, entre un couplet et un refrain, dans une chanson, entre une chanson et une autre… Et forcément dans un album. C’est parce que la compo de l’album avait cela pour leitmotiv qu’elle est devenue naturelle. Les chansons existantes sur "Diama" sont les seules qui ont été composées pour ce disque. Elles avaient toutes un rôle bien précis et une place bien précise même avant qu’elles soient composées. Je vais faire le troisième morceau de l’album. Il sera rapide. Ensuite je ferai le 4eme qui prendra le contrepied. Le premier doit être une synthèse de l’album. Le dernier doit être épique… etc….. Ça ne sera évidemment pas toujours cette recette là, mais la partition de l’album écrite au préalable, c’est un bon outil.

J’évoquais votre artwork au début, et je suis toujours curieux de découvrir de nouveaux artistes à suivre ! Qui l’a réalisé ? Aviez-vous une idée précise, ou bien l’artiste a eu carte blanche sur ce qu’il vous proposerait ? C’est Christophe Dessaigne AKA Midnight Digital qui est l’auteur de cette très belle image. J’avais déjà travaillé avec Christophe pour la sortie du EP de Tom Abrigan And The Shrunken Heads qui était le projet à partir duquel est né Sunbeam Overdrive. J’avais adoré l’image qui avait servi d’artwork à l’EP. Il était tout naturel que nous revenions vers lui pour travailler l’artwork de "Diama". Nous avons juste recherché une image qui nous parle parmi tout le travail de Christophe. L’album ne s’appelait pas encore "DIAMA" et même si la thématique du voyage et de la montagne était en train de se dessiner d’elle même sans que nous nous en apercevions. Puis quand Bruno (basse) est tombé sur cette image réalisée par Christophe et nous l’a proposé, ça a été le coup de cœur. Évidemment, ça nous a aidés à finaliser l’album et son univers.

En recherchant des infos sur vous pour les besoins de l’interview, je me suis rendu compte que vous étiez… Plutôt discrets ! Même votre EP semble avoir disparu de Spotify ou Bandcamp… Est-ce qu’avec Diama, vous envisagez un nouveau départ ? On imagine que la pandémie a dû jouer aussi, si j’en crois la date de votre formation… Oui clairement, "DIAMA" est un nouveau départ. Après avoir un peu analysé la situation, on s’est dit qu’il n’était pas très judicieux de laisser tout ça en ligne alors qu’on ne se retrouve pas vraiment dans tout ça. "DIAMA", c’est le son avec lequel on veut donner naissance au groupe. On a beaucoup travaillé cet album et on y a mis des choses dont on est sûr de rester fier tout au long de notre vie. Tout ce qui est sorti auparavant n’était pas vraiment abouti, ni même compris ne serait ce que du groupe. On ne savait pas du tout ce qu’on faisait et quelque part, on l’entend.

Enfin, l’étape du premier album est toujours décisive. Quel est votre planning pour les semaines ou mois à venir ? Une tournée ? Plus de musique ? Comptez-vous déjà de nouveaux fans ? On va s’atteler à tourner un maximum, faire grossir l’équipe en trouvant un tourneur. Forcément, il y aura du son nouveau assez régulièrement maintenant. On a mis du temps à sortir "DIAMA" mais on s’était juré qu’une fois l’album sorti, on resterait dans un rythme élevé quant aux productions du groupe. Il faut s’attendre à avoir du son nouveau chaque année au moins pendant un temps. De plus en plus de monde découvre Sunbeam OverDrive et se retrouve dans notre musique. Donc on va créer notre petite communauté tranquillement pour partager un maximum que ce soit sur scène ou au travers de nouvelles sorties régulières.

Merci pour votre temps, les gars ! Prenez soin de vous, bonne chance pour la suite en espérant se rencontrer bientôt en personne ! Merci beaucoup à toi et Cult Of Metal pour le soutien au groupe et à la scène metal en général.

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