Genre : Prog Metal
Pays : Allemagne
Label : Massacre Records
Date de sortie : 10.05.2024
“Healed By The Sun” vient rajouter une pièce à la machine concernant l’existence ou non d’un véritable genre baptisé "metal progressif", tant les différents groupes, y compris les plus représentatifs du genre, semblent finalement n’avoir en commun que leur complexité, leur technicité… qui se retrouve finalement dans bien d’autres genres estampillés metal. Dans le cas d’Ivanhoe, on découvre un ersatz de power metal, rendu évident par le chant d’Alex Koch, des ponts riches et mélodieux et une couleur résolument épique et puissante. Mais en termes de longueur, pour parler en termes objectifs, très peu de titres peuvent être qualifiés de véritablement longs et donc versatiles et mutagènes. Seuls “Moments In Time“ et “Broken Illusions“ (tout deux stars de l’opus d’ailleurs) se démarquent par leur durée excédent les cinq minutes. Mais à défaut d’avoir du “prog“ comme on s’attendrait (c’est-à-dire un résultat plus proche de Tool, Dream Theater ou même Savatage pour les plus rétros), on ne peut pas se plaindre d’avoir un mauvais album de power sous la main.
“Daybreak“ constitue l’intro, somme toute classique si ce n’est l’usage de sonorités électroniques un peu étonnantes, mais pas déplaisantes. Avant de déboucher sur une explosion et le début du chant sur… “Healed By The Sun“ donc. Le titre n’est pas mal du tout : le refrain prend bien aux tripes, le titre est beau et sensible, tout en ayant un coffre épique et tragique en même temps. Le piano rajoute vraiment un truc à tout cela, naturellement. Et le titre, plutôt posé, sait parfaitement bien quand il doit accélérer la cadence. “Headnut“ surprend par son intro pré-enregistrée, visiblement plutôt politique, pour un morceau qui reprend peu ou prou la formule du titre précédent (et du reste de l’album). OK, on est sur des instruments plus énervés et un tempo plus franchement maousse, mais on s’attendait presque à un bail à la Ministry avec un tel début ! Finalement, on a un titre plus théâtral. Et un chouette pont tonitruant, bien qu’un peu court !
“Moments In Time“ est donc à la fois l’un des meilleurs titres de l’opus, et aussi le plus ouvertement prog. On croirait presque avoir du Tool lors des premières secondes ! C’est planant, même un peu cosmique, et une balade plutôt tranquille et introspective. Avec une belle preuve de force technique, des sonorités de nouveau très “électroniques“ et un chant lorgnant entre le presque parlé, le dramatique et le proprement lyrique. On aurait franchement préféré moins de titres sur la galette, et davantage de chansons de cette trempe, se réinventant sans cesse ! Dommage juste que la fin soit un peu abrupte… déchirée par un “Goodbye“ (situé en plein milieu d’album ?) à la guitare sèche qui jure un peu après la bombe “Moments…“ mais au moins fait une transition sympa face au titre suivant : “Small Path Home“, power ballad bien cool et un peu consistante, un peu en dessous des cinq minutes, et qui sait, là aussi, quand prendre le temps de poser son ambiance, et quand il est judicieux de balancer la purée dans un tourbillon grandiose plutôt que féroce. Pour un titre misant tout sur l’émotion… ni à tort, ni sans que ce soit forcément mal fait (bien qu’un peu mièvre, forcément)
“Invictus“ revient un peu sur la force, à la manière d’un “Headnut“, sans troquer son caractère grandiloquent, véritable moteur de l’album. Là encore, la guitare s’illustre de bien belle manière ! On se tape une deuxième ballad pour le prix d’une avec “Picture In My Hand“, plus langoureuse est moins axée power. “One Ticket To Paradise“ est simple et efficace. Dansant à souhait, il reste bien dans la tête et il est facile à suivre. Un titre calibré pour être un single… et c’est effectivement ce qu’il est ! Avec tout de même un pont solide et lumineux pour briser un peu sa simplicité efficace. “War of Ages“ se permet encore quelques fantaisies sur l’habillage sonore, avec quelques nappes cosmiques en fond… d’un bel effet ! Et le retour surprise des enregistrements aussi… Sans que l’on ne comprenne bien leur raison d’être. “10C“ débute avec des chœurs religieux… encore un choix surprenant ! Mais qui aurait gagné à être un peu plus assumé sans doute. Idem pour cette espèce de chant de gorge en guise de transition. On retrouve de la reverb plus tard, mais on perd cette “grandeur“ de l’intro. “Broken Illusions“ est lui aussi enchanteur et laisse une large place aux instruments, qui s’expriment avec brio, comme pour l’autre titre “long“ de la galette. Avec un côté presque désespéré, et très théâtral à nouveau. Et “Awaiting Judgement Day“, sans surprise, recycle un peu tout ça, pour un titre aux allures d’apocalypse, un poil plus sombre, plus lourd, et encore quelques ultimes prouesses de la part du quintet tout entier. Avant une outro aussi courte que douce, pour clore l’album dans le calme…
La chronique est déjà bien trop longue suite à cette dissection. Donc on conclura en affirmant que s’il faut s’attendre à un hybride prog/power (voire plutôt du power à la sauce prog). Les allemands s’en sortent vraiment bien, et parviennent à insuffler quelques timides mais appréciables touches personnelles qui évitent de diluer leur identité dans une musique qui aurait pu être un poil générique, malgré les talents déployés. Une belle petite surprise malgré tout, donc !