Genre : Experimental Metal
Pays : Italie
Label : Metal Blade Records
Date de sortie : 22/03/24
En voyant "Keygen Church" dans la liste des albums à chroniquer, je me DEVAIS de sauter sur l’occasion, tant la musique issue de keygen m’a transporté une bonne partie de mon adolescence fauchée (on rappelle toutefois que le piratage est illégal… pour la bonne mesure). En apprenant qu’il s’agissait d’un projet solo d’un artiste italien, j’étais encore plus enthousiaste : l’Italie n’a de cesse de me surprendre avec des projets délirants ces dernières années, et le travail de formations comme Ottone Pesante et Master Boot Records témoignent que l’on peut proposer des titres à la fois très originaux et intéressants… Mais très qualitatifs aussi, dans des genres parfois diamétralement opposés. Et ce n’est donc pas très surprenant de retrouver Victor Love, maître architecte de Master Boot Records, derrière ce nouveau projet. Il entre pleinement dans ce qu’il fait déjà, insufflant sa technophilie au cœur même de ses sons. Mais s’il change de nom de scène pour l’occasion, on suppose qu’il doit avoir accouché d’un album vastement différent de d’habitude (encore que… GosT et son récent album encore bien différent des précédents prouvent qu’il n’est pas toujours nécessaire de multiplier les projets pour se permettre des fantaisies…) Donc bon… Il donne quoi ce nouvel album de Keygen Church, dont je ne connais finalement que la bande-son d’Ultrakill ?
On débute par une intro somme toute évidente pour un projet portant ce nom-là : orgue et chant religieux ouvrent le bal sur "Se Hai Timore Del Vero", avant de revenir aux bases après une bonne minute de musique. Après on est un poil moins dans le cataclysme retro-tech de MBR, bien qu’on en garde quelques touches, pour laisser la place aux chants liturgiques, à l’orgue donc, mais aussi un peu de piano ! Cela donne un côté très serein, très cinématographique à l’ensemble, qui ne manque pas de peps pour autant. La couleur est annoncée d’emblée… Et il vaut mieux pour vous que la musique d’église soit votre came ! Ce qui n’enlève rien à la puissance de feu du sieur Victor Love, toujours aussi habile avec ses synthés. C’est véloce et puissant, et ça s’illustre à merveille sur le deuxième titre : "La Chiave Del Mio Amor". Ce drôle de cocktail fonctionne plutôt bien, et sort du carcan désormais un peu classique élaboré par MBR : très différent du reste de la scène "darksynth", mais devenu un peu répétitif au fil des albums. Le breakdown sur "Sulla Via Della Gloria" est aussi particulièrement juteux et mémorable ! "Nel Nome Di Codice" est presque entièrement religieux, et même plutôt franchement mélodieux et calme… jusqu’à la fin du morceau en tout cas, où le synthé revient, et qu’un prochain râle vient remplacer les chœurs. On a presque l’impression de plonger un orteil dans le black !
"Lode Al Disco Sacro" rappelle à nouveau les élucubrations du bonhomme sur MBR, avec ce piano et cet orgue toujours bien présents, mais devant rouler des coudes avec un synthé broyant tout sur son passage. Tragique, puissant et désespéré, ce titre est l’un des meilleurs de la galette. Car… quel synthé ! Il saute dans tous les sens, il est âpre et dévastateur. "Il Paradiso Dell’Anima" débute de façon presque minimaliste, seulement au piano pendant une bonne minute et demie… avant de doucement rajouter les percussions, d’abord discrètes, puis endiablées. On joue avec ces différences de tempo tout au long du titre, qui repart vers du piano-only par à coup, avant de refaire un passage Choristes en fin de parcours.
On ne reviendra pas en long et en large sur les trois titres restants… Non pas qu’ils soient mauvais ! Mais ils attestent d’un souci commun à tous les albums de Victor Love jusqu’à présent. On saluera bien évidemment l’originalité de la démarche. Et la qualité de celle-ci : le mélange de synthé bien gras et d’orgue/piano plus doucereux fonctionne impeccablement ! Mais on doit malgré tout épingler un côté quelque peu "interchangeables" aux différents titres : le style de V. Love est unique, mais ses morceaux se ressemblent quand même beaucoup… Et à titre personnel, ayant connu l’époque des keygens et de leurs nombreux tubes rétro-péchus, j’aurai apprécié un délire commercial reprenant les codes de cette mode discrète (et pas très légale). Mais je pinaille… On vous recommande tout de même Keygen Church pour la curiosité !