Genre : Metal Industriel
Pays : Finlande
Label : Noble Demon
Date de sortie : 08.11.2024
King Satan qui sort "The Devil’s Evangelion" (hélas rien à voir avec l’anime) sur Noble Demon ? Il y a tellement de références au malin et ses sous-fifres qu’on croirait presque à la parodie. Mais que nenni : ce quatrième opus en près de dix ans confirme s’il le fallait encore que King Satan, c’est du sérieux (malgré qu’ils aient choisi le nom le moins original du monde pour leur groupe… toujours bon de le rappeler).
Assez de plaisanteries idiotes : place à la review ! On retrouve le mélange habituel du groupe, devenu sa marque de fabrique, à savoir de l’indus incorporant de fortes tendances sympho et même avec un soupçon de death par moments, pour des titres s’éloignant des canevas glauques (et même parfois franchement edgy ou dégueulasses) habituels du genre. Ici, on a des titres très énergiques, presque dansants même, rappelant davantage les dernières productions de Turmion Katilot (notamment l’album "Global Warning") que les Ministry ou Combichrist promis par le press kit. Tout cela (hormis le death peut-être) est parfaitement illustré dès le deuxième titre : "Abyss of the Souls", totalement enragé et bruyant, mais aussi étonnamment festif ! "Chaos Forever Now" nous offre un peu la même chose en moins bien : exit le sympho, et lorsque la guitare commence à s’affirmer, elle disparait aussitôt… un poil dommage.
La comparaison à Turmion Katilot, compatriotes plus anciens et pourtant semble-t-il moins connus, est plutôt tenace et en vérité, tout comme ces derniers, nous avons un peu l’impression qu’ils n’ont plus grand-chose de neuf à raconter. Toute la première moitié de l’album délivre plus ou moins la même sauce, avec ce chant rageur, cette électronique à l’apparat grandiose et un duo guitare-batterie broyant tout sur son passage. Mais les titres peinent à démontrer leurs nuances, au moins jusqu’à "The Carnavalesque of Dark and Light", qui porte bien son nom puisqu’il donne l’impression de pénétrer dans un train fantôme où l’on aurait remplacé l’ambiance cheapos par un vacarme glitché, où la guitare (qui peut enfin s’exprimer dans un pont endiablé digne de ce nom, bien que toujours trop court…) est reine. "Destroy The World" est aussi une curiosité, puisqu’elle commence par une intro presque solennelle, au piano, digne des plus cheesy des ballads ! On croirait pratiquement entendre une parodie… puisque le chant reste rocailleux, et les paroles troquent la thématique de l’amour pour rester sur un registre de destruction. Peut-être la plus grande et meilleure surprise de l’album au final ! Le fun est malheureusement de courte durée, puisque la chanson suivante "The Devils and Saints" reprend à nouveau la même purée… bien qu’elle fasse revenir une pincée de blast beats. La pièce de résistance de l’album, le plutôt copieux "Satanas Rex Mundi", nous gratifie d’une très longue intro (presque un tiers du titre quand même) sonnant comme un orgue un peu stéréotypique, avant de balancer un titre aux allures de réelle ballade pour le coup, au tempo lent et à l’atmosphère presque épique. A nouveau, retour à la réalité avec la plage tutélaire… même concept, mêmes idées. On a bien l’épilogue en guise de bonus, qui semble tout droit sorti soit d’un album de Ween, soit d’un générique de fin d’un vieux dessin animé Nickelodeon, les grognements indistincts mis à part évidemment…
Et c’est vraiment ça qui est terrible avec cet opus. A la limite, que cette forme de metal indus ne soit pas ma préférée (rien ne remplacera les 90s, allemandes comme américaines) n’est pas un gros problème : chacun ses goûts, et on applaudira à King Satan d’avoir su concocter une marque de fabrique à partir de ces éléments disparates qui s’imbriquent plutôt bien. Mais ils en abusent un peu trop, offrant un album trop homogène dont les morceaux se distinguent au final trop peu. Cela donne la sensation que leurs morceaux les plus mémorables sont finalement ceux où ils déconnent, les titres un peu troll ou a minima ceux où les Finlandais se lâchent un peu plus. Sans prétendre qu’un album entier pourrait fonctionner avec uniquement des titres comme "Destroy The World" et "Satanas Rex Mundi", incorporer ce genre d’idées folles soutenues par l’enclume déjantée qu’incarnent les instruments (qui mériteraient de parfois plus assumer leur place, quitte à mettre le chant de côté un petit temps) offrirait un résultat aussi singulier que follement génial. Pour l’heure, on se contentera d’un tiers d’album vraiment surprenant par ses parti pris, et deux autres tiers formant un gros bloc virant à l’overdose.