Genre : Heavy Metal
Pays : Royaume-Uni
Label : Napalm Records
Date de Sortie : 29/09/23
En tant que fan de Priest, il est difficile de ne pas être tiraillé par un mélange de joie et de ridicule face au projet KK’s Priest. Bien sûr, on ne peut que se réjouir de retrouver KK et d’autres vétérans de l’écurie JP sur un même projet, à l’ancienne, et alors qu’on les pensait jouissant d’une retraite méritée. C’est d’autant plus admirable de les retrouver sur un nouvel opus, alors que "Sermons Of The Sinner" aurait pu être un simple one-shot nostalgique. Mais qu’importe si vous vous rangez du côté de Downing, plaidant l’incompréhension et une communication maladroite de la part de ses anciens acolytes… ou du côté pro-Judas, voyant dans le comportement de KK une forme de caprice amer, n’acceptant pas d’avoir été remplacé pour de nouveaux albums et de nouvelles tournées best-of. On ne se placera pas d’un côté ou de l’autre, mais on appuiera tout de même sur l’ironie d’user autant de ce glorieux passé pour mieux vendre sa production. Le nom du groupe est l’évidence même, mais comment passer à côté de "Sons Of The Sentinel" ? "One More Shot At Glory" ? "The Sinner Rides Again" ? Il serait bien malvenu de le reprocher à Mr. Downing, tant il a été une pierre angulaire du succès et des particularités de Judas. Mais on ne peut s’empêcher de trouver ça un peu puéril.
Mais passons : que vaut ce nouvel album finalement ? Il est, peu ou prou, similaire au précédent, en bien comme en mal. Difficile de parler de cover-band lorsqu’on évoque des vétérans du groupe "honoré", mais on ne s’étonnera pas de retrouver une fois de plus du Judas Priest un peu light. C’est que malgré la virtuosité incontestée et incontestable de KK, la magie opérait chez JP précisément grâce au duo d’enfer qu’il formait avec Glenn. AJ Mills fait le café, mais Faulkner pallie mieux l’absence de KK qu’AJ le fait pour Glenn. Ripper est toujours de la partie et il prouve une fois de plus que son passage chez le Priest originel mérite plus de louanges. Rob est le boss, mais Ripper impressionne toujours, même trente ans après, et il ne méritait nullement le bois vert reçu pour ces deux albums moins bons.
Concernant les titres en eux-mêmes, il ne sera guère surprenant de les trouver assez inégaux. Certains ne manquent pas de panache et de virtuosité, donnant l’occasion de tremper un orteil dans les ponts qui ont (en partie) fait la renommée de Judas. "Sons Of The Sentinel" est de cet acabit, idem pour le court et intense "Strike Of The Viper" et le lugubre et atmosphérique "Keeper Of The Graves" ! D’autres sont un peu en pilotage automatique, sans être foncièrement mauvais. On pense à "Hymn 66" ou "Pledge Your Souls". "Wash Away Your Sins" est l’obligatoire power ballad de clôture, se déployant sur six minutes et jonglant avec le tempo pour alterner entre douceur et fragilité pour ensuite proposer un feu d’artifice final. Très correcte, mais certainement pas l’un des meilleurs exemples du genre.
Au final, il est un peu compliqué de juger cet album de manière totalement indépendante : il est invariablement connecté à Judas Priest, tel un spin-off qui s’assume à moitié. Tout comme son prédécesseur, il servira avant tout à combler le vide avant le futur album de Judas, qui se fait bigrement attendre. Pris pour ce qu’il est, il ne s’agit hélas que d’un opus sympathique et à l’ancienne, permettant de renouer avec de vieilles têtes qui nous avaient bien manqué. Loin d’être un nouveau classique, mais il fait plaisir… C’est déjà cela de pris !