Genre : Metal / Percussions industrielles
Pays : France
Label : TDB Production / Bloodblast Distribution
Date de sortie : 01.06.2023
Faut-il encore présenter Les Tambours du Bronx ? Plus de trente-cinq années de carrière, des dizaines d’artistes, un style (et même plusieurs) très métamorphe, et pourtant invariablement emprunt de leur marque de fabrique. C’est-à-dire, ça n’étonnera personne, les percussions principalement ! Grandes stars de ce "Evilution", une fois encore, pour un effet martial s’acoquinant particulièrement bien avec la teinte largement plus musclée de cet opus, pensé comme la suite logique de "W.O.M.P". On a donc moins l’effet de surprise qu’il y a cinq ans (sauf si comme moi vous étiez totalement passés à côté !), mais d’une part on ne reprochera pas à un groupe actif depuis si longtemps de consolider sa nouvelle formule. Et d’autre part prendre un tel virage metal, eux qui ont si souvent variés les plaisirs, mais sans jamais sauter pieds joints dans notre musique de prédilection ! Et si le titre de l’album ne brille pas vraiment pas son originalité ( "evil" et "metal" vont ensemble comme "bière" et "punk"), c’est la seule petite ombre au tableau, dont le résultat semble être effectivement une évolution logique de ce qu’ils proposent depuis leurs touts débuts (puisant leurs inspirations dans le rythme des machines et des locomotives… Les débuts du metal, et un fameux terreau des musiques aptement nommées "industrielles", la boucle est bouclée) ! En ce sens, le titre est plutôt bien choisi, à défaut de piquer la curiosité.
Mais parlons un peu musique, c’est pour ça que nous sommes là ! L’album est un poil moins généreux que son prédécesseur (douze morceaux contre vingt), mais il paraît plus abouti et plus revêche encore. Pour pinailler encore un rien (et après on arrête, promis !), les titres francophones sont si cools qu’on aurait aimé un parfait 50-50 ! On se contentera d’un très sympathique quart, déjà surprenant dans le milieu "rock dur", très anglophone même en France. Le premier met directement dans le bain, et porte le titre (toujours aussi équivoque décidement) de "Début de la Fin". Plutôt edgy c’est vrai, mais une fracassante entrée en matière sous forme d’appel de détresse, voire d’ultime message d’un narrateur en bien mauvaise posture. Outre l’indus, si cher au groupe, on retrouve une vibe légèrement djent, de l’ordre d’une BO de Doom (là c’est moi qui ne me mouille pas trop avec mon exemple !), et même parfois une ambiance screamo typé 2000s ! "Ghosts" en est un parfait exemple, là où "Chaos" (décidément, ils sont habiles pour trouver les noms) et "Razorback" sont des odes au boxon, envoyant valdinguer la finesse pour privilégier l’agressivité. "Chaos" maîtrise des sons électronique, rappelant même les grandes heures de la NDH, le tout se terminant par un bridge apocalyptique… Se finissant un peu vite. On aurait aimé que le titre reparte après, ou au moins qu’il soit plus long et expérimental. "Razorback" est incroyable. Elle gueule, elle rappe, et elle jongle avec les rythmes lourds comme une machine infernale. L’un des meilleurs titres de cet opus ! "Lion’s Share" est un autre banger brûlant, où les notes industrielles sont ici légion et maîtrisées à la perfection. Alors qu’on pensait avoir déjà atteint le paroxysme surgit "Double Devils", allant encore un cran plus loin que "Lion’s Share". Les 2-3 titres qui suivent sont un poil moins intéressants, mais restent très bons. "U Lost" et son piano fonctionnent plutôt bien ! "True Hate" se pare de riffs et de chœurs lui donnant une saveur épique, tandis que "Denials" revient vers du gros indus et des percussions guerrières, avec un chant agressif et des échos formant un spectaculaire (et violent !) tableau. On se quitte avec "The Power", qui comme le titre ne l’indique pas (pour une fois), est chanté en français ! Son refrain est totalement fou, avec un tempo qui tabasse… Et à nouveau une couleur douce-amère. On retrouve le désespoir du "Début de la Fin", mais avec un soubresaut de courage, de motivation. "We got the power" … la fin du début ?
Quelques commentaires sur la sortie de W.O.M.P. déploraient ce virage hargneux, surtout de la part des fans de la première heure. Dommage pour elles et eux : le groupe a choisi de poursuivre dans cette voie… et ils le font impeccablement bien. Reste à voir si un éventuel futur album tentera encore quelque chose de neuf, ou restera dans ce carcan sombre et péchu. Il n’y a en tout cas pratiquement rien à jeter dans cet "Evilution"… Allez-y sans crainte !