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Ale

MASTER BOOT RECORDS - Hardwarez


Genre : Chiptune synthetized heavy metal

Pays : Italie

Label : Metal Blade Records

Date de sortie : 11.10.2024

 

Tout comme les machines à qui il donne une voix, Victor Love fonctionne avec une mécanique bien huilée, sortant régulièrement de nouvelles expériences poussant l’électronique dans ses retranchements. Il s’agit de ma troisième rencontre avec ce petit génie à la musique brut, après les très intéressants, foutraques et puissants "Floppy Disk Overdrive" et "Personal Computer". Peut-être faudrait-il parler de la quatrième fois, si l’on compte le petit détour par "Keygen Church", énième projet annexe du maître, dont j’ai pu découvrir l’œuvre baroque et grandiloquente plus tôt cette année avec "Nel Nome Del Codice". Et vraisemblablement la Xème rencontre en fait, puisque ce n’est qu’à l’heure d’écrire ces lignes que j’apprends que Victor Love est également le maître-architecte derrière "Dope Stars Inc.", que je connais depuis fort longtemps… Au moins depuis "Terapunk", et le projet existait déjà depuis une douzaine d’années à l’époque. Autant dire que l’italien ne chôme absolument pas et trouve toujours de nouvelles méthodes pour nous surprendre. Mais la formule MBR commençait doucement à s’essouffler à mes yeux sur le dernier album… avec deux nouvelles années écoulées depuis lors, est-ce que la mise à jour souhaitée a pu avoir lieu ?

Et bien pas vraiment… mais ce n’est pas si grave ? Disons qu’on ne va pas prétendre que MBR explore réellement de nouvelles contrées avec cet opus, ses sonorités étant assez similaire à ce que l’on pouvait entendre sur les albums précédents, avec ce mélange de drums survitaminés, de sons chiptune aux relents cosmiques et de riffs sortis tout droit d’une grosse machine destructrice. Et pourtant, ce "Hardwarez" sonne vraiment comme la fin d’une trilogie… peut-être une simple coïncidence, puisqu’on n’imagine pas Victor Love suffisamment prescient pour avoir deviné qu’il ferait pile trois albums avec Metal Blade (rien n’indique qu’il n’y en aura pas davantage d’ailleurs…). Mais l’album dégage tout de même cette impression de clôture, de grand final, comme s’il était fait avec l’énergie du désespoir. On ne retrouve plus vraiment ce déluge de puissance nous balançant des assauts mécaniques à la vitesse d’une sulfateuse… Un travail tout particulier semble avoir été mené sur les ambiances déployées au gré des morceaux, sonnant souvent comme de tristes arlésiennes sonnant avec mélancolie la destruction imminente de cette machine totalement hors de contrôle. Hormis "CPU", qui se finit un peu de manière abrupte, cet ouvrage sur les atmosphères dramatiques se retrouvent de bien belle manière sur la majorité des titres de l’album : "RAM" en particulier, qui se donne presque des airs de thème de boss final d’un vieux JRPG, mais aussi "MOBO", pratiquement théâtral et rappelant "Keygen Church" justement. Et "GPU" se donne presque des allures de ballade, soulignant la deuxième caractéristique principale de cet album : il est assurément plus "metal" que ses prédécesseurs.

Aucune idée si le fait de donner des concerts sous la casquette de MBR aura donné des idées à Victor Love, ou bien s’il s’agit d’une simple envie d’insuffler un peu plus d’un genre hautement mutagène et se mariant de temps à autre avec l’électronique (metal industriel en tête…  et feu la Nintendocore, évidemment). Ce n’est que trop évident sur la bombe "FDD", ainsi que sur "HDD", et on ne me fera pas croire que ce n’est pas de la vraie guitare bien grasse que l’on entend pour nous érafler les écoutilles. En atteste son omniprésence en live, c’est presque certain que la guitare a toujours fait partie de l’ADN de MBR : simplement, le doute planait sur le fait qu’elle puisse avoir été générée par ordinateur, ce qui aurait été dans le thème. Sur "Hardwarez", c’est certain qu’elle est vraie. Et c’est un vrai plus.

Une grosse partie de cette chronique repose sur de la simple théorie, empruntant beaucoup d’une interprétation très personnelle qui, si on en croit le dernier titre "CASE", pourrait très bien n’être spéculation. Le titre, s’il n’a rien de mauvais, vient presque dénaturer l’avant-dernière track "PSU" : elle semble incarnée le désespoir, révéler toute la beauté derrière la froide brutalité de MBR, comme si elle cherchait à exploser dans un baroud d’honneur magnifique. Mais "CASE" vient un peu balayer cela, en repartant vers des tonalités plus âpres et musclées, plus sombres et fracassantes, avant de se finir à nouveau un peu comme un pétard mouillé… Une ouverture vers la suite ? Un manque d’audace à clore un chapitre ? Ou l’envie réelle de finir par un titre plus costaud après tant de pistes plus sensibles et mélodieuses ? Mystère…

Quoiqu’il en soit, là où "Personal Computer" finissait par tourner en rond et à lasser, ce "Hardwarez" parvient à tordre les codes pratiquement inventés par Victor Love lui-même pour offrir un peu de sang neuf. Et rien que ça, c’est vraiment appréciable. Les quelques petits bugs de la galette sont parfaitement oubliables face à la profondeur accrue de cet opus, le plus abouti du projet Master Boot Records jusqu’à présent.



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