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Ale

METIDE - Erebos


Genre : Post-metal

Pays : Italie

Label : Black Lion Records

Date de sortie : 07/07/23

Ce deuxième album de Metide avait d’emblée tout pour m’enthousiasmer. Son label de prime abord, son genre aussi, dont je suis particulièrement friand pour instiguer une ambiance lorsque je travaille, rédige, lis, ou joue. Et aussi, et peut-être surtout, son pays d’origine : l’Italie. Un pays qui m’a très souvent surpris par l’éclectisme inventif de ses artistes, rivalisé peut-être uniquement par la France, elle aussi porteuse de nombreux projets étonnants. Un cocktail prometteur, qui me donnait très envie de m’y jeter la tête la première.

Le post-rock est presque exclusivement instrumental, mais le post-metal est lui un peu plus bavard… Et souvent moins épique et onirique, mais plutôt désolé et lugubre. Metide ne met pas de gants et entame son album avec "Acheron" et une sorte de vacarme distant, avec des murmures semblant parvenir d’une radio et se répercutant en échos, comme si l’on se relevait d’un grave désastre. Peu de temps après viennent les instruments, timides encore, sonnant presque comme la bande-son d’un film catastrophe. Vous êtes avertis : on ne part pas sur de la bonne humeur ! Rien d’étonnant pour un opus qui nomme tous ses titres d’après des fleuves infernaux, jusqu’à arriver à la personnification des enfers elle-même (Erebos, pas Satan… Faut suivre !). Le chant n’est pas primordial, mais il est éraillé, énervé, inquiétant… à l’image de l’ambiance que souhaite déployer le groupe tout au long de ses titres fastueux, presque des chapitres à part entière. Il s’agit de ce genre de musique où il est crucial de se laisser envelopper, de vivre les sonorités déployées… Les instruments dépassant heureusement cette intro glaçante, pour donner l’impression d’un périple remué, mais hypnotique. Jusqu’à un certain point… "Acheron" forme une boucle et retourne aux murmures radiophoniques et à ce silence assourdissant pour clore ses onze minutes d’aventure…

"Lethe" est donc au moins le deuxième morceau d’excellence portant ce nom (après le thème du Scarred Womb de Binding of Isaac !), et il débute lui aussi par la mélancolie et la désolation. Une guitare qui traîne, et une basse semblant bourdonner dans nos tympans, alors que le son de la pluie s’abat en arrière-plan. On aurait pu en rester à cette triste poésie, si le chant ne revenait pas nous rappeler qu’on est bien en enfer, et qu’il vaut mieux ne pas se laisser bercer par le clapotis de l’eau trop longtemps ! De quoi être déboussolé, vu que la seconde moitié semble toujours évoquer un voyage plutôt calme, perturbé uniquement par un chant devenu lointain, perceptible comme un râle de menace. "Styx" parlera sans doute même à celles et ceux n’ayant que peu de connaissances mythologiques, et sans surprise, la chanson démarre de manière plus musclée que les deux autres. On est rapidement gratifiés d’une guitare plus costaude et impactante, sonnant presque comme une trompette infernale par moments, et un chant plus marqué lui aussi, plus désespéré presque. Ce titre se place moins dans de l’atmosphère pure, et s’offre le luxe de délivrer des impressions de grandeur, d’épique. "Cocytus" devient presque industriel, avec ses sonorités brutes, ses percussions glauques, et toujours ce râle lointain comme pour rappeler que cette petite escale (de quatre minutes et demie tout de même) ne doit pas nous faire oublier la fin du voyage… Bien mal vous en prendra d’ailleurs, tant le dernier tiers du titre envoie patate ! Sans doute mon petit préféré, par son audace sur ses percus ! "Phlegethon" revient aux bases, toujours dans cette atmosphère jamais totalement noire, mais toujours un peu inquiétante, prenant bien le temps de prendre sa place au fil de dix minutes de chanson. Là aussi, la guitare prend parfois des allures de cuivres annonciateurs de la fin des temps, tant elle devient stridente et décadente. "Erebos" fait presque office de conclusion timide, du haut de ses petites quatre minutes. Et là on y est, à la fin des temps ! Le titre débute par de lointains cris glaçants d’effroi, et un piano sous forme de compte à rebours… Rapidement supplanté par une basse et une batterie plus violente que jamais ! Le chant n’est plus éraillé, mais murmuré d’une voix inquiétante, comme s’il récitait ce qui nous attend maintenant que nous sommes arrivés aux enfers. Renforcé évidemment par les paroles en italien, ajoutant un côté solennel et ancien à l’ensemble… Vous l’avez voulu ? Et vous y voilà : les enfers vous attendent. Seul un futur album des italiens pourra nous confirmer si vous vous en êtes sortis…

Le tout forme une descente aux enfers plutôt maîtrisée et logique, débutant par un périple inquiétant, mais dépaysant, berçant… Jusqu’à basculer dans les méandres plus on se rapproche de notre ultime lieu de résidence. Jamais on n’oublie de nous rappeler le sort funeste qui nous attend, et lorsqu’on l’atteint, la musique est alors à son plus sombre. Un excellent périple, qui mérite de s’écouter d’une traite.



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