Genre : Alt Rock
Pays : Finlande
Label : Reaper Entertainment
Date de sortie : 26.04.2024
Un rapide aperçu du CV des différents membres impliqués dans ce supergroupe (et ce n’est pas comme si ledit supergroupe s’en cachait, puisqu’il l’annonce haut et clair sur son site internet) peut amener vers une certaine surprise en découvrant le résultat final. On parle tout de même de membres de Children of Bodom ou Disco Ensemble (je ne connais pas Lapko hélas !) quand même… Qui officient dans des genres tout de même plutôt éloignés de ce que Moon Shot nous propose. Ce n’est pas vraiment une première cela dit, c’est même plutôt fréquent pour des artistes d’unir leurs forces pour accoucher de projets très différents de leurs groupes phares, trop différents sans doute que pour justifier l’incorporation au sein de leurs discographies plus classiques. C’est donc entre kitsch et bonne humeur, titres inspirants et chansons lumineuses, plaisirs d’ados et puissance accrocheuse que l’on (re)plonge dans l’œuvre de Moon Shot. Leur musique fleure bon la première décennie 2000, et ça parlera forcément au chroniqueur que j’incarne, qui était alors encore pleinement dans l’enfance à cette époque.
On débute en fanfare avec "Life Is A Killer", un titre largement plus lumineux que ce que ce titre nihiliste laisserait supposer. L’intro est inspirante et semble nous diriger vers le soleil, la plage et l’eau cristalline… avant de finalement basculer vers un chant presque doucereux, tranchant les instruments avant de les faire revenir pour un refrain d’une rage fragile. Fabuleuse entrée en matière ! "Blacked Spiral", qui poursuit l’album, débute lui aussi avec un sale groove qui place tout de suite dans l’ambiance, et le chant vient parfaire l’ensemble, donnant presque des allures de générique de dessin animé ! C’est tout bonnement épique, avec quelques riffs plutôt juteux à se mettre sous la dent pour concocter un titre généreux et mémorable d’une durée pourtant très classique. "The Power" débute lui aussi avec aplomb, ou plus justement avec une basse bien ronde et hypnotique, et une sorte de leitmotiv presque chiptune ! Le tout sublimé par un refrain, à nouveau diaboliquement facile à fourrer dans notre crâne… C’est à la fois beau et niais, et c’est un véritable régal !
Je dois vraiment me retenir de ne pas m’étendre sur tous les titres… "Arms Around Me" est un petit bonbon, comme son titre le suggère, avec une guitare répétitive et douce à la fois, partageant son trône avec un refrain bien mièvre, qu’il est presque impossible de ne pas aimer un peu (beaucoup… passionnément), on regrettera peut-être son pont un poil trop vite expédié, alors qu’il aurait pu creuser un crescendo très jouissif. "YES !" explique à lui-seul pourquoi j’ai utilisé le terme "kitsch" pour qualifier la musique du groupe : le refrain est presque parodique tant il est simpliste (spoiler : ça se résume grossièrement à répéter YES), et pourtant… bon sang, lui aussi il refuse de quitter mes pensées même plusieurs jours après la première écoute ! "Shadow Boxer" dispose lui aussi… roulement de tambours… d’un refrain qui transpire la motivation, la puissance et l’earworm. Peut-être le plus fracassant de tous en vérité. Et en haut du podium en termes d’hymnes de stade (et pourtant, quasi l’ensemble des onze titres pourraient être qualifiés de la sorte). "Ride Faster" débute sous des allures presque vidéoludiques, annonciatrices de l’énième rouste qu’on est sur le point de se prendre. Un cri profond vient transpercer cette intro minimaliste, pour débouler sur un résultat toujours aussi éclatant… jusqu’à avoir un véritable crescendo ? Un deuxième, si peu de temps après le premier ? Et oui ! "Stars Are Holes" semble tout droit sorti d’un jeu Sonic de la première moitié des 2000s. C’est super positif, punchy et ça donne envie de foncer à toute berzingue. "Supercharged" est peut-être le titre un poil moins bon… Et c’est vraiment pour chipoter. Il reste efficace, grandiloquent et puissamment fragile, pour réemployer mon oxymore du début. Les instruments jonglent avec les tempos plutôt habilement, et cette classification de titre "le moins bon" reste très subjective.
Il reste alors "Deep Hood ", qui joue encore plus de ces variations de tempo pour alterner entre passages au calme et explosions fulgurantes, savamment amenées par une intro elle aussi plutôt grandiose et qui prend bien son temps pour tout faire péter. Et "1800 Nights", sous-forme de power ballad un peu langoureuse. Deux titres un poil plus oubliables eux aussi, mais qui brisent la routine, pour offrir une fin (légèrement) plus calme après une série de titres péchus et survoltés.
Malgré une fin un peu en deçà, ce deuxième opus de Moon Shot fait mouche. On aurait presque envie de le foutre dans le genre du power, mais en dehors de quelques envolées de guitare et d’un chant majoritairement clair et grandiloquent, les thèmes abordés et même la "couleur" de la musique diffèrent malgré tout fortement du style, aujourd’hui très codifié. On se contentera donc de dire que Moon Shot fait des titres qui font du bien, qui assument leur côté un peu niais pour nous offrir des chansons mémorables (qu’on le veuille ou non d’ailleurs) et efficaces. On attend une éventuelle suite avec grande impatience !