Genre : Metal parodique
Pays : Italie
Label : Napalm Records
Date de sortie : 06.12.24
Juste à temps pour les fêtes (contrairement à cette chronique), le dernier projet des rois de la blague de chez Nanowar couronne vingt ans de scène… avec un poil de retard, mais on ne lui en voudra pas, du haut de son triple album riche en goodies. La pièce de résistance réside clairement dans les deux premiers albums, signant un live d’anthologie comme il est de bon ton de le proposer pour célébrer un anniversaire. Le troisième comprend deux inédits, des reprises et plusieurs medleys, pour régaler les fans absolus en quête de leur dose de grosses vannes. Je n’ai été présent que pour un quart de leur parcours, correspondant à leur consécration à l’internationale avec leur premier album en anglais : "Stairway To Valhalla". Mais deux critiques et une interview plus tard, c’est quand même avec un peu de fierté et beaucoup de plaisir que je retrouve les Italiens, pour porter un toast à vingt ans de bêtise.
On y retrouve de tout sur ce disque, de prodigieux classiques modernes à de plus obscurs bangers des temps passés. Cela va de titres devenus iconiques dans leur répertoire, comme "Norwegian Reggaeton", "Uranus", "Gabonzo Robot" ou "Valhalleluja", à d’autres titres ayant dépassé leur italianité pour briller par leur son ou simplement par l’internationalité de leurs propos… "La Polenta Taragnarock" ou "V per Viennetta" notamment. On y rajoute quelques autres titres qui fonctionnent bien en mode "Tricycles of Steel" ou "Il Signore degli Anelli dello Stadio" et il n’y aura vraiment pas de quoi se sentir mis à l’écart même sans être très familier avec le pays de De Vinci. Mais en jouant à domicile, et avec une discographie très majoritairement chantée dans leur langue maternelle, le groupe se donne évidemment à cœur joie avec (vraiment !) beaucoup de titres qui perdent sans doute un peu de leur superbe face à un public plus global. Les deux albums live délivrent donc chacun un ventre un peu mou, où la musicalité seule ne sauve pas forcément des titres plus quelconques pour quiconque n’est pas armé pour comprendre la vanne.
Le troisième disque "bonus" sauve ces quelques écueils avec un peu de nouveauté… pratiquement un album entier un an seulement après "Dislike To False Metal !" "Stormwarriors of the Storm" ne surprend pas avec un tel titre : un morceau nerveux et épique au refrain bête comme tout, en pur Nanowar. "Helloworld.java" est du même acabit… un peu dommage, on aurait imaginé sortir la nintendocore de son cercueil pour l’occasion ! Mais ils se rattrapent avec "Afraid to shoot into the eyes of a stranger in a stranger land”… un long titre dans tous les sens du terme, qui parodie Iron Maiden avec un certain brio ! "Armpits of Immortals" fait de même avec Manowar, et c’est tout aussi bien fichu ! "Das Rote Pferd" est une grosse chanson à boire allemande, aussi fun et débile que ça puisse sonner ! "El Baile del Perrito" fait pareil avec la culture hispanique (je ne me risquerai pas à tenter de deviner laquelle) en y rajoutant des bruits de chien… Insupportable, mais totalement dans l’esprit du quintet évidemment. Mais alors la cover de Brassens ("Brave Margot"), c’était totalement imprévisible ! D’autant plus en français dans le texte ! Bien plus surprenant que celle des Vengaboys, qui poursuit ("We’re Going To Tortuga"). On termine en beauté avec une version japonaise de "Gabonzo Robot", la boucle est bouclée.
Dans le metal parodique, comme dans l’humour en général, toutes les blagues ne fonctionnent pas à chaque coup. Mais le plus important, outre le fait de faire marrer, c’est aussi de varier les plaisirs et de surprendre. Et Nanowar maitrise cet art à la perfection. Rien de plus étonnant donc que cette célébration de leurs vingt ans aille dans ce sens : c’est idiot, c’est très italien, mais ils auraient tort d’arrêter tant qu’ils parviennent à nous faire rire. Bravo les amis, et bonne année 2025 à tous !