Genre : Heavy Metal
Pays : Australie
Label : Massacre Records
Date de sortie : 30.06.2023
Je ne suis sans doute pas le premier (ni le dernier) à faire le lien, donc catapultons la blague d’emblée : non, Night Legion n’est pas l’enfant bâtard de Powerwolf. Ils officient dans le même genre et aiment bien les loups, mais les seconds viennent d’Allemagne, bastion reconnu du power, et les premiers d’Australie, dont la scène est plus diffuse (mais tout de même bigrement intéressante !). On ne les confondra pas bien longtemps de toute façon sitôt que l’on balance la musique : Night Legion est plus rétro, encore plus axé heavy aux relents épiques qu’un power grandiloquent, presque prétentieux et trop sérieux. Non pas que Night Legion relève de la grosse vanne bien sûr, mais son côté un peu kitsch et "à l’ancienne" est touchant et plutôt agréable, face à une scène power plutôt répétitive et prenant sa (ses ?) mythologie un peu trop à cœur.
On a tout de même du chant clair et des histoires fantastiques, hein ! Mais les ponts sont plus techniques, un rien moins clean, et plus dansants que lyriques. Les intros des différents titres, comme "Babylon Burns" font aussi plus poisseux, plus brute… Même si on revient très vite à du chant clair, étincelant même, pour des chansons somme toute lumineuses et inspirantes. Mais ça fait plaisir d’avoir une gratte un peu plus incisive, avec un peu d’effet, et pas sans cesse une masturbation grandiloquente visant à rivaliser sans cesse avec celui qui parviendra à parler de dragons avec le plus d’aplomb… Pas besoin, sans doute, de préciser que le power et ses clichés m’agacent aujourd’hui par leur surenchère ?
En ce sens, revenir à des racines plus heavy, même si elles aussi bien écumées au fil des ans, fait particulièrement plaisir. On peut faire du power totalement épique sans troquer pour autant sa puissance, son impact ! "Soaring Into The Black", troisième chanson du CD, constitue un excellent exemple. Qui oserait contredire l’étiquette "power" du groupe, face à ces refrains entraînants et hyper positifs (en contradiction avec le titre donc !) ? Cela n’empêche pas la guitare d’avoir du mordant, de s’acoquiner à quelques effets pour renforcer cette impression de piquant, sans toutefois basculer dans le hors sujet. Une sympathique entrée en matière, qui n’ira toutefois pas beaucoup plus loin. Le power restant le power, ça tourne tout de même vite en rond dans les thématiques et sonorités. "At World’s End" se démarque un peu par son intro toute douce, presque idyllique… qui déboule illico sur quelques beaux petits riffs puissants et ensoleillés. Ironique pour un tel titre ! Le refrain, citant simplement ce même titre, fonctionne bien aussi. Et ce ne serait pas un peu de violon que l’on entend là ? Le tout est plutôt grandiose, et pas de manière artificielle ! On doit aussi notifier le talent du duo de guitares autant que le chant de Louie Gorgievski. Formulaïque, c’est bien vrai. Mais bien fichu et vraiment chouette quand même.
Alors oui, tout n’est pas entièrement parfait naturellement. Somme toute, même s’il concocte sa soupe dans une vieille marmite, le groupe ne réinvente pas grand-chose avec ce deuxième opus. Je regrette aussi qu’il n’y ait pas un soupçon de violence en plus, un peu plus de férocité et de noirceur dans cet ensemble rétro. Mais sans surprise, je suis plus friand du style de Judas Priest que celui d’Iron Maiden… Cela reste un album de bonne facture. Pas révolutionnaire ni très audacieux, mais qui respecte son cahier des charges en maîtrisant de vieux codes pour un petit neuf-titres très agréable. Il n’en fait pas des caisses, et rien que ça, ça fait plaisir !