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Ale

PRIEST - Dark Pulse


Genre : Dark Synth Pop

Pays : Suède

Label : Blue Nine

Date de sortie : 31.05.2024

 

C’est un curieux hasard que deux de mes groupes préférés de tous les temps soient Priest et Judas Priest… sans qu’aucun des deux ne soit particulièrement religieux d’ailleurs. A vrai dire, je les aime tellement que je les ai littéralement gravés dans la peau, avec l’espèce de trident infernal pour le second, et le symbole alchimique représentant le chanteur "Mercury" pour le premier. C’est pourtant la toute première fois que je suis amené à chroniquer un nouvel album de l’une de ces deux formations, et ça me rend naturellement fébrile d’excitation, tant c’est un régal de suivre la progression millimétrée de Priest, et ses différents essais à chaque nouvel album.

Ainsi, le premier opus "New Flesh", était de la dark wave poétique, froide et chaude à la fois, mélancolique et à l’ambiance travaillée. L’EP qui a suivi, "Obey", propose certainement parmi les meilleurs titres jamais concoctés par le groupe à ce jour. C’est aussi le dernier avec le line-up originel (que je préfère, la voix de Tom Asberg alias Ginger Kahn étant douce comme de la soie). Mais alors qu’on était plus ou moins certains que Priest n’aurait pas les épaules assez solides pour se relever après une controverse à la Ghost (dont ils ne sont pas étrangers en plus), l’année suivante vous accueillir "Cyberhead"… à l’inverse : sans doute l’album que j’apprécie le moins de leur actuelle discographie. Il semblait en faire des caisses dans sa présentation, tout en ayant des paroles moins romantiques et plus désespérées. Il lui manquait de cette sensibilité glacée qui m’avait plu sur les deux premières sorties. Mais le tir avait été rectifié sur "Body Machine", scindé en deux entre titres résolument inspirés de l’EBM avec leur côté abrasif et l’usage d’enregistrements aux allures martiaux, et d’autres franchement dansants, presque bouillants. Deux albums vraiment top, un EP excellent, et un album plus bancal qui se casse les dents en voulant se montrer trop grandiloquent et cinématographique. Pas trop mal en sept ans à peine ! Quid de ce "Dark Pulse" maintenant, qui intervient un petit deux ans après son prédécesseur ?

Le premier single (qui est aussi le premier titre de l’album), "Burning Love", ne m’avait pas transcendé. Répétitif au point d’en devenir hypnotique, il semble tout droit sortir de l’album précédent. Mais il un poil trop safe à mon goût, même si son électronique foutraque et dissonante ne manque pas de charme !  Le troisième single ( mais deuxième titre de l’opus !),  "Black Venom" fonctionne mieux, sans qu’il ne fasse les choses très différemment. Lui aussi semble sortir de l’album précédent, mais son refrain diabolique est un pur earworm, et il gagne à faire ce que Priest fait de mieux : un mélange de froideur et de langoureux, pour des titres aussi inquiétants que quasi-érotiques. "Demon’s Call" fait lui aussi pensé à "Nightcrawler" de Body Machine, avec son rythme un poil plus doux, ses synthés distants, et son chant doux… Ce qui laisse presque croire que Priest a trouver son rythme de croisière, après des essais chaque fois différent sur chaque sortie depuis leurs débuts.

Et non ! "Dungeon Dance" est un véritable OVNI ! Envoûtant au possible, dansant à donf, il propose aussi un chant alternant entre une voix éraillée, presque parlée, et la douceur sensuelle habituelle. Un titre curieux, et probablement l’un des plus marquants avec "Black Venom" et "Your Devil" ! Ce dernier rappelle "Keep On Burning" de l’album précédent… Moins froide que les autres, la chanson invite à se trémousser sur le dancefloor, avec délicatesse et une cascade de néons évidemment !

"Golden Gate" est une nouvelle petite curiosité sonore, et un véritable retour à l’EBM ! C’est presque cacophonique, et toujours aussi hypnotique. On arrive enfin au second single, "Just A Game", et là encore : la boucle électro est répétée jusqu’à l’écoeurement, nous plongeant dans une drôle de transe mi-menaçante, mi-endiablée. "Enter Your Body" revient, en atteste son nom, à l’EBM bien mastoc et mécanique ! Encore et toujours : on pense à "Ghost Writer" de l’album précédent… ! En fait, on a même l’impression que ce "Dark Pulse" est la deuxième face d’une même pièce, "Body Machine" étant la première. Simplement, l’album est monté à l’envers : les titres dansants et lumineux se trouvent dans la première moitié, tandis que la seconde moitié propose de l’EBM bien froide et robotique. "A Demonic Game" ressemble donc à "Enter Your Body", qui lui précède, mais rappelle aussi un poil "Thieves" de Cyberhead ! "Chaos Reigns", contrairement à ce que son titre semble supposé, revient vers de la tendresse fragile. On croirait presque voir une fusion entre les fins des deux derniers albums, avec même un petit côté "Private Eye", discret.

Somme toute, ce quatrième opus du trio suédois est très similaire au troisième. Tellement en fait qu’on aurait bien du mal à les départager. Pop, sans être aseptisé ou facile. Créatif dans son avalanche d’électroniques, tout en rendant hommage au passé (le sien et celui des autres). Puissant tout en étant doux… On garde du Priest désormais totalement rodé. Bien sûr, on n’atteindra jamais le quasi sans-faute de "New Flesh", et ses sonorités paraissent désormais presque appartenir à un groupe totalement différent (ce qui n’est pas totalement faux). On salue le perfectionnement de la recette, mais on ne peut s’empêcher de souhaiter un nouveau parti-pris osé pour un futur disque, explorant une nouvelle branche d’electro à l’ancienne où le synthé est roi. Et aussi… un passage en concert près de chez nous, enfin !




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