Genre: Heavy/Power Metal
Pays : Allemagne
Label : Massacre Records
Date de sortie : 19.05.2023
Le gros heavy metal à l’ancienne jouit de deux avantages majeurs pouvant être perçus, parfois, comme ses principales limites. D’une part, le genre est si ancien (on parle de cinquante ans d’existence quand même !) qu’il regorge de groupes balayés par le temps, à la carrière longue comme éphémère. Débutée lors de l’âge d’or ou plus récemment, en hommage aux artistes pionniers dont les noms sont toujours respectés aujourd’hui. D’autre part, il y a un côté « réconfort » au genre, dont on attend toujours plus à moins aux mêmes éléments, mais qui précisément par ce côté prévisible offre une écoute sans prise de tête, et un plaisir simple mais sincère. On pourra alors reprocher au genre de ne plus évoluer beaucoup, ou aux groupes récents de reposer un peu trop sur leurs illustres idoles. Mais ce serait remettre en cause ce pour quoi on revient si souvent au heavy : on ne prend pas trop de risque, et en même temps c’est un véritable délice de pouvoir scander son amour du metal (au sens large) et de secouer la tête au rythme des soli les plus mélodieux.
Cette longue phase d’introduction sert principalement à vous avouer que je n’avais jamais entendu parler de Rebellion auparavant. L’Allemagne est un vivier de groupes mythiques (en atteste, entre autres, les deux big four : du thrash et du power, sans même évoquer toute la scène NDH), mais il faut croire que certains passent tout de même au travers des radars. Mais après une longue pause en termes d’albums heavy pour votre serviteur, il faut admettre que ça fait du bien de revenir avec un album de si sympathique facture.
Impossible donc pour moi de juger la setlist du concert capté sur cet album. Pas plus qu’il ne serait pertinent de jouer aux comparaisons (premier et seul album live du groupe, et aucun de leurs concerts à mon actif). Il faudra donc se contenter de ce premier contact, dont la teneur est plutôt positive. Le groupe semblant adopter la formule que je préfère : peu de blabla, place à la musique ! Seules quelques annonces de l’un ou l’autre morceaux viennent rappeler qu’on est là en plein live. On retrouve les éléments caractéristiques du genre, sans grande surprise : ponts mélodieux où la guitare crache ses poumons. Paroles simples et refrains entêtants. Et un côté grandiloquent, épique même parfois, vienne nous rappeler que le metal est aussi souvent du spectacle. Le premier vrai titre du set est tout un symbole, bien que la captation ne se soit pas faite en France : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Une devise dépassant bien évidemment l’hexagone pour une (et même plusieurs révolutions) ayant marqué la France, l’histoire et le monde… Pour un groupe littéralement baptisé « Rebellion », c’est peut-être facile, mais habilement mené ! « Sweet Dreams » qui survient juste après est plus musclé, plus teigneux, avec un chant lorgnant vers le growl lors de quelques passages clés. De quoi trancher radicalement avec « God Of Thunder », largement plus épique, presque un hymne de stade, avec un riff simple et diablement efficace. En quelques titres à peine, on saisit déjà tout le répertoire du groupe, brassant dans tous les râteliers du genre : de la mythologie (on retrouve « Odin » deux titres plus loin) à l’histoire (« Verdun », « The Clans Are Marching ») jusqu’à la lutte pour la survie, la colère face à l’adversité (« Born A Rebel », et le tristement actuel « Kiew »).
Ne boudons pas notre plaisir en revenant un peu plus en détail sur certains de ces titres : « Kiew » est un bonbon de force et de courage. Un titre mélodique et puissant sur une ville trop injustement ignorée jusqu’il y a à peine plus d’un an. « Letters Of Blood » est une machine, un gros pétard où la guitare prend des airs de tronçonneuse pour une série de riffs costauds et ouverts au moshing. Sans surprise, un titre comme « Born A Rebel » ne pouvait que s’illustrer par sa puissance, et surtout son pont incroyable rappelant certains des classiques absolus de mastodontes que l’on ne présente plus. Il n’y a pas à dire, si le genre peine (voire ne cherche pas) à sortir de son carcan célébré. Si Rebellion ne peut prétendre s’en affranchir et proposer quelque chose de réellement nouveau… Il le fait avec tant de zèle, tant de plaisir qu’on aura bien tort de s’en priver. Oui, ce « X-Live in Iberia » ne révolutionnera pas le genre. Pire : il risque tout à fait de repartir dans la (très) riche discographie du heavy metal, même avec sa qualité. Il revient donc à vous de lui donner une vie…