Genre : Fuzz Rock
Pays : Afrique du Sud
Label : Sound of Liberation Records
Date de sortie : 04.10.2024
La première comparaison qui m’est venue en tête en lançant cet album de Ruff Majik c’est… Shaka Ponk. Ces derniers sont un peu plus éclectiques là où Ruff Majik est plus focus, et Shaka Ponk est très largement plus engagé bien sûr. Mais entre le timbre de la voix (qui me rappelle un peu Whitfield Crane d’Ugly Kid Joe aussi, surtout sur la plage tutélaire), le style de chant et l’énergie foutraque déployée au gré des dix titres, il y a quand même quelques liens à faire entre les deux formations. Ruff Majik est aussi plus jeune, mais affiche son énergie créatrice juvénile en sortant ce Moth Eater moins de deux ans après Electrik Ram… lui-même sorti après une période (post) covid déprimante, alors que le groupe paraissait inarrêtable, en sortant trois albums en autant d’années. Cela nous laisse quand même avec pas moins de cinq albums en six ans finalement… une belle performance ! Mais il vaut quoi ce Moth Eater ?
Le plus soulignable c’est à quel point Ruff Majik maitrise son groove. La vaste majorité des titres coulent dans nos oreilles sans peine, malgré leur punch et leurs sonorités volontiers abrasives. Suffit d’écouter la gratte sur "Cult Eyes" : quelle boucle ! A la fois lancinante et presque "monstre de foire" dans son ambiance, elle garde pourtant un hook terriblement efficace. L’autre point fort de l’album, c’est sa diversité bien dosée. Nous ne sommes ni sur un album qui part dans tous les sens, ni sur un album où tous les titres se ressemblent et peuvent s’écouter d’une traite, presque sans en prendre garde. Ici, on a des percussions plutôt chouettes et surprenantes sur "By The Hammer" et le début de "Ingozi", ce dernier étant assurément mon favori de la galette. Dommage que ces percus disparaissent assez vite, au profit toutefois d’une guitare funky à fond et du plus bel effet. Mais ce n’est pas tout : les titres plus lents et plus ambiants comme le lugubre "We’re Not Out Of The Swamp Yet", aux atours presque horrifiques, mais aussi "Wasted Youth", qui parvient à être mélancolique et émouvant tout en ne cédant pas sa puissance. "Baby’s First Guillotine" (quel titre… !) n’est pas aussi sinistre que "We’re Not Out…", mais il surenchérit en force de frappe. Le titre avance d’un pas bien bien lourd !
Sortir cinq albums en si peu de temps, c’est déjà une prouesse. Qu’ils parviennent à éviter la redite ou la baisse de qualité l’est encore plus. Allez-y sans crainte… Ruff Majik ne se pose pas la question de la qualité ou de la quantité, et nous offre la chance d’avoir les deux !