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Ale

SANG FROID - All Nighter



 

Genre : Cold Wave / Goth Rock

Pays : France

Label : Frozen Records

Date de sortie : 03.11.2023

La plupart des genres musicaux ont eu leur âge d’or, aussi confidentiel qu’il ait pu être. Cela n’exclut pas l’existence de groupes-hommages récents de grande qualité, pas plus qu’il n’est impossible pour l’un ou l’autre style de connaître un second souffle, comme c’est le cas depuis quelques années avec le thrash metal. En tant que gros keupon, je connais plutôt bien ce phénomène, et les débats sur la date de décès du genre (voire du mouvement entier) sont aussi nombreux que vides de sens. Certains prétendent que le punk était déjà mort en 1977. D’autres qu’il subsiste. D’autres encore diront que le post-punk a été son évolution… D’où le nom. En matière de gothiqueries toutefois, je suis généralement plus facilement d’accord avec l’idée que depuis la fin des années 1980… On a quand même perdu en superbe. Et si certains projets existent toujours (Die Form, Sisters of Mercy, …) et d’autres s’y sont adjoints avec pas mal de brio (Kaelan Mikla, Lebanon Hanover, Linea Aspera, VR Sex…), il faut quand même avouer que les musiques sombres ne sont pas vraiment pareilles qu’il y a quelques décennies.

Sang Froid rentre dans l’arène, et je n’en attendais pas grand-chose. J’avais au contraire peur d’un énième exemple d’artiste prétendument "gothique" par le simple fait d’user de son spleen pour écrire ses textes. Ou parce qu’ils portent du noir. Mais je me trompais, tant le quatuor semble sorti tout droit de la grande époque. On débute avec "Proudly Ruining Yourself", dont le clavier sautillant fera invariablement penser à toute la scène dark wave, précédée de longue date par le maître Carpenter… Il y a un côté film d’horreur bien flashy des 80s, ça c’est clair ! La voix est grave et caverneuse ? PAR-FAIT ! L’électronique transforme son ambiance lugubre pour se greffer aux instruments et proposer un beat drôlement dansant ? Impeccable. Le cahier des charges est respecté à la lettre… et ça fait très plaisir ! "Eternal Night" qui suit est assez similaire dans sa construction, avec ce mélange de fragilité et de groove. Idem pour "Lymphatic", dont on saluera néanmoins le refrain simpliste et pourtant épique, ainsi que son solo ! Si le projet est "né en hiver", comme ils le prétendent, il conserve ce petit côté chaleureux qui lui donne plutôt des allures de grise nuit d’automne, passée confortablement chez soi à regarder la pluie.

Impossible de passer sous silence, pour mieux vous illustrer cet exemple, les deux titres plus calmes de l’opus : "House of Resignation" et sa guitare minimaliste et répétitive associée à une voix plus langoureuse que jamais. C’est doux, puis explosif… Tandis que "Nightline" est sans doute le titre le plus atypique de cette galette très homogène et maîtrisée. On est sur du pur instrumental, avec l’apparition d’un petit piano qui, certes, ne réinvente pas la roue… Mais qui offre un passage fragile comme du cristal, mélancolique au possible. Après cette ribambelle de titres froids, mais qui bougent… Cela détonne très fortement, de la meilleure manière possible ! La présence grandissante de chacun des instruments, s’ajoutant petit à petit de manière discrète, est absolument parfaite, et donne l’impression qu’un drame vient de se produire… ou se prépare. Un ultime aparté avant le bouquet final.

OK, je dois me retenir de vanter tous les titres, mais ce serait dommage de passer outre "Grace & Doom" et son ambiance presque mystique, sa grandeur, son refrain puissant et endiablé. Tout ça pour dire que cette première mouture de Sang Froid fait très forte impression. On est loin de l’hommage opportuniste ou peu inspiré. Ils ont tout compris et nous l’affichent avec un exemple de goth rock moderne à faire pâlir (ha ha !) les pontes du genre. On a hâte de les retrouver !




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