Genre : Industrial prog
Pays : Belgique
Label : Independent
Date de sortie : 29.02.2023
En Belgique, on n’a pas trop d’indus, mais on a de l’EBM. Ce n’est pas exactement pareil, mais le second a pas mal influencé le premier dans les années 90. Il parait donc un peu étonnant que si peu d’artistes semblent avoir suivi la voie jalonnée par nos chers comparses de Front 242, ou alors ils n’ont clairement pas eu la même chance que les pionniers. Que vaut donc Sister May ? Peut-on espérer quelque chose d’un peu différent que la même soupe prétendue "indus" qui a remplacé l’originalité mécanique et craspec d’autrefois ?
Alors clairement, l’album surprend… parce qu’il ne sonne finalement pas très indus. Le premier titre, "The Floater", fait presque penser à du stoner plutôt ! Pas un mal en soit, la guitare distordue et planante ça fait toujours plaisir, mais ça désarçonne un peu ! "Headshot" procède au même système étrange : un début aux allures d’indus typée 90s, pour ensuite basculer vers du rock plutôt classique, au chant clair et à l’ambiance plutôt triste. Lorsque "Dust Devil" se lance, j’en viens à me dire qu’on m’a juste menti sur la marchandise, et qu’il vaut mieux considérer cet opus en dehors du carcan strict d’un genre spécifique. La teinte très sombre et l’ambiance du morceau valent vraiment la peine en dehors de ça, notamment les petites touches électroniques et la voix caverneuse... comme un petit bonbon bien citrique ! "Guts" revient vers une approche très stoner avec sa grosse guitare pleine d’effets. Le titre possède un chouette groove, et un refrain tout aussi sympathique ! Une belle cartouche nostalgique, avec même un (trop) court break doucereux. Clairement mon titre fétiche de la galette ! "Borderline" débute avec une batterie bondissante qui interpelle. La basse qui l’accompagne est toute timide, et la guitare semble réapparaître uniquement par à-coups… pour un drôle de jeu de rythmes. Surprenant ! En tout cas dans sa première moitié… la seconde était plus sobre, en mode "pas lourd et lent" pour un titre très moody. L’espèce de "fausse fin" vers 3 minutes contribue encore à notre étonnamment. "Sworn" repart sur une base de spleen avec une guitare plutôt créative, et à nouveau un groove plutôt savoureux ! Et là, on croit percevoir un peu plus d’indus ! Avec cette espèce d’alarme venant déchirer le morceau vers sa moitié… C’est sympa, presque vidéoludique même, tant on la croirait sortir d’un vieux jeu arcade des 90s. "The Kneep" représente le titre à la fois le plus calme et le plus énervé de l’opus, tant le chant parait simple et délicat avant de partir en bon gros screamo des familles ! Toujours avec cette rythmique donnant l’impression d’une course-poursuite. Avec un très chouette final aussi ! "Dope" est peut-être le titre qui ressemble le plus à de l’indus (aaah !) moderne (oooh…), même s’il a d’autres atouts pour se démarquer : une alternance de rythmes étonnants, avec des effets qui le sont tout autant. Même la basse parait bizarre ! Pour un titre lorgnant entre les salves explosives, les moments de chant plus calmes … et un dernier tiers abrasif, où les instruments semblent joindre leurs forces au milieu de sonorités électroniques cacophoniques. Un passage pratiquement breakcore, aux allures de séquences d’autodestruction.
Un bien curieux album donc, qui semble se nourrir de plusieurs références très disparates. On comprend que le genre qui lui est attribué paraisse un peu usurpé : il est plutôt inclassable finalement. Mais on appréciera cette versatilité et ces petites touches créatives.