Genre : Metal Indus
Pays : Allemagne
Label : Metalville
Date de sortie : 26.07.2024
Avec les années et les chroniques, je m’étais fait à l’idée que le metal indus moderne ne parviendrait sans doute plus à me satisfaire comme à l’époque où je suis tombé amoureux du genre. Même au sein des berceaux de l’indus que sont l’Allemagne et l’Amérique du Nord, aucun groupe n’a réellement su me charmer au cours des deux dernières décennies. Comme souvent, les artistes récents se contentent d’imiter leurs glorieux aïeuls sans jamais les égaler, donnant l’impression d’écouter du Rammstein frelaté (coucou Stahlmann et Schattenland) au mieux, et du metal avec des petits effets timides au pire. Même chez les pionniers, on se retrouve avec de l’indus appréciable, mais ronflant, souvent édulcoré ou tout du moins "évolué" dans une version plus sage, plus classique, perdant le côté expérimental et foutraque des débuts. Là encore, on pense à Rammstein… Mais aussi à Ministry, dont les deux derniers albums se contente de faire le café. Eisbrecher ou Turmion Katilot promettaient beaucoup à leurs débuts, avant de sombrer dans les mêmes travers. Seul KMFDM trouve encore mes faveurs, malgré une discographie en dents de scie, et c’est souvent dans l’electro qu’il me faut chercher ma dose d’indus (Minuit Machine, Horskh, Priest et ses relents d’EBM… entre autres)
Il aura donc fallu atteindre les abysses et le défaitisme pour trouver une petite lueur d’espoir chez nos voisins allemands. Car Soulbound, sans revenir aux délires énervés des débuts d’Oomph!, n’utilise pas le préfixe "indus" comme un simple gadget. "Burn" se contente d’être un sympathique morceau furax, mais "Forever In The Dark" semble presque sortir d’un album d’Assemblage 23 (notamment "Mourn" ou "Bruise", si ça vous parle). Un morceau lumineux et puissant à la fois, incorporant un peu de fragilité dans un écrin épique. "Insane", se rattache entre les deux titres, joue un peu ce rôle de jonction justement : il est tout aussi sombre et musclé que "Burn", tout en s’acoquinant d’un peu d’électronique et d’un refrain clair et efficace. "Saint Sinner" joue aussi la carte du refrain accrocheur, et incorpore une touche électro plus incisive, contribuant beaucoup à l’atmosphère du titre. "Lioness" est plus mélancolique, une bonne power ballad qui n’est ni trop mièvre (coucou Rammstein encore une fois), ni trop quelconque. "Heartless" est une autre ballad, prenant davantage son temps en ne jouant pas trop sur le tempo… elle en perd un peu en efficacité, en n’explosant jamais réellement, mais elle n’est pas déplaisante. "Isolate" commence à être un peu répétitive en réemployant la même recette, mais n’est pas déplaisante non plus. On retrouve le côté "Assemblage 23", en plus féroce. "Remain", divisée en deux, est pas mal non plus. Encore une ballad, qui alterne entre chant clair et screamo. La première partie est une simple mise-en-bouche, pas mal mais convenue. La seconde est une cartouche de sept minutes, disposant d’une longue intro minimaliste, calme et menant doucement vers la puissance fragile.
Somme toute, cet "ObsYdian" reste imparfait. Il manque de diversité et d’expérimentation folle, l’aspect que je regrette le plus des débuts de l’indus encore très influencés par l’EBM. Il aurait gagné aussi à écrémer le superflus ("Heartless" est un peu en déca, tandis que la seconde partie de "Remain" se suffit à elle-même). Mais c’est tout de même un régal de dénicher quelques virtuosités à la guitare, et une electro toujours trop discrète, mais quand même un poil mieux utilisé que dans bien d’autres exemples. En espérant qu’un cinquième album parviendra à corriger ces quelques écueils.