Genre: metal prog/rock alternatif
Pays: France
Label: Tentacle Industries
Date de sortie: 12.05.23
Plusieurs anciennes chroniques rédigées pour d’anciens médias auront appris une chose au petit belge que j’incarne : la France est un régal en matière de groupes surprenants et très variés. Mes récentes chroniques pour Glabre et Novembre le démontrent encore. L’Hexagone ne met peut-être pas suffisamment en valeur sa richesse musicale, mais elle existe et elle est incroyablement polymorphe. Sunbeam Overdrive est sans doute un peu moins un OVNI que les deux exemples cités plus haut, mais ça reste un plaisir redoutable.
L’album débute par le bien nommé "Ascending" qui déjà sonne comme une promesse d’aventure et de qualité. Je marche sur des œufs en parlant de "sonorités orientales" comme si cela indiquait grand-chose… On dira que j’évite là de dire des âneries ! Cela se joint rapidement par des percus musclées, puis par une grosse guitare, elle-même complétée par des riffs caverneux et planants. Comme une façon de doucement nous dire, en un peu moins de deux minutes, de bien attacher nos ceintures car un voyage nous attend. Et quel voyage mes amis !
Trop bavard pour être rangé dans le post-rock, Diama en garde néanmoins plusieurs des codes, notamment et surtout ce côté éthéré, hors du temps et de l’espace, comme si nous laissions nos sens se disperser dans les confluents du cosmos. On pourrait y ajouter des morceaux plutôt longs (cinq minutes ou plus !) aux titres énigmatiques ("Slave To The Void", "Out Of Plato’s Cave"…), mais cela s’apparente finalement à pas mal de genres de rock planant, aux chansons techniques et étirées dans une architecture complexe et innovante. La plage tutélaire, attaquant directement après l’intro, démontre déjà toute la grandeur du groupe et de sa musique, et si toute la partie instrumentale pourrait tenir d’elle-même sans problème, le chant (avec même un peu de growl !) et cette guitare plus rugueuse confèrent une saveur particulière à l’ensemble qui est véritablement charmante. Le titre suivant ("Slave To The Void" donc) est encore meilleur : plus lourd encore, plus impactant, où l’on découvre pleinement les relents djent, placés adéquatement tout du long de l’album. Le tout s’achevant en beauté, en apothéose même, avec grandiloquence et force. Deux titres et déjà on est comblé !
On ne va pas tous les faire… D’une part pour garder la chronique digeste et d’autre part pour vous laisser quelques surprises. Mais évoquons encore quelques perles : "Crimson Stains" est peut-être le titre le plus enragé de la galette. Incroyablement véloce, suintant d’énergie, lumineux à crever… Il détonne pas mal du reste des onze titres, mais cette belle patate est un vrai régal ! "Out Of Plato’s Cave", leur deuxième single, ne manque pas d’adrénaline non plus, et rend la philosophie plus cool que jamais. "Hard Sun" est un autre joyau, et un classique du genre (le soleil et les astres en général, ça semble fasciner les artistes… et quoi de plus propice à des titres planants ?). Le titre est plus posé, avec une voix presque plus parlée, plus "grungy" ("Black Hole Sun" anyone ?), mais gardant son coffre grandiose, sa poésie rêveuse et ses riffs doux. Son break, semblant clore le morceau pour mieux le faire ressurgir, est minimaliste mais efficace au possible. Survolté, survitaminé, on n’aurait pas rêvé mieux pour clore l’album. Sauf qu’ils nous gratifient d’une petite "bonus track", baptisée "Fainted Core". Bien des groupes auraient repris un titre de l’album pour une version acoustique, mais pas Sunbeam… Qui nous gratifie d’un vrai onzième morceau, où l’acoustique ne donne pas l’impression d’une chanson désincarnée, manquant de piquant ou de chair. Si elle perd peut-être un peu de sa grandeur en tendant l’oreille, le groupe joue à nouveau avec tant d’énergie et de virtuosité qu’elle passe totalement crème lors d’une écoute continue. Loin d’être une fausse note après le prodigieux "Hard Sun", c’est presque un épilogue. La fin après la vraie fin. A la fois doux et lumineux… et frénétique et puissant. La synthèse parfaite de leur travail. En acoustique ? Même pas peur !
Et c’est leur premier album avec ça ? Bon sang les gars… revenez-nous vite ! Ce Diama est un vrai petit miracle.