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Ale

TANITH - Voyage


Genre : Hard Rock/Heavy Metal

Pays : Etats-Unis

Label : Metal Blade Records

Date de sortie : 21.04.2023

 

Baptiser son album "Voyage" n’a rien de très créatif., s’il s’acoquine bien au précédent opus de Tanith, tout aussi sobrement intitulé "In Another Time". Il peut effrayer ou rassurer, dépendant de votre appétence pour le hard rock à l’ancienne, dont les hommages ne manquent (mal)heureusement pas, quant il ne s’agit pas du millionième album d’un groupe refusant obstinément la retraite, pour la gloire du rock’n’roll… Évidemment !

Votre serviteur n’en est pas à son premier rodéo, ni à son premier album du genre. Et le tiraillement entre la lassitude face à ce qui s’apparente à "un peu toujours la même chose" et la qualité de ladite "même chose" reste bien présent. Ce serait comme expliciter la différence entre manger tous les jours la même chose, et manger tous les jours son plat préféré : sensiblement pareils, ressenti (on l’espère) différent. Le hard rock est un peu comme un plat préféré : peu de surprises, mais difficile d’y rester insensible lorsque c’est bien fait.

Mais c’est un choix pleinement assumé par Tanith, dont la courte histoire déjà faite de galères (formés juste avant la pandémie, guitariste qui se barre… la routine) aide, bien malgré eux, à les rendre sympathiques. Ils marquent aussi deux points faciles grâce à l’usage discret de reverb (mon précieux !) et un duo de voix, masculin et féminin, qui match particulièrement bien… Même si Cindy Maynard donne un peu plus de voix que Russ Tippins, pour un résultat au top. Leur musique fleure bon le soleil américain et les road trips, avec des titres faciles d’approche, mais ne lésinant pas sur leur groove et leur patate. On y retrouve aussi l’attrait, l’amour-même des groupes de l’époque pour les sujets cosmiques et fantastiques : "Falling Wizard", "Architects Of Time", "Seven Moons"… On n’a peut-être pas la virtuosité de Buck Dharma, mais ce côté space-rock omniprésent est un vrai régal ! Ce "Architects of Time" est d’ailleurs LA pépite de l’album en mon sens. Son pont est parvenu à me surprendre par son arrivée, tandis que le chant et sa répétition du mot "time", comme perdu dans le temps (ha ha) et l’espace, confèrent un côté mémorable, puissant, urgent presque à la chanson. "Olympus By Dawn" est un autre bel exemple du chant de Mme Maynard, avec une atmosphère cette fois plus onirique, plus éthérée, comme si on allait titiller le psyché sans pleinement s’y engouffrer. "Adrasteia" surprend encore : après un court chant, on bascule presque dans le punk ! Clairement le titre à gros slams de l’opus… Qui pourtant se termine par presque trente secondes de minimalisme, un grand calme comme pour reprendre doucement nos esprits après la bonne baffe qu’on vient de se prendre (et celles qui nous attendent).

C’est loin d’être tout cela dit. "Mother Of Exile" est à nouveau véloce et bruyant, et horriblement efficace pour nous mettre dans l’ambiance, avec son prérefrain lancinant… Suivi de son refrain tout en légèreté, pour mieux impacter quand arrive la purée. Et c’est peut-être ce que le groupe fait de mieux (et de plus osé) : le jeu entre les rythmes, nous emmenant souvent là où on ne l’attend pas, basculant vers le calme quant on attend le vacarme. Blastant de pleine force lorsqu’on croyait un peu de répit. Et puis parfois un "rythme de croisière", où l’on savoure simplement le judicieux déroulé d’une track comme s’il s’agissait d’une aventure. OK, on avoue… Entre le retour dans les 70s, l’ambiance road trip et la tête dans les étoiles, on se dit qu’il n’a pas volé son titre de "Voyage" celui-là !

Quelques mots encore pour les titres restants : ils sont un peu moins intéressants et diversifiés que les deux premiers tiers de l’album. "Seven Moons" est le titre le plus long de l’opus et ne manque pas de groove, de punch et de scénario. Mais hormis un long break (presque trois minutes !) venant couper le rythme du morceau avant de nous livrer le bouquet final, il manque d’un petit peu d’épices pour le rendre absolument mémorable. "Flame" dégouline de soleil et de bonne humeur, il est bon mais sans plus. Enfin, "Never Look Back", deuxième titre le plus long avec ses 5’45’’, laisse la place aux instruments seuls pendant sa première minute, pour ensuite conserver un groove aguicheur et un message doux-amer, classique mais réconfortant.

Alors Tanith est peut-être l’exemple parfait du long paragraphe d’intro : rien de neuf sous les tropiques. Rien qui n’ait déjà été entendu des dizaines, des centaines, peut-être des milliers de fois. Mais merde, si on ne peut s’empêcher de taper du pied et de rouler des épaules lorsque le genre revient nous quémander son amour, tel un vieil amant vers lequel on revient sans cesse… Peu de surprises, mais un confort maximal. Tendez-lui une oreille, même pour une dernière nuit… Amenant invariablement la suivante. Et avec tant de brio, tant de bonnes idées mélangées en un tout cohérent et généreux, il serait dommage de faire les snobs.


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