Genre : Stoner
Pays : Italie
Label : Subsound Records
Date de sortie : 26.01.2024
Ce curieux titre d’album n’a pas de quoi étonné le fan de stoner, habitué à des titres souvent cryptiques pour des morceaux voulus comme hypnotiques. Puis on apprend qu’il signifie "lumière" en arabe et que ce premier album est en réalité dédié au peuple Palestinien. Et si le geste est beau, on se questionne tout de même de ce que cela peut signifier pour un premier album, entièrement instrumental de surcroît. Maintenant que le décor est planté cela dit, on peut se focaliser pleinement sur la musique, qui plaira assurément comme souvent chez la très vivace scène italienne, très généreuse en projets où la musique nous fait voyager, tous genres confondus (post rock, stoner, prog…)
"Selk’nam" débute avec un groove moody et un peu sautillant, presque western. Avant d’y accoler une guitare truffée d’effets, bien naturellement. Le morceau gagne en ampleur, allant crescendo vers un son plus caverneux, comme pour servir d’intro savamment dosée au reste de la galette. Dire que l’album est instrumental n’est pas totalement vrai, en atteste les passages enregistrés sur le titre éponyme… On devine des conversations militaires stratégiques, mieux comprises par le contexte entourant l’album. Cela occasionne une nouvelle intro (après le premier titre servant d’intro donc) prenant bien son temps pour poser son ambiance cosmique, jusqu’à se rendre compte que ce rythme mécanique et doux est en vérité le corps entier du titre. Qui ne devient pas bêtement répétitif et encore moins ennuyeux : sa deuxième moitié se muscle et affiche des instruments plus francs et puissants. La transition avec le troisième morceau (étonnamment nommé "Due") est impeccable, et on retourne à un rythme plus machinal, mais plus costaud. Là encore, les passages enregistrés ponctuent tout le morceau, renforçant l’idée que "An-Nûr" et "Due" forment les deux faces d’une même pièce, bien que ce second titre parle italien plutôt qu’anglais. Sa guitare est fracassante et délicieuse ! "Tredici" débute avec une atmosphère sombre et lugubre, où l’on croit entendre des enfants jouer au loin… alors que c’est cette fois de l’arabe que l’on entend au premier plan. Le morceau lui-même repasse à une ambiance très douce, presque contemplative… vous vous en doutez, l’accalmie ne dure qu’un temps, et se retrouve rapidement remplacée par un retour d’instruments vengeurs.
Le processus devient une simple formule : "Solaris" débute lui aussi dans le calme, avec des sonorités lointaines et envoûtantes. On est presque dans le registre du rêve… Jusqu’à revenir vers un peu plus d’impact, ça va de soi. Mais le titre reste mélancolique, lancinant, avec un pas lourd. On est pour le moment sur un premier album plutôt bon, mais assez classique dans l’ensemble. Mais c’était sans compter l’arme secrète du trio italien : un ultime morceau de presque un quart d’heure baptisé "Ayahuasca", qui synthétise tout ce qui a été vu jusqu’ici. Un rythme répétitif et planant, des extraits à peine audibles tant la distorsion les avalent, et une alternance de douceur et de fracas. Une très généreuse façon de clore un album en beauté, sans se rendre compte que près de quatorze minutes se sont écoulées, déployant une véritable aventure sonore face à nos petites oreilles…