Genre : Doom Psych / Prog Stoner
Pays : Pologne
Label : Napalm Records
Date de sortie : 27.10.2023
"Tortuga" est un de ces OVNIs dont je raffole. Le genre de groupe qui parvient à surprendre constamment, y compris sur un même album, avec des sonorités audacieuses. Que dire par exemple des curieux extraits espagnols sur "MALACA" par exemple ? Ce même morceau qui comprend aussi une inquiétante voix robotique… Que dire du bien-nommé « Interlude », en plein cœur de l’album, qui est tout doux et minimaliste, presque féerique même ? En lisant la case "genre", on est en droit de se demander si ce gros patchwork ressemble encore à quelque chose… Et bien non seulement oui, mais en plus il jongle avec les styles plutôt bien ! Même si cela veut forcément dire qu’on appréciera plus l’un ou l’autre titre vis-à-vis du reste.
A titre personnel, le bien long et moody "Laspes" remporte aisément la palme. Il est tendre et contemplatif, jusqu’à se parer de couleurs plus noires et glauques en moitié de parcours. Une voix caverneuse vient déchirer une nuit sans nuages, la guitare devient lente et saturée… Et les paroles robotiques sus-mentionnées viennent déjà pointer le bout de leur nez. Le tout se clôturant comme un mélange de tout ce qui nous a été présenté, avec quelques riffs calmes et glorieux accompagnant une instrumentale lourde comme un tank et froide comme la Pologne natale de notre groupe du jour ! Dans le même esprit, on soulignera "Epitaph", qui débute aussi dans le calme minimaliste déjà apprécié sur "Interlude". Le groupe ne nous fait pas la grâce d’un titre entier dans ce calme olympien, et bientôt les instruments s’alourdissent encore… cette fois dans un bourdonnement mélancolique, complété par des paroles et un chant lui aussi pratiquement résigné. Loin du calme après la tempête, le titre semble finir l’album avec tristesse, mais aussi beaucoup de beauté et de poésie. Citons enfin "Lilith", plus dramatique, presque lyrique. Répétitif, et donc forcément un chouïa hypnotique, le morceau se pare d’un sale groove qui tache dans son dernier tiers, adjoint d’une petite mélodie fort sympathique, s’éclipsant peut-être un peu trop vite pour qu’on puisse pleinement en profiter.
Les chansons restantes, "Init" et "Quaus" n’ont pas de travers particuliers, et elles vous plairont potentiellement davantage que mes propres choix. Le premier est une belle entrée en matière, avec un chant aux allures d’incantations, et une ambiance plutôt sinistre. "Quaus" débute avec l’intro la plus épurée possible, c’est presque du drone ! Et lorsque le titre débute vraiment, on retiendra cette batterie allant au pas de marche, répétant inlassablement les mêmes mouvements pour un aspect presque militaire. Du bel œuvre aussi… Mais je préfère le côté onirique des titres plus calmes !
Il reste que cet "Iterations" en a sous le capot, et s’amuse de nous prendre à revers en variant les plaisirs. De notre côté, on a leurs deux premiers albums à rattraper. Mais il semble que ce troisième opus n’est pas une mauvaise porte à emprunter pour découvrir le quartet.