Genre : Thrash Metal
Pays : Allemagne
Label : Metal Blade Records
Date de sortie : 12.04/.2024
Découvrir une "nouvelle" formation thrash (on en est au quatrième album quand même !), allemande de surcroît, me rempli autant d’enthousiasme que de craintes. D’un côté, c’est rassurant de voir que la relève est clairement assurée, avec sans cesse de nouveaux venus pour faire perdurer la longue tradition du genre. D’un autre, ça devient un peu déprimant de voir que cette nouvelle génération (qui a parfois 20-25 ans de carrière sous la ceinture tout de même) peine autant à sortir de l’aura de leurs glorieux aïeuls, toujours présents et actifs pour la majorité d’entre eux. C’est d’autant plus flagrant pour l’Allemagne, comportant une pelletée d’artistes de renom, ayant contribués à façonner le genre. Lire que Vulture rend hommage à Exodus, Slayer et Metallica étonne un peu, alors que leurs compatriotes sont quand même Sodom et Kreator ! Mais le résultat est le même : rendre hommage à ce qui a déjà été fait est une excellente chose… mais quid du neuf ? En majorité, les nouveaux groupes font quand même plutôt du vieux avec du vieux !
Alors bon, on crève l’abcès tout de suite : Vulture n’a pas prétention de fusionner le thrash avec un autre genre incongru. Ils se revendiquent "à l’ancienne" et ça peut clairement plaire à un certain public. Et lorsque c’est bien fait… c’est mon cas aussi ! "Screams From The Abattoir" débute les hostilités de très belle manière, et nous gueule dessus sans préliminaires. Toujours un régal lorsqu’un album de thrash annonce la couleur ! C’est brutal, c’est effréné, c’est puissant, et le chant caverneux partant souvent dans les aigus est du plus bel effet !
"Realm of the Impaler" est un chouette bouffée d’air frais, thématiquement parlant. C’est plutôt fun de faire l’éloge du comte Dracula dans un pétard musclé comme une chanson thrash ! Et le titre, comme chacun de ceux de la galette finalement, est une vraie bombe puissante et dévastatrice. Et avec un chouette final aussi, full instruments. "Draw Your Blades" et son intro tonitruante mérite d’être soulignée aussi : une vraie ruée, avec un leitmotiv préparant au combat ! Là aussi, c’est un classique des classiques, mais on peut saluer Vulture pour ne pas lésiner sur ses ponts… copieux, virtuoses et lourds comme des rangées de bulldozers ! Il y en a beaucoup à se mettre sous la dent, et ça tombe bien, puisque c’est probablement ce que j’aime le plus dans le thrash, avec la rage pure que le genre véhicule évidemment (et les deux n’ont rien de mutuellement exclusifs…). "Where There’s A Whip" est aussi soulignable, pour le chant absolument démentiel, presque démoniaque de Steeler. Mais aussi quelques chouettes démonstrations de skills de la part de Castevet et/ou Outlaw à la guitare.
"Der Tod Trägt Schwarzes Leder" aurait pu prendre le risque de faire usage de l’allemand pour pondre un texte ravageur avec une sonorité bien différente, puisque curieusement, le pendant metal du punk rock ne reprend pas vraiment la coutume de chanter dans sa langue maternelle pour cracher son venin. Mais le titre est presque instrumental, mais étonne par sa longue intro douce, presque délicate. Une accalmie appréciable juste avant "Death Row", qui remet les pendules à l’heure avec grand fracas… Les guitares bondissantes et tronçonnantes sur "Gargoyles" méritent une mention aussi, avec encore et toujours un côté plutôt grandiose et mélodieux dans les sons qu’elles développent. "Oathbreaker" est un boxon monstrueux, l’un des titres les plus frappadingues de la galette, et prometteur de moshpits bien douloureux. "Sentinels" est également un titre incroyable, au rythme fou, et où chaque membre donne tout ce qu’il a pour un titre absolument éreintant de force.
En somme, ce "Sentinels", en plus d’avoir un artwork absolument magnifique comme nombre de ses semblables, nous propose le luxe d’être certes une copie certes très classique de ce que l’on connait déjà depuis plus de 40 ans. Mais contrairement à d’autres qui seront tout juste sympathiques… Les Allemands s’imposent de la haute qualité, presque power par moment, et ne se limitant pas à de la rage folle, même si elle est offerte avec grande profusion. Quitte à écouter du thrash à l’ancienne, autant en garder que le meilleur. Et cet opus de Vulture en a clairement l’étoffe.